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Les nouvelles règles sur les eaux usées passent sans faire de vague


13 février 2019

Le Parlement européen a adopté mardi 12 février un règlement sur la qualité des eaux usées. Objectif : encourager le monde agricole à s'en servir pour l’irrigation.

« L’Europe est menacée par la pénurie d’eau. Aujourd’hui 11 % de la population et 17 % du territoire sont en situation de carence hydrique. » C’est le constat alarmant que dresse l’eurodéputée italienne Simona Bonafè (S&D, sociaux-démocrates), rapporteure du texte visant à garantir la propreté des eaux usées traitées, largement adopté mardi 12 février par le Parlement européen. Issue « d’une bonne coopération entre tous les partis », pour l’eurodéputé espagnol Francesc Gambus (PPE, chrétiens-démocrates), la proposition a dépassé les clivages partisans tant la gestion de l’eau apparaît comme un enjeu vital dans un contexte de réchauffement climatique.

 

Dans le viseur des eurodéputés « l’immense gâchis » représenté par ces réserves non utilisées. « Sur les 6,6 milliards de m3 d’eaux urbaines traités et réutilisables, seul 1,1 milliard le sont effectivement », note le rapport.

La réutilisation des eaux usées est pourtant un objectif affiché par l’Union européenne depuis 1991 et l’adoption d’une directive relative au traitement des eaux urbaines. Mais 28 ans plus tard, ces eaux issues de la consommation des particuliers (nettoyage, cuisine...) peinent à trouver preneur, tant les règles encadrant leur traitement paraissent floues. Résultat : les agriculteurs, qui doivent pourtant faire face à un accroissement des pénuries d’eau, rechignent à les utiliser. Beaucoup craignent une pollution de leur sol par des eaux mal traitées et une contamination de leurs produits.

Harmoniser les normes

« Il faudrait que les Etats membres renforcent les mesures pour réduire la contamination des eaux par d’autres substances, tels que les métaux lourds », explique Nenad Peric, conseiller environnemental pour la fédération des syndicats agricoles européens Copa-Cogeca. Mais la fédération admet néanmoins « que la réutilisation de l’eau est un outil crucial pour réduire la rareté de l’eau, s’adapter aux changements climatiques et, contribuer à la sécurité alimentaire ». Et soutient donc toute législation permettant son développement.

Le réglement adopté entend justement préciser les normes du traitement de l’eau en Europe. Jusqu’à présent, les pays européens ne s’étaient mis d’accord sur aucun processus de surveillance commun, rendant parfois difficile la vente en Europe de produits agricoles irrigués avec des eaux usées traitées. « Les règles sont très différentes d’un pays à un autre. Par exemple, Malte ou la Grèce n’ont pas de législation nationale claire », explique Bertrand Vallet, conseiller en charge de la recherche au sein de la fédération européenne des entreprises de l’eau (Eureau).

 

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