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Le Parlement européen contre l'échange de données policières avec le Royaume-Uni


16 mai 2020

Le Parlement européen s’est opposé mercredi 13 mai au partage de données dactyloscopiques avec le Royaume-Uni.

C’est un Parlement européen particulièrement divisé qui s’est opposé mercredi, à 357 voix contre 329, à une proposition de partage avec le Royaume-Uni de données relatives aux empreintes digitales. Ce projet de coopération policière et judiciaire européenne serait limité à la période de transition post-Brexit, supposée s'achever le 31 décembre 2020.

La gauche et les centristes (S&D, Les Verts, GUE/NGL, Renew) ont fait bloc derrière l'eurodéputé Juan Fernando Lopez Aguilar (S&D, sociaux-démocrates). Dans un rapport soumis au Parlement le 8 mai, l’ancien ministre de la Justice espagnol s’était dit "préoccupé par le manque d’engagement du Royaume-Uni à appliquer le principe de réciprocité". En effet, Londres consent pour le moment seulement à partager ses données concernant les personnes condamnées, mais refuse toujours catégoriquement de diffuser celles de ses suspects comme le lui demande l’Union européenne. 

L'eurodéputé espagnol Juan Fernando Lopez Aguilar a appelé le Parlement européen à s'opposer à la proposition d'échange de données dactyloscopiques avec le Royaume-Uni. ©Parlement européen

Les opposants au projet n'ont pas caché  leurs inquiétudes quant au futur traitement de ces informations et ont demandé davantage de garanties. Le Royaume-Uni est notamment accusé d’avoir permis au géant du net Amazon d’accéder aux données personnelles de millions de Britanniques. "C’est un véritable manque de sérieux", s'est désolée l'eurodéputé française Gwendoline Delbos-Corfield (Les Verts/ALE). "Nous ne voulons pas sacrifier la question des droits des citoyens au nom de cet échange."

Pour la plupart des élus de droite néanmoins, le partage des données dactyloscopiques est perçu comme un véritable enjeu de coopération. "On parle tout de même d’un échange qui va en faveur de la sécurité des citoyens, a ainsi affirmé l’eurodéputée luxembourgeoise Isabel Wiseler-Lima (PPE, centre-droit). Il s’agit de lutte contre la criminalité et le terrorisme. Nous nous devons de garder une main tendue."

La prise de position du Parlement n’est cependant que consultative et un accord est encore envisageable. Seule condition posée par les Etats membres: le Royaume-Uni doit consentir à partager les données de ses suspects.

Lucas Lassalle

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