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À dix jours du premier tour, sept têtes de liste ont débattu sur le thème de la sécurité, de l'environnement et de la pauvreté dans la librairie Kléber. À grand renfort d'affirmations, parfois inexactes.

Hombeline du Parc (RN) : « Les effectifs de la police municipale ont diminué de plus de 10 % pendant le mandat actuel ».

C’est vrai. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, consultables sur le site data.gouv, il y avait 157 policiers municipaux en 2014, au début du mandat. Ils sont désormais 141, ce qui représente une baisse de 10,19 % des effectifs. 

Jean-Philippe Vetter (LR) : « Le 31 décembre et le 1er janvier, de nombreux habitants des quartiers se sont sentis abandonnés par la Ville. Nous n’avons pas eu de présence policière sur place, et quasiment aucune interpellation ». 

C’est faux. La couverture de l’événement par les médias locaux - notamment la chronologie et les photos prises par les DNA - permet d’affirmer que les forces de l’ordre sont intervenues le soir de la Saint-Sylvestre, dans différents quartiers. Une quarantaine de personnes, principalement des mineurs, ont été interpellées.    

Jeanne Barseghian (Les Verts) : « Strasbourg est l’une des villes les moins endettées de France ».

C’est imprécis. Strasbourg se situe en 14ème position des communes de plus de 100 000 habitants les moins endettées. Pour établir un classement, le Cabinet Michel Klopfer a utilisé un indicateur : la capacité de désendettement. A Strasbourg, elle est de 4,7 ans, soit le nombre d'années nécessaires pour rembourser sa dette en utilisant la totalité de son épargne brute. Ce chiffre est inférieur à la moyenne nationale (8,1 ans). 

Jean-Philippe Vetter (LR) : « Pendant six ans, les élus ici présents ont bétonné la Ville, maintenant ils parlent de la verdir. Il y a une incohérence. Je n’ai pas voté le plan local d’urbanisme, et je me suis toujours opposé à la bétonisation ».

C’est ambigu. Le plan local d’urbanisme (PLU), principal outil de planification de l’aménagement du territoire à l’échelle intercommunale, a été adopté au conseil de l’Eurométropole le 16 décembre 2016. Le texte prévoit entre autres la construction de 45 000 logements entre 2016 et 2030, soit environ 3 000 nouveaux logements par an. Les conseillers communautaires Jeanne Barseghian, Chantal Cutajar, Alain Fontanel et Catherine Trautmann ont effectivement voté en faveur du PLU. Mais Jean-Philippe Vetter ne s’y est pas vraiment opposé : il s’est abstenu en 2016.

Catherine Trautmann (PS) : « A l’époque, quand j’ai eu besoin de soutien pour réaliser le tramway, les écologistes ont voté contre ».

C’est discutable. Fraîchement élue maire de Strasbourg en 1989, Catherine Trautmann (PS) a porté la réintroduction du tramway dans la ville face à la droite, favorable au métro. Le 30 juin 1989, les conseillers de la communauté urbaine, à 56 voix pour et 34 contre, avaient voté en faveur du tramway. Les élus écologistes avaient-ils soutenu le projet ? Difficile de le savoir, le vote était secret. En revanche, Andrée Buchmann (les Verts) avait déclaré lors des délibérations : « Le tramway représente une chance pour Strasbourg. C’est pour cela que les écologistes y ont été et sont toujours favorables, et que je voterai pour. » 

Kévin Loquais (LFI) : « Nous sommes la troisième ville la plus inégalitaire de France ».

C’est discutable. Ce rang, qui figure aussi sur un document de l'Eurométropole, est construit à partir de quatre indicateurs (INSEE) sur la base de l’année 2014. Sont pris en compte : le revenu disponible médian, le taux de pauvreté, la part des prestations sociales dans l’ensemble du revenu disponible, et le rapport entre le revenu disponible des plus riches et des plus pauvres. 

Mais cette position peut être mise en perspective avec un classement utilisé par l’Observatoire des inégalités, sur la base d’un autre indice (Gini). L’INSEE a comparé les inégalités de revenus en 2014, après impôts et prestations sociales. Dans cette configuration, Strasbourg se place en 14ème position des villes les plus inégalitaires.  

Kévin Loquais (LFI) : « Si ma mémoire ne me trompe pas, il me semble qu’il y a 11 000 logements vides à Strasbourg ».

C’est vrai. Selon l’INSEE, dans un calcul mis en ligne en janvier 2019 sur la base de l’année 2016, 7,7% des 149 940 logements que compte Strasbourg sont vacants, soit environ 11 545. 

Thémïs Laporte 

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