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Avec ses 95 millions d’habitants et sa position stratégique en Asie du sud-est, le pays est un partenaire de choix pour l’Union européenne (UE). Le Parlement européen réuni en session plénière à Strasbourg a largement approuvé mercredi 12 février l’accord de libre-échange entre l’UE et le Vietnam (401 voix pour, 192 contre et 40 abstentions) qui prévoit la suppression des barrières douanières entre les deux partenaires pour 2030. Près de huit ans de négociations ont été nécessaires aux deux parties pour finaliser ce premier accord avec un pays d’Asie du sud-est. "Cet accord est le plus complet et le plus ambitieux de ce type jamais conclu entre l’Union européenne et un pays en développement", s'est félicité Phil Hogan, le commissaire en charge du commerce. Il a expliqué que la suppression des taxes favoriserait les échanges entre les deux parties. Les exportations de l’UE vers le Vietnam augmentent déjà de 5 à 7 % chaque année. Le Vietnam pourra exporter plus facilement ses produits textiles et alimentaires, l’Union européenne ses voitures, produits chimiques et agricoles.

Les incohérences de la Commission

Mais pour certains cet accord de libre-échange entre frontalement en contradiction avec les ambitions environnementales de la nouvelle présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. "Ursula von der Leyen a insisté sur la prise de conscience écologique dans son discours d’investiture. Mais quand il s’agit de polluer à l’étranger, là ça ne pose pas de problème",  estime ainsi l'eurodéputé français Emmanuel Maurel (GUE/NGL, extrême-gauche).

Les eurodéputés souhaitent rattraper le retard de l'Union européenne au sujet des intelligences artificielles. © Léa Giraudeau

Sans grande surprise, le Parlement européen a approuvé, mercredi 12 février, l’accord de libre-échange entre l’UE et le Vietnam. Si les perspectives économiques d'une telle coopération n'ont pas été remises en cause, beaucoup d'élus se sont alarmés du respect des droits de l’homme et de l’écologie par ce pays d'Asie du sud-est.

Le Parlement approuve un accord de libre-échange controversé avec le Vietnam

13 février 2020

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Cette carte définit les limites des eaux territoriales du Royaume-Uni et de l'Union européenne. ©  House of Lords

Certains eurodéputés, à l’instar de ceux du groupe Identité et démocratie (Extrême-droite), considèrent que les capacités d’accueil en Europe sont dépassées. Pensez-vous qu’il faille modifier les procédures d'asile ?

Nous ne disons pas qu’il faut accueillir tout le monde mais les Etats membres doivent pouvoir déterminer rapidement qui a le droit à la protection, ou non. Or, plusieurs organisations croates nous ont dit qu’il était très difficile pour les migrants d’accéder aux procédures de demande d’asile. En théorie, selon la Convention de Genève, les demandeurs reçoivent une décision motivée et le droit de faire appel. Dans la pratique, les forces de l’ordre se contentent de refouler ces personnes.

La Croatie, dernier pays devenu membre de l’Union européenne en 2013, veut rejoindre l’espace Schengen. Pensez-vous qu’il y ait un lien entre cette candidature et la politique de fermeté ?   

Durant ce déplacement, j’ai pu échanger avec Davor Bozinovic, le ministre de l’Intérieur croate. Il avait une défense plutôt agressive, en disant qu’il n’avait pas d’autres possibilités pour maintenir ces personnes en dehors du territoire européen. Les Etats membres exercent une énorme pression sur la Croatie puisqu’aujourd’hui, la responsabilité revient au premier pays d’entrée. Il est important que l’UE change sa politique et crée davantage de solidarité.

 

Propos recueillis par Lucie Caillieret

 

Les différents partis politiques sont néanmoins d’accord sur un point : le financement d’une transition climatique est nécessaire, mais pas aux dépens des politiques historiques. Aujourd’hui, la Politique agricole commune (PAC) est le poste de dépense le plus important (38 % du budget total). Or, elle risque de diminuer. "Toutes les puissances mondiales soutiennent l’agriculture, a défendu Jérémy Decerle, ancien agriculteur et député français Renew (centre-libéral). La transition énergétique a besoin d’une PAC à la hauteur de ses moyens." À l’inverse, les eurodéputés espèrent augmenter les enveloppes accordées à d’autres lignes de crédit, comme Erasmus. Là encore, la bataille s'annonce rude. Alors que les parlementairs proposent de tripler les moyens alloués au programme d’échange universitaire, la Commission, elle, prévoit de les doubler seulement.

Antoine Cazabonne et Juliette Fumey

"Nous approuverons le Cadre financier seulement s’il y a un accord sur la réforme des ressources propres", a averti l’eurodéputé portugais PPE (droite) José Manuel Fernandes. L’introduction de nouvelles ressources crée des tensions entre le Parlement et le Conseil. "Des ressources propres, ça signifie forcément taxation, et il y a certains États pour qui rien que le mot taxe européenne est crispant", souligne Arnaud Danjean, eurodéputé français du PPE. Si les chefs d’État et de gouvernement ne s’accordent pas sur une telle réforme le 20 février, le Parlement pourrait refuser de donner son approbation, et bloquer le mécanisme d’adoption du Cadre financier pluriannuel. 

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a promis que 25 % du budget serait consacré à la lutte contre le changement climatique. Philippe Lamberts, président belge du groupe des Verts européens, est sceptique : "C’est une bonne nouvelle, mais si les 75 % restant aggravent la crise climatique. On est à côté de la plaque". Pierre Larrouturou, rapporteur social-démocrate français du budget est du même avis : "On veut financer un Green Deal, pas un Green Washing."

Michel Barnier a réagi aux propos des eurodéputés. © Léa Giraudeau

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