Freiner la hausse des prix
En juillet 2022, la BCE a décidé de relever les taux directeurs, ceux auxquels les banques de dépôts empruntent. Cette politique fait augmenter les taux d’intérêt des prêts pour les ménages et les entreprises. L’objectif est de ralentir la consommation, et donc de freiner la hausse des prix. Ce qui peut aussi avoir un impact négatif sur la croissance.
À Strasbourg, le député allemand Daniel Freund, du groupe Les Verts (écologistes), s’insurge : “Pourquoi n’y a-t-il toujours pas d'organe indépendant d'éthique ?” Lors de l'ouverture de la session plénière, la création d’une autorité indépendante d’éthique contrôlant élus et organisations d’influence dans les institutions européennes est au cœur des débats. L’objectif : protéger l’Union des conflits d’intérêt, du pantouflage (passage du public au privé) et du lobbying incontrôlé afin d’éviter un nouveau Qatargate.
Cette affaire de corruption de députés européens a plongé l’institution dans une crise inédite. En décembre 2022, alors que les services de renseignement belges enquêtent sur des soupçons de corruption au sein du Parlement européen, des perquisitions sont lancées au domicile d’Eva Kaili, vice-présidente (S&D, sociaux-démocrates) grecque de l’assemblée. En une journée, près d’un million et demi d’euros en cash sont saisis et cinq personnes placées en garde à vue. Les élus soupçonnés d’avoir reçu ces sommes d’argent de la part du Maroc et du Qatar sont suspendus de leurs fonctions. Qualifié par les médias de “pire scandale de l’histoire du Parlement”, le Qatargate a confirmé l’urgence de réformer l’institution en matière d’éthique.
Sur fond d’inflation galopante dans toute la zone euro, Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), a répondu aux députés mercredi 15 février. En débat, la politique de redressement des taux directeurs de la BCE pour tenter de freiner la hausse des prix.
Après le scandale de corruption du Qatargate, les députés se méfient des fausses ONG qui agissent comme “vecteur d’ingérence étrangère” selon le Parlement. Fight Impunity, une ONG fondée par l’ancien eurodéputé italien Antonio Panzeri (S&D, sociaux-démocrates), aurait reçu de l’argent du Qatar et du Maroc pour pousser les députés à faire du lobbying au sein du Parlement pour ces pays.
Lors du débat à ce sujet, la députée allemande Monika Hollmeier (PPE, droite) a demandé que soient mises en place des “règles claires sur la transparence des financements et des activités des ONG”. Parmi elles, la publication de tous les échanges entre les ONG et les députés. Les membres du groupe majoritaire ont aussi rappelé l’importance de contrôler les dépenses des ONG financées par l’Union. La Commission a rejoint le PPE et a annoncé qu’une proposition serait faite en avril malgré les critiques.
En effet, avec d’autres députés, la française Manon Aubry, co-présidente de La Gauche (extrême gauche), a accusé le PPE de faire “diversion”. L'eurodéputée allemande Hannah Neumann (Les Verts, écologistes) a, elle, rappelé que “c’est un scandale de corruption, pas un scandale d’ONG”. Elle a exigé du Parlement qu'il résolve ses propres problèmes avant de s’attaquer à ces structures.
Même son de cloche du côté de l'extrême droite. Le député français Jean-Lin Lacapelle (ID, extrême droite) s'est désolé : “les interrogations se limitent aux ONG, hors de question de regarder plus loin car on pourrait y trouver bien des turpitudes”.
La corruption obstacle à l’intégration
L’un des points essentiel à améliorer pour rejoindre l’Union européenne demeure la lutte contre la corruption en Ukraine ; les réformes doivent combattre les accointances entre le monde politique et économique. Éric Maurice le rappelle “en juin dernier, les conditions étaient clairement posées pour l’Ukraine. Il faut lutter contre la corruption, les conditions d’attribution de marché publics.” Il y a deux semaines encore, une affaire de pots-de-vin a éclaté au sein du ministère de la Défense ukrainien. Des mesures ont été prises et deux vice-ministres ont été licenciés.
Aléxia Lamblé et Camille Perriaud
Une adhésion qui requiert des réformes
Cette adhésion accélérée fait polémique au sein de l'hémicycle. “L'Ukraine ne pourra pas rentrer comme ça dans l’UE, ce n’est pas vrai. Il y a des étapes à respecter”, affirme l’eurodéputée française Karima Delli (Les Verts, écologistes). Pour Éric Maurice, responsable du bureau de Bruxelles de la Fondation Robert Schuman, la liste des exigences à remplir reste longue. “Ce n’est pas parce qu’un pays est candidat que les négociations s’ouvrent. Il y a des conditions à remplir qui sont liées aux critères de Copenhague.” 35 domaines sur lesquels l’Ukraine doit se réformer pour être au niveau des États membres : garantir l'État de droit, les droits de l'homme, l’environnement, l'éducation… Il faut une adaptation “économique et sociale compatible” avec le modèle européen afin de rejoindre “le marché unique, la libre circulation des biens, des services ou des capitaux” de l’UE, détaille Éric Maurice.
“Nous votons pour de nouveaux satellites européens qui vont renforcer l’autonomie et la souveraineté de l’Union européenne dans l’espace”, lance depuis la tribune Christophe Grudler, chargé du projet IRIS et député Renew. Plébiscité lors du vote, le programme est une victoire pour l’élu qui confie que l’accord a été trouvé en un temps record : “neuf mois seulement après la proposition de la Commission, un moment historique”. Le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton affirme que la mise en œuvre devrait être rapide : “nous sommes prêts !”.
Composé de quelques centaines de satellites qui seront mis en orbite par l’ESA (l’agence spatiale européenne) pendant trois ans, ce nouvel outil qui devrait coûter 2,4 milliards d’euros est à la fois stratégique, géopolitique et industriel. En plus d’assurer une connexion sécurisée globale et autonome dédiée aux gouvernements européens et “amis de l’Europe”, le projet aura des applications civiles. Il permettra notamment d’apporter de la connectivité “partout où cela est nécessaire à travers le monde”. Thierry Breton affirme “être en contact avec les opérateurs du continent africain pour la mise en place de partenariats”. Le programme IRIS a surtout pour vocation de relancer l’industrie aérospatiale européenne. Fortement concurrencé par les États-Unis et l’entreprise SpaceX du milliardaire Elon Musk, le lanceur européen Ariane V a perdu des parts de marché importantes ces dernières années. Les premiers satellites devraient être en orbite opérationnelle à partir de 2024, le déploiement définitif est prévu pour 2027.