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Permis validé pour Schutzenberger

22 septembre 2015

Permis de construire validé moins d'un an après avoir été déposé. La brasserie Schutzenberger, fondée à Strabourg en 1740, revient à Schiltigheim, où elle était arrivée en 1866. Toute l'usine, dont certains bâtiments sont inscrits au titre de monuments historiques, ne sera pas réhabilitée, mais le projet prévoit une superficie suffisante pour relancer l'activité brassicole. 

Pas de mise en bière pour la Schutzenberger. C’est officiel, la mousse schillikoise revient se faire brasser dans les locaux historiques, rue de la Patrie, à Schiltigheim. Déposé le 1er octobre 2014 par l’actionnaire majoritaire « à 95% » Marie-Lorraine Muller, représentée par Elisabeth Monnin-Muller, le permis a été complété en février 2015 pour être signé par le maire de Schiltigheim, Jean-Marie Kutner, le 9 avril 2015. Aucun recours n’ayant été déposé contre le projet, les travaux devraient pouvoir débuter de manière imminente - à condition que le financement de l'opération soit bouclé.

« La présente demande de permis de construire concerne la réimplantation d’une activité brassicole au sein même des infrastructures existantes », précise le document. L’architecture est préservée, et la brasserie, fermée depuis 2006, n’est que réhabilitée. Pour que la bière soit de nouveau produite sur place (et non plus chez Licorne à Saverne), les bâtiments hébergeront une salle destinée au brassage et une autre à l'embouteillage.

Ces travaux ne concernent qu'une partie des 24 281 mde l’usine. Le permis autorise ainsi la démolition d’une « avancée » de 60m2 et la réhabilitation de trois bâtiments d'une superficie totale de 460m2.

En effet, des parties de l’édifice sont « inscrites au titre de monuments historiques ». Un statut qui ne permet pas à ces bâtiments d'être modifiés ou détruits sans une myriade d’accord et d’autorisations de la part de l’Architecte des bâtiments de France (ABF) et de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC). L'usine Schutzenberger avait d'ailleurs fait l'objet d'une « question prioritaire de constitutionnalité » contestant cette inscription. Ainsi, pour le site rue de la Patrie, seule la partie sud-ouest du terrain, le long de la rue des Chasseurs, accueillera la nouvelle brasserie Schutzenberger. Le reste est pour l’instant désaffecté, même si les projets de Marie-Lorraine Muller ne s’arrêtent pas à la reprise d’une activité brassicole. Plus tard, Schutzenberger se rêve hôtel, restaurant, voire même spa… 

Les travaux, prévus pour « fin 2015-début 2016 », sont circonscrits à la destruction « d'un seul voile de mur de l’avancée correspondant à la chaufferie actuelle située en façade est et de la toiture ». D’ailleurs, la démolition a pour objectif de « dégager la façade originelle et remarquable » pour mettre en valeur l'architecture originelle de l'usine Schutzenberger.

Le permis comporte quatre autres réserves, aucune d’entre elles n’étant surprenante ou insurmontable. Un diagnostic sur la présence éventuelle d’amiante est obligatoire puisque l'usine a été construite avant 1996, de même que la mise aux normes de la sécurité incendie. De même, l’Agence Régionale de Santé s'est penchée sur  « l’alimentation en eau potable » - le projet prévoit l’utilisation d’un puits. La propriétaire devra mettre en place "un contrôle sanitaire" de la qualité de l’eau tirée du puits.

Reprise de l'activité prévue au « deuxième trimestre 2016 »

Des prescriptions et diagnostics déjà « intégrés par l'architecte », assure Marie-Lorraine Muller. Selon la propriétaire de la brasserie, la réfection des bâtiments devrait s'étendre sur une courte période, de « deux ou trois mois », pour une reprise de la production « au deuxième trimestre 2016 ». Le montant total de relance de l'activité s'élève aux alentours de « trois millions d'euros », dont un million destiné à la réhabilitation des bâtiments.

Le retour du brassage de la Schutz à Schiltigheim apporte aussi son lot de questions. Notamment concernant le financement du projet ou la capacité de production : l'héritière de la brasserie mise sur la fabrication de « un million de litres, commercialisés auprès des chefs étoilés à Paris, aux Etats-Unis, en Chine et au Japon », rien de moins. En ce qui concerne le recrutement de la main d'oeuvre, « le nombre de personnes embauchées n'a pas encore été arrêté », confie Marie-Lorraine Muller. Enfin, le rapatriement de l'activité à Schilik ne devrait pas sonner le glas du partenariat avec l'usine Licorne, a indiqué la PDG de Schutzenberger : « Notre partenariat avec Licorne est destiné à perdurer sous d'autres formes. L'entreprise a été exemplaire dans son soutien à notre redémarrage. »

Schutzenberger, Fischer... À Schiltigheim, des friches brassicoles sont reconverties, d'autres réhabilitées. La cité des brasseurs s'accroche à son nom. 

LEGENDE

Hélène Gully, Benjamin Hourticq

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