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À Schiltigheim, la politique est loin d’être un long fleuve tranquille. Candidat aux municipales, Christian Ball compte bien décrocher la mairie avec un programme ambitieux, après un passé mouvementé au sein de la droite.

Christian Ball, en plein porte-à-porte dans les rues de Schiltigheim. /Photo Caroline Celle

Quinzième réunion publique depuis octobre pour Christian Ball, le candidat Les Républicains aux municipales de Schiltigheim. Fin février, à la Maison des sociétés, il détaille son projet, en concurrence avec cinq autres listes. L’orateur aguerri parle avec les mains, multiplie les traits d’humour et détache ses mots pour appuyer ses idées « qui n’opposent pas les Schilikois mais les rassemblent ». Avec sa promesse de créer un parking souterrain dans le centre-ville et une nouvelle piste cyclable, Christian Ball se fait fort de s’adresser à tous, contestant l’écologie « punitive » de sa rivale, Danielle Dambach.

La candidate des Verts est maire de la ville depuis seulement deux ans. Elle a gagné les élections partielles face à Christian Ball en avril 2018, avec 54, 5 % des voix, en pleine débâcle politique.

Un mariage forcé

Schiltigheim, jusqu’alors dirigée par Jean-Marie Kutner, affilié à l’UDI, a connu la démission d’un tiers de son conseil municipal en janvier 2018. Les 14 élus ont emboîté le pas à Christian Ball, alors premier adjoint de Jean-Marie Kutner. Il reprochait au maire son autocratie : « L’ambiance du conseil était exécrable, Kutner voulait tout gérer seul, soutient-il. Je n’avais même pas le droit d’ouvrir les courriers de la mairie à sa place ! »  

La mésentente entre les deux hommes aurait germé dès 2014 au sein de la droite schilikoise. Christian Ball est alors investi par l’UMP, sous l’aile du député de la 3e circonscription du Bas-Rhin, incluant Schiltigheim, André Schneider. Pour la droite, l’enjeu est de taille, il faut récupérer la mairie après vingt-cinq ans de gauche. « L’UMP nous pressait de faire une alliance avec Kutner au second tour et Christian ne voulait pas, se souvient le député honoraire. J’ai dû le menacer de lui retirer l’investiture. Je connaissais le mauvais caractère de Jean-Marie Kutner mais j’ai prévenu Christian : ‟En politique, il faut savoir avaler des couleuvres”. »

Trois ans plus tard, le mariage forcé se solde par un divorce. Le député bas-rhinois André Schneider ne pardonne pas ce qu’il qualifie de « putsch » et de « trahison », après avoir remué ciel et terre pendant « des décennies pour ramener la droite à Schiltigheim ».

Ball fait cavalier seul

La démission collective provoque des élections anticipées. Certains démissionnaires ont choisi de rejoindre la liste de Christian Ball et de se mettre en compétition avec leur ancienne tête de liste Jean-Marie Kutner, comme Ahmed Fares ou Fabien Bresson. Odile Barreault, elle, décide de ne pas participer à ce qu’elle qualifie de « guerre d’egos » et ne rejoint aucune liste. D’autres sont des fidèles de Christian Ball, comme Françoise Klein ou Pierre Muller.

Largement en tête au premier tour, l’équipe de Christian Ball doit donc laisser la mairie à l’écologiste Danielle Dambach, alliée au PS et au PCF, au second tour. La gauche schilikoise, plus encline à s'unir que la droite, l'emporte.

En juin 2018, peu après les élections anticipées, Ahmed Fares, candidat très populaire dans les bureaux de vote, apprend « par un mail transmis à la mairie, sans plus d’explications » qu’il est exclu de la liste de Ball. Considéré comme « trop clivant » par ce dernier, il a aujourd’hui rejoint la liste de la candidate LREM Hélène Hollederer.

Exclu en même temps que lui, Fabien Bresson a été miraculeusement repêché pour les municipales de 2020. Après une période de désaccord politique, il a retrouvé Christian Ball avec un objectif commun : « Danielle Dambach se laisse avoir par les promoteurs, et il faut gagner la mairie pour arrêter la bétonisation de la ville. »

Le candidat Les Républicains présente sa liste face à cinq autres à Schiltigheim. /Photo Caroline Celle

Raser la mairie

Pour son colistier Gérard Anstett, Christian Ball est le « seul qui propose un vrai projet pour la ville, une panacée pour les commerçants schilikois ». Il fait référence à la mesure phare de son programme, la destruction de l’actuel hôtel de ville au profit d’un espace vert avec un parking souterrain, sans augmentation d’impôt. « Les principaux problèmes à Schilick, ce sont le manque de places de stationnement et de verdure et l’inconformité de la mairie vis-à-vis des personnes handicapées, énumère le candidat. Avec ce projet, on règle tous ces problèmes ! » L’idée, empruntée à l’initiative du maire LR de Colmar Gilbert Meyer, est estimée à 15 millions d’euros. La mairie serait relogée dans les locaux de la Maison du Jeune citoyen.

« C’est impossible et démago de dire que ça ne coûtera rien aux Schilikois, décoche Jean-Marie Kutner. Les chiffres sont farfelus, ça va coûter le double et ce n’est pas finançable. » L’ancien maire l’assure, il a mené sa propre enquête auprès d’anciens collègues de l’Eurométropole pour conclure à l’infaisabilité du projet. Raccroché de la politique, il alimente aussi régulièrement sa page Facebook de posts ironiques nommés « Carnets de Ball » qui attaquent le candidat LR. Les vieilles querelles ne meurent jamais...

Caroline Celle

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