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LEGENDE

Alors qu'elle manque à des millions d'Indiens, la ressource liquide offre des moments de détente aux plus aisés.

 

D’un côté, des files d’attente qui s’allongent près des pompes à eau. De l’autre, des parcs aquatiques dont le succès ne se dément pas. D’un côté, des habitants des quartiers pauvres qui viennent s’approvisionner pour assurer leurs besoins vitaux en eau. De l’autre, une poignée de privilegiés, des familles aisées et leurs enfants, qui barbottent, sautent, plongent et s'éclatent. Ce contraste, alors que les températures a Dehli sont à leur maximun, est saisissant.

Il existe sept parcs aquatiques autour de Delhi. Ils recoivent chacun entre 200 et 1500 visiteurs par jour et consomment quotidiennement environ 100 millions de litres d’eau, soit les besoins journaliers de 350 000 personnes, selon des chiffres fournis par le gouvernement. Ce luxe a un prix. L’entrée du Jurassic Park Inn revient à 750 roupies par personne, quand le salaire moyen à Delhi tourne autour de 16 000 roupies par mois.

L'eau n'est pas recyclee

Cette situation choque d’autant plus certaines ONG en guerre contre le « gaspillage » des parcs aquatiques qu’elles soupconnent certains d’entre eux de ne pas recycler l’eau qu’ils consomment. Un gaspillage qui les scandalise alors que le niveau des nappes phréatiques demeure très bas.

Nombreux sont ceux qui dénoncent ce privilège dangereux. Selon l’association des chambres de commerce et d’industrie,

 les nappes phréatiqes sous Delhi pourraient être à sec dans deux ans. Les visiteurs du parc ne se posent eux pas ce genre de question. Dhriti Dixit, chercheur, admet « J’aime beaucoup les parcs aquatiques. J’y suis d’ailleurs récemment allé avec des amis».

« Le plus beau golf du monde »

Même son de cloche du côté du golf de Dehli, lui aussi très gros consommateur d’eau. Shazar, médecin, membre du club depuis 14 ans, a bien conscience de la polémique, mais il répond sans ambages aux associations et aux ONG qui voudraient limiter la pratique de ce sport herité de l’empire britannique : « On ne vole l'eau de personne. Quant au climat, il est bien sûr plus rude ici qu'en Grande-Bretagne, mais cela implique- t-il de priver les Indiens d'un de leur sport fétiche ? » Mamohan, qui dispute plusieurs tounois a l’étranger, relance « C'est le plus beau golf dans lequel j'ai joué ».

100 000 litres d’eau arrivent tous les jours des stations d’épuration de la Yamuna pour arroser ce parc de 90 hectares dont l’accès est lui aussi reservé aux privilégiés. Chacun membre verse 2000 roupies par mois pour profiter des greens bâtis autour de trois temples Lodhi (dynastie ayant regné sur Delhi entre le XVeme et XVIeme siècle), et qui accueille un tournoi de renommée internationale.

Le DGC est aussi un lieu d’entregent. « On se retrouve pour parler affaires entre gentlemen. Le cadre est idéal et la nourriture est la meilleure de toute la ville » , explique un membre. Avec les avocats, les médecins, les hommes d’affaires et surtout la haute fonction publique, l’élite de Delhi s'y retrouve entre soi, au milieu des cocotiers et autres arbres fruitiers.

Raphaël Badache, Antoine Izambard, Bhanu Priya Vyas

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