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©Julie Lescarmontier

Le 7 mars dernier, dans une réunion des ministres européens, l’Allemagne a bloqué le vote visant à interdire la vente de véhicules neufs à moteurs thermiques à partir de 2035. Cette mesure avait été adoptée par le Parlement européen en février 2023. Le blocage à ce stade est historique. 

Ça cale pour les moteurs thermiques

16 mars 2023

Ça cale pour les moteurs thermiques

Le 7 mars dernier, dans une réunion des ministres européens, l’Allemagne a bloqué le vote visant à interdire la vente de véhicules neufs à moteurs ...

C’est dans un funeste climat, une semaine tout juste après les séismes catastrophiques survenus en Syrie et en Turquie que s’est ouverte cette plénière de février. Une pesante atmosphère renforcée par l’approche de l’anniversaire de la guerre en Ukraine et l'ombre du Qatargate qui plane toujours sur le Parlement en quête de réformes. S'y est ajouté l’érosion de l’État de droit en Grèce liée à un scandale d’écoutes téléphoniques.

Des actualités fortes qui ont marqué l’emploi du temps des parlementaires. En plus d’afficher leur solidarité aux victimes des tremblements de terre et de la guerre, les eurodéputés ont soutenu l'aide humanitaire vers la Syrie et la Turquie, et l'aide financière et militaire à Kyiv. L'hémicycle a tenté ainsi de trouver des positions communes. Avec un résultat mitigé en raison des désaccords des diverses sensibilités politiques. Ceux-ci se sont illustrés par les polémiques lancées autour de l'adhésion accélérée de l'Ukraine à l'UE et par les prises de parole sur la convention d’Istanbul, texte majeur dans la lutte contre les violences faites aux femmes, dont la ratification par l’UE se fait toujours attendre.  

Au-delà de ces actualités, l'institution a tenu à maintenir ses ambitions climatiques. Elle a approuvé la fin des moteurs thermiques pour 2035. Sur cette même lancée, elle a également officialisé la course à l’industrie décarbonée avec les États-Unis. Enfin,  Christine Lagarde, présidente de la  Banque centrale européenne a défendu devant les eurodéputés sa politique de redressement des taux directeurs. 

Alors qu’il y a un an, notre monde nous promettait de ne plus jamais être comme avant avec le début de l’invasion russe en Ukraine,  l’Union européenne se recentre aujourd'hui sur ses valeurs et cherche à s’adapter. 

Océane Caillat

 

Des députés poussent à l’action

Une large majorité au centre et à gauche de l'hémicycle a dénoncé cette situation dégradée. L’eurodéputée grecque Syriza Kóstas Arvanítis (GUE/NGL gauche radicale) parle d’ “un pas de plus vers le recul de l’État de droit dans le pays.” Selon la parlementaire belge Saskia Bricmont (Les Verts, écologistes), “La Grèce suit le même chemin que la Pologne et la Hongrie avant elle. Il nous appartient d’agir et de dépasser le stade des recommandations.” 

Le plan industriel s'insère dans le pacte vert ayant pour objectif zéro émission de gaz à effet de serre pour 2050 © Image d'illustration de Midjourney (programme d'intelligence artificielle)

La présidente espagnole du groupe S&D (sociaux-démocrates) Iratxe García Pérez l’affirme : "L'objectif principal de ce plan industriel est de concurrencer les États-Unis".

Le "Green Deal Industrial Plan"

Grâce à ce plan, les Etats membres auront le droit de financer directement des entreprises privées qui respectent leurs engagements sur la neutralité carbone et participent à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55% d’ici à 2030. La formation de nouveaux métiers "verts" est aussi un point important. Ce plan prévoit la création de 800 000 nouveaux emplois au sein de l'Union européenne, dans le secteur des batteries d'ici 2025.

L'idée est aussi d'investir dans la recherche et le développement des innovations vertes. “Il faut que les technologies propres progressent plus rapidement sur le marché”, explique Mairead McGuinness, la Commissaire européenne aux services financiers. Un appel d’offres est prévu pour octobre 2023. Les gagnants recevront une prime fixe pour chaque kilo d'hydrogène renouvelable produit sur une période de 10 ans.

Les points noirs du plan vert

Mais tout n'est pas vert dans ce plan. Selon des économistes, il risque de créer des déséquilibres au sein même du marché européen.  "Si vous autorisez les Etats membres à encore plus subventionner les entreprises dès lors que c'est un investissement vert, les seuls qui en auront la capacité sont les Etats riches comme la France, l'Allemagne, les Pays Bas", affirme Sarah Guillou de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Elle pointe du doigt les différences structurelles entre les Etats-Unis et l’Europe.  “Que voulez-vous faire contre un pays intégré au budget conséquent, avec une Europe qui est une somme d'États membres, et tout ce que ça comprend, de positif mais aussi de négatif ?" 

Et doute de la production d'hydrogène vert à l'échelle industrielle. À ce jour, cette technologie n'est qu'à un stade expérimental en Europe et ne permet pas de garantir l'avenir du plan. “C'est un signal pour rassurer les entreprises, il aligne juste des euros face à des dollars. LU.E devrait avoir le courage politique de répondre sur une temporalité plus longue.

Le financement : point d’interrogation

Surtout, la question de son financement reste la principale inconnue. Ursula von der Leyen a annoncé comme solution un nouvel outil financier, Le Fond Souverain européen (FSE). Il instaure une caisse commune à tous les Etats membres. Mais son montant est toujours à définir...

En attendant, le plan industriel pour le pacte vert va devoir se contenter du reste des fonds non utilisés de InvestEU, NextGernerationEU et des prêts de la Facilité pour la reprise et la résilience (FRR).

Anis Boukerna et Loïc Germain.

Après la retentissante loi américaine contre l'inflation, l'Union européenne riposte avec son projet pour soutenir les entreprises vertes. Une course à l’attractivité à l’industrie décarbonée entre les Etats-Unis et l’Union européenne est lancée.

I.R.A. Ce sont les trois lettres qui font trembler l'Europe. En août 2022, les États-Unis annoncent l'Inflaction Reduction Act. Un texte qui vise à réduire les effets de l'inflation en soutenant sur une période de 10 ans les technologies propres sur le sol américain, grâce à une enveloppe d’environ 370 milliards de dollars. 

Cette loi défie l’Union Européenne en offrant des subventions très attractives pour les entreprises s’installant sur le sol américain. Le vieux continent craint de voir les entreprises s’exiler aux Etats-Unis. “L’IRA est un cauchemar pour toute personne de ce côté de l’Atlantique”, s’alarme l’eurodéputé allemand Martin Schirdewan (GUE/NGL, extrême-gauche).

Ce mercredi, les eurodéputés se sont interrogés sur la riposte à cette loi américaine. Un texte est déjà sur la table : le plan industriel vert présenté par la Commission le 1er février.

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