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La fidélité de quartier, c'est difficile

11 octobre 2012

Katia, gérante de la bijouterie Le Sablier, propose régulièrement la carte de fidélité Neudorfidé à ses clients. Et elle la possède elle-même en tant qu'habitante du quartier. (Photo CUEJ/ Adriane Carroger)

 

Depuis 18 mois, les habitants du quartier se voient proposer par leurs commerçants la carte de fidélité Neudorfidé. Elle est valable dans tous les magasins partenaires. Une manière d'inciter les habitants à consommer local.

Voilà un an et demi que la carte de fidélité Neudorfidé intercommerces, à destination des habitants, a été lancée dans le quartier. "Une réussite" pour le directeur de l'Amicale des commerçants détaillants et Artisans du Neudorf (ACDAN), Franck Dautel, qui espère voir le dispositif s'étendre à une cinquantaine de commerces courant 2014. Du côté des commerçants pourtant, il y a les convaincus et les sceptiques.

Actuellement, le site internet de l'ACDAN recense 37 partenaires, et 2000 clients auraient franchi le cap en achetant la carte d'un montant de trois euros. "200 communes en France utilisent une carte similaire à la nôtre, c'est un outil innovant. C'est une manière pour nous de montrer que même dans une période de crise économique, les commerces agissent pour le développement de leur quartier", explique Franck Dautel.

Le principe de la carte est simple: le commerçant fait une remise de 3% à 10 % sur présentation de la carte Neudorfidé. La remise se traduit en euros qui sont cumulés sur la carte. Le client peut alors dépenser les sommes qu'il a gagnées dans les commerces partenaires qui se situent dans leur majorité avenue du Polygone.

Tous les secteurs d'activités participent: droguerie, restaurant, bijouterie, fleuriste, opticien... A la grande satisfaction des clients selon les commerçants... quand ils connaissent cette initiative car il semblerait qu'après 18 mois de mise en service, la carte Neudorfidé souffre du manque de notoriété. Marie la possède depuis six mois: " C'est mon commerçant qui me l'a proposée sinon je n'en aurais rien su. Parfois, je peux cumuler jusqu'à dix euros entre l'achat d'un bouquet de fleurs, de produits bio et d'un passage à la parapharmacie", raconte t-elle.

Une carte qui a dû mal à s'imposer

Du côté des commerçants, il y a les convaincus de la première heure et ceux qui n'y voient pas une grande utilité. Pour Katia, gérante de la bijouterie-horlorgerie Le Sablier, cette carte "permet vraiment de fidéliser la clientèle". "J'effectue une remise de 3% sur tout, qu'il s'agisse d'une réparation, d'une vente ou de l'achat d'un article. Je trouve le concept sympa, contrairement à la carte de fidélité classique, la carte Neudorfidé n'oblige pas le client à faire ses achats dans la même boutique. Je trouve que c'est important qu'entre commerçants on se serre les coudes."

Même son de cloche du côté de la bijouterie-horlogerie Fisher, même si pour la patronne, "plus de magasins devraient jouer le jeu". Une divergence de point de vue avec son mari pour qui, la carte a plus de désagréments que d'avantages. "On nous avait dit que celle-ci nous ramènerait plus de clients, or ce n'est pas le cas. On a des frais pour l'utilisation du terminal bancaire (une puce a été ajoutée pour que la carte Neudorifdé soit lue en plus de la carte bancairendlr) d'une soixante d'euros par mois en plus, et bien sûr une compatibilité propre aux remises que l'on fait grâce à la carte."

En 18 mois, très peu de commerces se sont ajoutés à la liste initiale des magasins participants. Franck Dautel avance une explication:  "Il y a des commerçants qui veulent aller de l'avant, qui sont avant-gardistes, et puis il y a ceux qui sont conservateurs. Nous, à l'ACDAN, notre rôle est d'être un électron imaginatif. Plus il y aura de commerces adhérents, mieux ce sera. Après il y aura toujours des réfractaires à de nouvelles initiatives".

D'ailleurs, si les boulangeries du quartier avaient décidé de participer à l'aventure, seule une continue de prendre la carte. Les deux boulangeries Matter se sont retirées: "En plein rush, accepter la carte nous fait perdre beaucoup de temps: on doit rendre la monnaie ou passer la carte bancaire. Et ensuite, insérer la carte Neudorfidé dans le terminal, faire la remise... Ce n'est pas gérable", explique la patronne.

Pour la boulangerie La Place des Délices, les mêmes arguments sont avancés avec aussi un terminal bancaire défaillant qui, plusieurs fois, n'a pas fonctionné au moment de faire la remise. "On a laissé tomber et on a mis en place notre propre carte de fidélité", raconte la gérante. D'ailleurs, à la boulangerie du Schluthfeld, les patrons se laissent encore quelque temps pour réfléchir s'ils restent ou s'ils sortent du dispositif. Le directeur de l'ACDAN semble l'ignorer, vantant les mérites de ces boulangers qui participent à cette expérience et "où tout se passe très bien".

Adriane Carroger

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