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"La violence envers les migrants est inexcusable"


13 février 2020

Les eurodéputés ont débattu, mercredi 12 février, de la situation migratoire aux frontières extérieures de l’Union. Face aux accusations de violents refoulements à la frontière croato-bosniaque, l’eurodéputée Tineke Strik s’est rendue sur place avec deux autres collègues du groupe Verts/ALE. L’élue néerlandaise dresse un bilan alarmant. 

En 2019, selon le Conseil, 14 000 personnes ont franchi illégalement des frontières sur la route des Balkans. Qu'avez-vous constaté lors de votre mission d'observation à la frontière croato-bosniaque début février?

C’était la seconde fois que je me rendais en Croatie et en Bosnie depuis mars 2019 et j’ai le sentiment que la situation est identique, voire qu’elle a empiré. Particulièrement au niveau des violences, désormais communément admises par tout le monde, à l’exception du gouvernement croate. Nous avons rencontré des mineurs et des familles qui nous ont dit avoir été blessés par les militaires qui les avaient refoulés. Cette violence envers les migrants est inexcusable. 

L’eurodéputée néerlandaise Tineke Strik (Verts) dans son bureau du Parlement européen, à Strasbourg. © Lucie Caillieret

Certains eurodéputés, à l’instar de ceux du groupe Identité et démocratie (Extrême-droite), considèrent que les capacités d’accueil en Europe sont dépassées. Pensez-vous qu’il faille modifier les procédures d'asile ?

Nous ne disons pas qu’il faut accueillir tout le monde mais les Etats membres doivent pouvoir déterminer rapidement qui a le droit à la protection, ou non. Or, plusieurs organisations croates nous ont dit qu’il était très difficile pour les migrants d’accéder aux procédures de demande d’asile. En théorie, selon la Convention de Genève, les demandeurs reçoivent une décision motivée et le droit de faire appel. Dans la pratique, les forces de l’ordre se contentent de refouler ces personnes.

La Croatie, dernier pays devenu membre de l’Union européenne en 2013, veut rejoindre l’espace Schengen. Pensez-vous qu’il y ait un lien entre cette candidature et la politique de fermeté ?   

Durant ce déplacement, j’ai pu échanger avec Davor Bozinovic, le ministre de l’Intérieur croate. Il avait une défense plutôt agressive, en disant qu’il n’avait pas d’autres possibilités pour maintenir ces personnes en dehors du territoire européen. Les Etats membres exercent une énorme pression sur la Croatie puisqu’aujourd’hui, la responsabilité revient au premier pays d’entrée. Il est important que l’UE change sa politique et crée davantage de solidarité.

 

Propos recueillis par Lucie Caillieret

 

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