Chaque mois, c’est comme un rituel. 1500 valises de documents, 100 voitures de fonction, 705 eurodéputés et au moins 2 500 assistants parlementaires, journalistes et autres experts font le déplacement de Bruxelles à Strasbourg pour quatre jours, le temps d’une session plénière du Parlement européen. Mais le développement de l’épidémie de coronavirus en Alsace a changé ces habitudes. Le président du Parlement David Sassoli s’est résolu jeudi 5 mars à déplacer exceptionnellement la séance à Bruxelles. Le service médical de l’institution avait identifié des “risques significativement accrus pour la santé” dans la préfecture du Bas-Rhin.
Un précédent en 2008
Une telle décision est rarissime. Elle n’avait été prise qu’une fois auparavant, en août 2008 après l’effondrement d’une partie du plafond de l’hémicycle strasbourgeois. Elle relance le débat sur le siège unique du Parlement à Bruxelles, qui dépasse les étiquettes politiques. “Le coronavirus vient de remporter une bataille pour un siège unique du Parlement européen”, se félicitait le 6 mars sur Twitter le Hongrois Deli Andor (PPE, droite). Le Néerlandais Bas Eickhout (Les Verts) espérait la veille sur le même réseau : “Les Français vont-ils nous laisser tranquille ?”
Le Parlement européen a déplacé à Bruxelles sa session plénière de mars à cause de la propagation de l’épidémie de coronavirus en Alsace. Cette décision affecte l’économie strasbourgeoise, particulièrement l'hôtellerie et les taxis.
"Union européenne cherche financements." Une petite annonce sur laquelle eurodéputés, commissaires et ministres se penchent en ce moment. Pour faire l’Europe, il faut de l’argent. Les six prochaines années vont coûter cher. Problème : le départ du Royaume-Uni laisse un vide. Chaque année, ce sont plus de 10,5 milliards d’euros qui n’abonderont plus les caisses. Pourtant, il va bien falloir financer les grandes ambitions d’une Commission qui veut se parer d’un vert éclatant.
Tandis que la planète se réchauffe, la transition écologique est sur toutes les lèvres. Et le dernier mot revient aux eurodéputés, qui ne font pas front commun. Accord de libre-échange avec le Vietnam susceptible de faire grimper les émissions de gaz à effet de serre ? Approuvé ! Projets de gazoduc transnationaux qui semblent sortis d’un autre âge ? C’est signé !
Parmi les eurodéputés, beaucoup se demandent quand l'Europe passera des mots aux actes en matière environnementale. Pour l’instant, beaucoup de bruit pour rien.
Lola Breton