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Covid-19: Les eurodéputés veulent une stratégie pharmaceutique européenne


16 mai 2020

Alors qu’une course mondiale dans la recherche d’un vaccin contre le Covid-19 est engagée, le Parlement européen plaide pour une stratégie pharmaceutique européenne rapide et ambitieuse.

"La santé est un bien public mondial. Elle n’appartient à personne", a martelé l'eurodéputé belge Marc Botenga (GUE/NGL, gauche anti-libérale), jeudi 14 mai lors d’un débat au Parlement européen sur la stratégie de santé européenne face au Covid-19. Alors que le déconfinement est enclenché partout en Europe, la crainte d’une deuxième vague épidémique se fait de plus en plus pressante. Dans ce contexte, la recherche d’un futur vaccin accessible à tous et l’approvisionnement en médicaments ont été au cœur des discussions dans l’hémicycle bruxellois.

La crise sanitaire a mis en lumière les faiblesses de l’Union européenne dans le secteur de la santé. Le manque de financement dans la recherche et la délocalisation des chaînes d’approvisionnement de médicaments en Asie ont notamment été pointés du doigt par les parlementaires européens. "Ne laissons pas les Etats tiers nous rendre dépendants de leurs recherches et de leur production de médicaments", a soutenu l’eurodéputée Véronique Trillet-Lenoir (Renew, libéraux) en appelant à une action coordonnée et de poids des agences de santé pour "restaurer la souveraineté européenne."

 

L’eurodéputée belge Petra De Sutter (Les Verts) plaide pour une gouvernance transparente et efficace dans la distribution des vaccins et des traitements. © Parlement européen

 "L’Europe a besoin d’un plan B"

Malgré les 7,4 milliards d'euros de promesses de dons pour financer la recherche d'un vaccin obtenues par la Commission européenne le 4 mai, le leadership de l’Europe semble compromis au regard de l’actualité. "Aujourd’hui, nous lisons dans la presse que le patron d’un gros groupe pharmaceutique français a dit que s’ils développaient un vaccin, il irait d’abord aux Américains", s’est ainsi insurgé l'eurodéputé allemand Tiemo Wölken (S&D, sociaux-démocrates).

Pas de doute pour Peter Liese, "l’Europe a besoin d’un plan B si le vaccin du Covid-19 est développé ailleurs". Comme ses homologues des Verts et de la GUE/NGL, l’eurodéputé du groupe PPE (centre-droit) propose de recourir à des "licences forcées". "Cela permet aux États membres d'utiliser la recette de la production de vaccins sans le consentement formel du titulaire du brevet d'origine", a-t-il expliqué durant le débat.

Si un vaccin n’est pas espéré avant plusieurs mois, les eurodéputés ont montré qu'ils attendaient au tournant la Commission européenne qui doit présenter dans les prochains jours sa nouvelle stratégie pharmaceutique pour l'Union européenne.

Madeleine Le Page

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