Le scandale n’est pas terminé. Ce soupçon d’ingérence de pays hors de l’UE comme le Qatar ou le Maroc continue de faire beaucoup de vagues dans les institutions.
Dernier accusé en date, le patron de la direction des Transports au sein de la Commission européenne, l’estonien Henrik Hololei. Politico a révélé qu’il a voyagé gratuitement dans le pays à neuf reprises dont quatre fois aux frais de l’émirat avec la compagnie Qatar Airways entre 2015 et 2021. Le commissaire volait aux frais du Qatar au moment où un accord aérien entre l’Union et le pays du Golfe était négocié.
Le média rapporte aussi que selon la Commission, le mis en cause était censé étudier et statuer lui-même sur son cas pour déterminer s’il y avait ou non un conflit d'intérêt, sans autre mécanisme de contrôle.
Ce scandale intervient alors que le 3 mars dernier, les premiers eurodéputés mis en cause, la grecque Eva Kaili (S&D, sociaux-démocrates) et le belge Marc Tarabella (S&D, sociaux-démocrates), ont vu leur détention provisoire prolongée respectivement de deux et un mois.
À l’horizon 2050, l’Union européenne souhaite devenir le premier continent neutre pour le climat. Dans cette perspective, les députés ont adopté à une large majorité un règlement sur l’utilisation des terres et la foresterie.
Les objectifs sont clairs : absorber 310 millions de tonnes de carbone et augmenter de 15% les puits de carbone dans l’UE. Ils permettront une réduction de 57% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.
Mais comment ? Par le reboisement et la préservation des forêts européennes. Celles-ci sont présentées comme des « puits de carbone » ayant la particularité d’absorber deux fois plus de CO2 qu’elle n’en émettent. Les eurodéputés veulent accroître ces ressources en restaurant des zones humides et des tourbières, en reboisant et en mettant un terme à la déforestation.
Les forêts occupent 159 millions d’hectares dans l’UE soit 38% du territoire.
« La crise énergétique liée à la guerre a montré les lacunes du marché que nous devons combler », affirme la commissaire de l’Énergie Kadri Simson qui a présenté la réforme du marché ce mardi. Au niveau européen, le prix de l’électricité est basé sur le gaz. Mais avec la guerre en Ukraine et la pandémie, le coût de cette énergie, en majorité russe, a explosé. Les consommateurs ont donc vu leur facture d'électricité bondir. En France, le prix de l'électricité a été multiplié par douze. En juillet dernier, la présidente de la Commission européenne avait donc appelé à la réforme de ce marché conçu dans les années 90. Ce mardi, Kadri Simson a résumé la proposition de cette réforme en trois points clés : baisser le coût de l’électricité et la rendre moins fluctuante à court-terme, accélérer le déploiement des énergies renouvelables et permettre aux consommateurs d’avoir différents contrats et fournisseurs suivant leur besoin pour éviter les déconnexions.
Mais les pays réfractaires, comme l’Allemagne, ont obtenu qu’il n’y ait pas de réforme structurelle du marché. Elle est jugée superficielle notamment par l’Espagne partisane d’une rupture, et la gauche. L'eurodéputée Cornelia Ernst (GUE/NGL, extrême gauche) s’exaspère : « En juillet dernier, la présidente de la Commission [...] avait promis une réforme complète. Ce n’est rien de la sorte. »
Onze mois après le début du procès, le tribunal de Varsovie a tranché. Justyna Wydrzynska, militante pour le droit à l’avortement en Pologne devra effectuer pas moins de huit mois de travaux d’intérêt général pour avoir aidé, en 2020, une femme enceinte à obtenir des pilules abortives. Une décision qui a fait débat au sein du Parlement. « C’est un droit humain de pouvoir décider de notre santé, de notre corps et de notre sexualité, a estimé Diana Riba (Les Verts, écologistes). Il faut pouvoir décider sans être victime de discrimination de violence ou de coercition. » La plupart des députés se sont accordés à mettre en lumière le rôle fondamental que jouent ces militants face aux violations des droits des femmes en matière de santé sexuelle et procréative, notamment en Pologne. « Ces personnes sont les seules garanties tant que l’Union européenne refusera de s’occuper de la question du droit à l’avortement » a souligné Sylvia Spurek Riba (Les Verts, écologistes). Même si les ultra-conservateurs font exception en dénonçant une pratique « contraire aux droits humains ». Seule mesure concrète proposée : la mise en place au niveau européen d’un système de protection des activistes de défense des droits. Mais pour le moment, l’Union européenne ne dispose que de compétences limitées dans ce domaine comme l’a rappelé la commissaire européenne à l’égalité Helenaa Dalli qui n’a pas manqué d’exprimer son inquiétude face « au recul » des droits des femmes en Europe.
