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Les munitions manquent dans l’Union européenne. Missiles, obus... les États membres ont écoulé leur stock pour venir en aide à Kiev depuis le début de l’invasion russe. Pour y répondre, un fonds de 500 millions d’euros doit être débloqué en urgence. Son nom : le plan ASAP.

Les munitions manquent dans l’Union européenne. Missiles, obus... les États membres ont écoulé leur stock pour venir en aide à Kiev depuis le début de l’invasion russe. Pour y répondre, un fonds de 500 ...

Le Parlement européen à la chasse aux pesticides. © Coline Playoust / Milan Derrien

La Commission en rajoute une couche sur le greenwashing

Pour compléter ce premier texte qui réglemente, entre autres, le greenwashing dans le commerce, un second a été proposé par la Commission européenne en mars 2023. Celle-ci propose de nouvelles mesures comme l’obligation pour les entreprises de prouver le bien-fondé de leurs slogans commerciaux comme “éco responsable” ou “neutre en émission carbone”, via un QR code ou un lien vers un site internet. Ainsi le consommateur pourrait lui-même vérifier la véracité de ces allégations. La Commission propose également de mieux réglementer les labels environnementaux. Ces étiquettes, supposées renseigner le public sur le respect de l’environnement de leurs produits, sont souvent créées par les entreprises elles-mêmes, et n’ont donc aucune valeur informationnelle réelle. Une vérification indépendante et officielle de ces labels serait instaurée, en amont de leur publication sur des étiquettes.

« Que les gens de la Commission sortent de leur bureau »

Dans un style plus sobre, son collègue Herbert Dorfmann, spécialisé dans l’agriculture, cherche à arrondir les angles. « Tout n’est pas parfait dans les pratiques actuelles et nous pouvons encore améliorer les choses, explique-t-il. Mais les agriculteurs sont les mieux placés pour savoir comment utiliser les sols de manière durable. »

Et de viser Bruxelles : « Il faudrait que les gens de la Commission sortent de leur bureau pour aller voir dehors ce qu’il se passe vraiment dans les champs », assène-t-il face à Mairead McGuinness, commissaire européenne chargée des Finances, venue assister au débat. « Où donc est le commissaire de l’agriculture, Janusz Wojciechowski ?, reprend l’eurodéputé Lins, sa voix résonnant dans un hémicycle presque vide. Où se trouve-t-il ? Où se cache-t-il ? C’est une question de respect ! »

La droite pointe tout particulièrement du doigt l’objectif affiché par la Commission européenne de diminuer drastiquement l’usage de produits phytosanitaires de 50% d’ici à 2030.

Autre point de crispation, la réintroduction de haies, d’arbres et de petits étangs en vue de favoriser la présence des insectes et oiseaux. Une hérésie pour ces parlementaires : « Nous sommes en train d’en demander trop aux agriculteurs ! », fulmine Norbert Lins.

[ Plein écran ]

Le parlement a voté l'obligation pour les entreprises de prouver les affimations de leurs étiquettes. 

«  Laissez travailler les agriculteurs !  », tempête Norbert Lins, eurodéputé de la droite européenne.

Furieux et offensifs, lui et ses collègues du Parti populaire européen (PPE) ont réquisitionné l’hémicycle du Parlement européen pour se faire les porte-voix de la cause des agriculteurs. Dans leur viseur : deux législations actuellement en cours de négociation à Strasbourg sur la réduction des pesticides et la promotion de la biodiversité.

« Ça ne va jamais assez loin, assez vite »

Malgré les avancées que représente la proposition, les associations écologistes soulignent certaines lacunes. Rémi Demersseman déplore par exemple le fait que les entreprises puissent continuer à étiqueter leurs produits comme “zéro carbone”, alors qu’elles se contentent de planter des arbres pour compenser leurs émissions de CO2. Pour lui, « planter des arbres pour les couper au bout de cinq ans et faire du bois, c’est une connerie sans nom. L’impact écologique est nul », s’exclame-t-il.

« Comme toute démarche de ce type-là, c’est très bien, mais ça ne va jamais assez loin, assez vite », ajoute le président du collectif de lutte contre l’écoblanchiment. Le texte prenant la forme d’une directive européenne, chaque pays membre sera libre de remplir ces objectifs comme il le souhaite. Si la France dispose d’un système de sanctions plutôt strict (emprisonnement, amendes, ordres de retrait des produits du marché), ce ne sera pas forcément le cas de tous les États. Par ailleurs, le texte faisant consensus au sein des institutions européennes, le reste des négociations ne devrait pas poser de problème, permettant une application rapide.

Lisa Delagneau et Mathilde Lopinski

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