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Urbanisme, politique des transports, rénovation du stade de la Meinau : autant de thèmes au cœur de la campagne municipale strasbourgeoise qui ne seront pourtant pas du ressort du prochain maire mais du président de l’Eurométropole de Strasbourg.

  • Un scrutin, deux élections

Ce n’est pas une mais deux élections qui ont lieu les dimanches 15 et 22 mars. Lorsque les électeurs glisseront leur bulletin dans l’urne, au milieu des flacons de solution hydroalcoolique, leur voix n’ira pas seulement à la liste qu’ils ont choisie pour le conseil municipal. Comme ils pourront le voir sur les bulletins de vote, les citoyens désigneront en même temps les 100 élus qui siègeront à l’Eurométropole de Strasbourg (EMS).

Les 100 sièges de conseillers eurométropolitains sont répartis entre les 33 communes qui composent l’EMS, en fonction de leur poids démographique. Une règle qui attribue 50 sièges à Strasbourg, entre deux et sept sièges aux six autres villes de plus de 6000 habitants, et un seul siège pour les 26 plus petites communes — occupé dans l’écrasante majorité des cas par le maire élu.

Cette année, les onze listes strasbourgeoises ont fait le même choix : les candidats au conseil communautaire sont systématiquement les 50 premiers noms inscrits sur la liste pour le conseil municipal. Simple comme bonjour.

 

  • Ville ou Eurométropole : flou artistique pour les électeurs

La Communauté urbaine de Strasbourg est devenue Eurométropole en 2015, un changement dicté par la loi Maptam (Modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles) de 2014. Complété par la loi Notre (Nouvelle organisation territoriale de la République) de 2015, le 3e acte de la décentralisation a doté les intercommunalités de nouvelles compétences, rognant sur celles des communes et des départements. Aux mairies, la culture, la politique de la jeunesse, la gestion des écoles, l’état civil ; à la métropole, l’action économique et l’enseignement supérieur, l’habitat et l’urbanisme, les transports ou encore la voirie.

Mais la répartition des compétences entre les communes et l’Eurométropole reste encore peu connu des électeurs. Il faut dire qu’elle est parfois floue, comme sur l’urbanisme ou le tourisme. Pas plus tard que début février, les conseils municipal et eurométropolitain se sont écharpés sur ce dernier. Un rapport piloté par le vice-président de l’EMS, Yves Bur, a pointé des dysfonctionnements au sein de l’Office du tourisme de Strasbourg, présidé par Jean-Jacques Gsell, conseiller municipal. Le rapport recommande le transfert de la gestion du tourisme à l’Eurométropole, comme inscrit dans la loi Maptam, ce qui ne plaît guère à la ville.

Le flou est aussi entretenu par les candidats à l’élection municipale, qui n’hésitent pas à promettre des mesures qui relèvent tour à tour de la Ville et de l’Eurométropole. Tous ont présenté leur programme en matière de transports en commun ou d’’urbanisation : deux compétences qui relèvent pourtant de l’EMS. Dans le même temps, les maires des plus petites communes se voient souvent reprocher leur impuissance face à l’ogre intercommunal, lorsqu’il faut régler des problèmes de voirie ou densifier le nombre de stations de transport en commun.
 

  • Pia Imbs, maire d’Holtzheim, déjà candidate à la présidence 

La gouvernance de l’Eurométropole et l’élection de son président seront forcément au cœur des discussions et des tractations dans l’entre-deux-tours des élections. Car, quoi qu’il arrive, c’est l’élection municipale strasbourgeoise qui donnera le ton de la composition politique de l’hémicycle. En 2014, Robert Herrmann avait dû composer avec les maires des petites communes emmenés par Yves Bur pour former une large coalition et assurer aux socialistes strasbourgeois de garder la main sur l’exécutif eurométropolitain.

En seconde couronne, des voix s’élèvent contre la proéminence strasbourgeoise à l’EMS. Pia Imbs, maire de Holtzheim, s’était fendue d’une tribune dans les Dernières nouvelles d’Alsace, en septembre 2019, critiquant la gouvernance de l’intercommunalité. Comme d’autres élus, l’édile aimerait que la conférence des 33 maires de l’Eurométropole, dans laquelle une voix égale une ville, ait un rôle de décision plus important qu’aujourd’hui. 

Pia Imbs, sera-t-elle candidate à la présidence de l’Eurométropole pour changer les choses ? « La réponse est oui, annonce-t-elle. J’ai déjà réuni autour de moi des têtes de listes d’autres communes. » Encore faudra-t-il s’entendre avec la liste strasbourgeoise élue le 22 mars, car, a priori, aucun des favoris n’a prévu d’abandonner la présidence de l’Eurométropole à un élu non-strasbourgeois.

Hugo Bossard

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