« La Tunisie prend un cap politique inquiétant, et c’est le Président qui en est responsable », a affirmé Michaël Gahler, membre du Parti Populaire européen (PPE) dans l’hémicycle. Kaïs Saïed, président de la Tunisie depuis 2019, impose au pays une dérive de plus en plus autoritaire. En 2021, il s’est octroyé les pleins pouvoirs, et n’a eu de cesse depuis de multiplier les atteintes à la liberté de la presse. Le Parlement a été suspendu à l’été 2021, de nombreux opposants politiques ont été arrêtés, et des juges ont été démis de leurs fonctions. L’arrestation de Noureddine Boutar, journaliste directeur de la radio indépendante Mosaïque FM, début février, inquiète particulièrement les eurodéputés. Ils demandent la libération de Noureddine Boutar et de toutes les personnes qui ont été arrêtées ou condamnées.
Le Parlement demande également aux ministres des États membres de ne pas coopérer avec l'État et ses structures non démocratiques.
Les récents propos racistes du Président tunisien aux accents de grand remplacement ont également été condamnés par le Parlement européen. Suite à cette sortie, de nombreuses personnes originaires d’Afrique subsaharienne ont subi des violences et ont dû quitter le pays. Seul le député d’extrême-droite Thierry Mariani estime que les mots prononcés par Kaïs Saïed « n’en font pas du tout un raciste ».
Depuis le 12 décembre dernier, le corridor de Latchine (route principale qui relie le Haut-Karabagh à l'Arménie) est bloqué par l'Azerbaïdjan. Cette restriction à la liberté de circulation des civils et des biens est dénoncée par la Commission et le Parlement européen : « Ce lien vital avec l’Arménie est coupé et ne fait qu’empirer la situation humanitaire du peuple du Haut-Karabagh », explique le député Andrey Kovatchev (PPE, droite). Ce blocage a lieu sur fond de conflit entre ces deux pays qui se disputent ce territoire. Une guerre qui a pris fin le 10 novembre 2020 par un cessez-le-feu sans réel accord de paix.
Dans leurs résolutions, les eurodéputés invitent les deux pays à trouver rapidement un accord de paix et incitent l’Azerbaïdjan à stopper immédiatement le blocage du corridor de Latchine. L’Azerbaïdjan est également intimé de cesser son usage de la violence et de respecter le droit à l'autodétermination de la population du Haut-Karabagh. Mais les institutions européennes rappellent tout de même que des partenariats importants existent avec l'Azerbaïdjan notamment sur l’énergie fossile et qu’il est important de les préserver malgré le conflit. Quant à l'Arménie, l'UE insiste sur le fait que le pays se doit de s'éloigner de l'influence russe et continuer à développer ses liens commerciaux avec l'UE.
« Sauvez les abeilles et les agriculteurs », c’est le nom de l’initiative citoyenne européenne lancée entre juin 2019 et 2021, forte de plus d’un million de personnes, pour une « restauration des écosystèmes naturels, et une transition vers la production agroécologique ». Elle a été débattue, et prévoit une élimination progressive de 80% de l’utilisation des pesticides de synthèse, comme le glyphosate ou les néonicotinoïdes d’ici à 2030, et totale d’ici à 2035.
Pour l’eurodéputé Benoit Biteau (Les Verts, écologistes), « cette initiative démontre que les citoyens sont attentifs aux questions du climat, et pensent à la survie des paysans ». D’après ce texte, l’agriculture industrielle, par l’utilisation de ces intrants, est responsable de la disparition en masse des pollinisateurs. Parmi eux, les abeilles. Elles pollinisent plus de 170 000 variétés de plantes, permettant à tout notre écosystème d’exister : sans elles, la vie humaine sur terre, et notamment l’alimentation, serait compromise. La Commission a jusqu’au 7 avril pour décider si elle veut légiférer sur la question ou non.