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Certains eurodéputés touchent une retraite généreuse. © France-Marie Nott-Mas

Des changements dans l’agence

Ce vote favorable intervient un an après les scandales sur Frontex, révélés par l’Office de lutte européen contre les fraudes (Olaf). Son rapport accablant pointait alors la politique de l’agence en lui reprochant des refoulements illégaux aux frontières, des cas de harcèlement en interne, et un manque de transparence sur ses pratiques. Dans ce contexte, le budget 2020 avait été retoqué par les députés européens, une façon de sanctionner l’agence. « C’était l’éclatement des scandales, les enquêtes en cours, on découvrait et on confirmait la participation de l’agence Frontex aux refoulements illégaux », se souvient Saskia Bricmont. Suite aux révélations, le directeur d’alors, le Français Fabrice Leggari a donné sa démission. Un nouveau directeur néerlandais, Hans Leijtens, a été nommé fin d’année dernière et des améliorations, notamment dans la gestion du personnel de l’agence, ont été soulignées par les eurodéputés. Aussi, un conseil de surveillance composé de quatorze eurodéputés a été mis en place « La nouvelle direction a fait un travail excellent », selon l’autrichienne Angelika Winzig (PPE, droite). « Nous ne pouvons garantir notre liberté en Europe qu’avec une agence comme Frontex », poursuit-elle.

Le vote a été sans appel ce mercredi 10 mai. À 498 voix pour et 82 contre, les eurodéputés ont approuvé l'utilisation du budget de l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex) en 2021. Une validation du budget qui pourrait sembler anecdotique, mais qui rend compte de « l'utilisation de l’argent public européen », confie l’eurodéputée Saskia Bricmont (Les Verts, écologistes) pour qui « cela relève donc d’une importance politique majeure ». L’année dernière, l’agence avait essuyé de vives critiques suite aux révélations sur un fonctionnement et des pratiques présumées illégales, à tel point que les parlementaires avaient retoqué son budget. Car Frontex n’est pas une agence comme les autres. L’organe qui a pour mission de surveiller les frontières de l'Union européenne est aujourd’hui la plus dotée financièrement et a vu son budget exploser ces dernières années. En dix ans, son budget est passé de 118 millions d’euros en 2011 à 544 millions en 2021. À l’horizon 2027, le budget annuel sera de 900 millions d’euros, preuve de l’importance prise par Frontex, notamment depuis les crises migratoires.

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L'année dernière Frontex était au centre d'un scandale de refoulements illégaux © Charles Donzé

Le Parlement européen a majoritairement approuvé les comptes de l’agence Frontex pour l’année 2021. Une manière pour les eurodéputés de tourner la page de la controverse et du scandale qui avaient éclaboussé l’agence l’année dernière.

Un an après les scandales, les eurodéputés ré-accordent leur confiance à Frontex

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Pour ce qui est du groupe Identité et Démocratie (ID), on fait la sourde oreille. En plus de Jean-Marie Le Pen, sa fille Marine touchera, grâce au FPV 1783 € (en plus de ses 4463 € de retraite d’eurodéputée). Un paradoxe quand on sait que ces eurodéputés n’hésitent pas à fustiger les éventuels gaspillages des ressources allouées par les États pour le budget européen. Interrogé sur ces questions, Jordan Bardella, eurodéputé ID, a botté en touche : «Nous n’en avons pas encore parlé au sein de notre groupe parlementaire, mais peut-être qu’on pourrait voter contre le renflouement de ce fonds.»

Le FPV, un boulet pour le Parlement

L’avenir de ce fonds de pension est incertain. «Le régime de pension complémentaire [...]est en voie de suppression», résume de façon très laconique le site du Parlement. Une autre manière de dire qu’il sera enterré le même jour que son dernier bénéficiaire. Mais cette position attentiste ne suffit plus, vu l’ampleur du déficit : il s’élèverait à 313 millions d’euros, menaçant de faire faillite d’ici fin 2024. Investigate Europe a révélé qu’en avril dernier, le secrétaire général du Parlement s’était saisi du problème, mettant sur la table plusieurs hypothèses afin de le renflouer. La première, c’est que le Parlement règle la totalité de l’addition, donc sur les deniers publics. La deuxième option consisterait à vendre tous les actifs du fonds pour effectuer un paiement unique aux bénéficiaires, afin d’en finir avec un problème gênant. Dernière option : diminuer le montant des retraites, pour éviter de trop piocher dans les caisses de l’hémicycle.

Jean Lebreton et France-Marie Nott-Mas

Les parlementaires européens face au scandale du fond de pension volontaire

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Plusieurs centaines d’eurodéputés toucheront une retraite pouvant aller jusqu’à 13 700 euros par mois. Un généreux système permis par le fonds de pension volontaire mis en place en ...

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