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En Lituanie et en Lettonie, le pouvoir religieux a grandement influencé la décision de ne pas ratifier. En préparation, l’adhésion à été annulée suite à une lettre ouverte de l’Église catholique lettonne, pointant du doigt une atteinte aux valeurs de la famille et du genre dans la loi nationale. C’est pour cet argument de non-compatibilité avec la constitution que la Pologne a annoncé en 2020 vouloir se retirer de la convention. Pourtant, d’après une étude commanditée par les eurodéputés spécialisés sur le droit des femmes, “le traité ne régit pas les valeurs familiales, le mariage homosexuel ou d'autres droits des LGBTQI+”.

Une minorité d’États anti-progressistes 

Dans l’hémicycle presque vide, les députés de ces pays qui n’ont pas adhéré au texte ont fait entendre leurs réticences, d’abord idéologiques. “Nous avons refusé la convention à cause de la théorie du genre qu’elle véhicule”, explique l’eurodéputé slovaque Milan Uhrik (non-inscrit). La référence au “genre” plutôt qu’au “sexe” dans le traité contraste avec les valeurs traditionnelles de certains pays. Pour l’eurodéputé bulgare Angel Dzhambazki (ECR, ultra-conservateur), il est “en opposition avec les valeurs familiales de la Bulgarie”. Comme la Hongrie et la Slovaquie, le pays craint que la convention ouvre la voie au mariage homosexuel.

La quasi-totalité des parlementaires a insisté sur l’urgence de ratifier la convention afin de protéger au plus vite les femmes et les enfants des violences de genre et domestiques. D’après l’eurodéputée suédoise Evin Incir (S&D, sociaux-démocrates), “la question n’est pas faut-il ou non ratifier cette convention, mais dans quel délai ? Les femmes et les filles ne peuvent plus tolérer notre inertie”. L’eurodéputée grecque Elissavet Vozemberg-Vrionidi (PPE, droite) estime que le traité est “l’ensemble législatif le plus complet qui permet aux femmes de vivre sans violence dans l’Union européenne et au-delà”.

Une ratification urgente pour protéger femmes et enfants 

Si l’UE a signé le traité en 2017, la ratification en son nom n’est toujours pas réalisée. En cause : six pays (Bulgarie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, République Tchèque, Slovaquie) qui s’y refusent. Mardi, à la grande majorité, les eurodéputés ont fait pression sur ces États réfractaires pour adopter une position commune en faveur de l’adhésion de l’UE. 

Adoptée en 2011 par le Conseil de l’Europe, la convention d’Istanbul est l'instrument le plus complet de lutte à l’échelle internationale contre les violences faites aux femmes et les violences domestiques. L’accent est mis sur la prévention, la protection des victimes et la poursuite des criminels. A l’échelle de l’UE où une femme sur trois est victime de violence, l'application du traité permettrait un alignement des politiques des États membres.

“L’absence de ratification est une gifle aux femmes battues et aux valeurs de l’UE”, s’est exclamée l’eurodéputée italienne Isabella Adinolfi (PPE, droite) dans l’hémicycle ce mardi. Alors même que l’Union européenne a dévoilé une stratégie en matière d’égalité homme-femme d’ici à 2025, elle n’a toujours pas ratifié le premier traité international contraignant dans la lutte contre les violences faites aux femmes. 

Le Parlement européen fait pression pour que l'Union européenne adhère enfin à la convention d’Istanbul, texte majeur dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Une énième tentative pour les eurodéputés de convaincre les États membres conservateurs qui ne l’ont pas fait.

Les manifestants ont enjambé la balustrade dans la tribune des visiteurs. © Célestin de Séguier

 

Guyana-UE : un accord pour la protection des forêts amazoniennes

Les députés européens ont adopté à une large majorité, un accord de partenariat volontaire entre l’UE et la Guyana pour la protection des forêts amazoniennes.  Objectif : réduire l’exploitation illégale des bois tropicaux et l’orpaillage non encadré dans ce pays d’Amérique du Sud qui compte 800 000 habitants, dont 41 % vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Un enjeu de taille alors que les forêts recouvrent 87 % du territoire.

De nombreux gisements de minerais d’or sont en effet présents dans les sols forestiers guyanais. Ces techniques aurifères sont un fléau pour l’environnement car l’utilisation du mercure est au cœur de l’extraction de l’or. Ce mercure est ensuite rejeté dans le milieu naturel, polluant les sols et les rivières. Pour rappel, l’or joue un rôle central dans l’économie guyanienne, représentant 73 % de ses échanges avec l’étranger. Cet accord fait suite à celui de 2018 sur la légalité des produits du bois guyanien disponibles en Europe. Ce dernier contribuait déjà à lutter contre l'exploitation forestière illégale.

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