Vous êtes ici

L'emploi sur le quai d'en face

19 octobre 2012

Michel Chalot dirige Chalot Transport depuis 1978. (Photo Cuej/ R.D.)

 

Directeur d'une société de transport, Michel Chalot vient de recruter un jeune chômeur du port du Rhin en contrat d'apprentissage. Il fait partie des entrepreneurs du quartier qui participent au programme REVE.

 

«Quand on veut recruter, c'est pas la peine d'aller loin», lâche Michel Chalot, directeur de Chalot Transport. Son entreprise est l'une des dix implantées au Port du Rhin qui ont cru au REVE (Rapprochement entre les Entreprises et leurs Voisins pour l'Emploi). Un programme destiné à remédier à une incohérence géographique. D'un côté, 350 entreprises et 13 000 emplois, de l'autre un taux de chômage qui flirte avec la barre des 40%.

 

Initiée en juin 2011 par la Chambre de commerce et de l'industrie, et mise en œuvre depuis le début de l'année par la Mission locale et la Maison de l'emploi, le programme adresse en priorité aux chômeurs des quartiers du Neuhof et du Port du Rhin les offres d'emploi formulées par l'industrie portuaire.

 

A l'inverse des offres « classiques » confiées à Pole emploi, celles-ci sont envoyées directement à la Mission locale, à la Maison de l'emploi et aux différentes associations de quartiers. Lesquelles agissent ensuite de concert pour repérer les profils susceptibles d'y correspondre. Au total, le programme REVE a entraîné une «quarantaine de mises à l'emploi», d'après Patrick Roger le président du centre social et culturel du Neuhof. Des métiers qui ne nécessitent pas ou peu de qualification tels que manutentionnaires, préparateurs de commandes, chauffeur livreur, mais pour lesquels les employeurs peuvent proposer une formation qualifiante.

 

Depuis mai dernier, des visites d'entreprises ont donné lieu à la signature de différents contrats : neuf CDI chez Somes, spécialisé dans la manutention et le stockage ; quatre contrats de professionnalisation au sein de Rhenus Logistics et 14 stages répartis dans d'autres sociétés. Deux autres visites auront lieu avant la fin de l'année. L'une permettra de présenter la Compagnie des transports strasbourgeois et le métier de chauffeur-conducteur de bus.

 

Le mois dernier, Michel Chalot a recruté un jeune du quartier du port du Rhin en contrat d'apprentissage. Il proposera en février le même contrat à un jeune Neudorfois déjà identifié. Et concède avoir été impressionné par l'entoushiasme témoigné par les jeunes invités à visiter son entreprise :

 

 

Entretiens simulés, remises à niveau, c'est une véritable préparation sur mesure que concoctent la Mission locale et la Maison de l'Emploi pour aider les chômeurs à embrasser un métier. « Les jeunes sont parfois échaudés par les refus. Mais il ne faut pas trop les embobiner, ils sont prêts à entendre la vérité. L'important, c'est d'identifier leurs faiblesses pour les amener vers d'autres solutions », précise Sylvie Vigneron, chargée notamment d'encadrer les visites d'entreprises au sein de la Maison de l'Emploi.

 

«A priori, les entreprises n'ont aucun intérêt à recruter particulièrement ces publics-là, reconnaît Pascale Diebolt, de la Mission locale. Mais elles ont besoin de nous sur les métiers en tensions. Et sur des postes qui ne font pas rêver, elles ont parfois des difficultés à garder leur personnel sur la durée . Or ces métiers-là peuvent plaire à certains jeunes peu qualifiés.» C'était précisément le cas de la société Somes.

 

«Les entreprises du Port du Rhin ne participent pas au programme par bonne action. On ne leur demande pas un régime de faveur. Simplement de donner une chance à des publics éloignés de l'emploi», plaide quant à elle Sylvie Vigneron. Pour justifier sa participation au programme REVE, Michel Chalot parle d'abord de logique géographique, avant d'évoquer un devoir citoyen :

 

 

Reste que le travail ne s'arrête pas une fois l'étape de la mise à l'emploi franchie. «Ça m'est déjà arrivé d'aller chercher un jeune chez lui, un dimanche à 6h du matin. Que voulez-vous, on a tous été jeunes. Il faut juste qu'ils comprennent que s'ils ratent leur formation, après c'est fini.» Même son de cloche chez Pascale Diebolt : «Ce qui nous intéresse avant tout, c'est le maintien dans l'entreprise», insiste-t-elle. Pour l'instant, il n'y a eu aucun abandon. Seulement quelques réajustements. C'est remarquable avec les publics de ces quartiers».

 

Aucun objectif chiffré d'embauches n'a été assigné au programme REVE. «C'est un premier départ, estime Patrick Roger. On s'organise pour que d'autres entreprises adhèrent au programme.»

 

Rémy Dodet

 

 

 

Imprimer la page