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Il est 11h30 aux Petites Cantines, rue Kuhn. Ils sont quatre en cuisine. C’est une grande première pour Naya qui participe à son premier atelier.“Les convives payent la contribution qu’ils souhaitent, il faut donner au moins un centime”, explique Jessica Poignard, co-responsable de l’établissement. En contrepartie, ils doivent contribuer à créer du lien social en étant actifs dans les discussions, en cuisinant ou en faisant la vaisselle.

Nouvel éclairage, rénovation du bâtiment et augmentation du nombre de magasins : la gare voudrait se hisser au standard européen mais aura du mal à y arriver.

La boucherie New Taybat, le garage Favopneu, l’épicerie Africain exotique, le restaurant Akabe… Premiers concernés par les promesses, ces petits commerçants n’ont jamais entendu parler d’aide envisagée. Et rares sont ceux qui sont au courant d’être dans un quartier prioritaire et ce qu’il en retourne. Ils étaient pourtant déjà là en 2015, mais rien n’a changé. “On avait lancé une newsletter, on a envoyé des courriers, avec retour de signature, concernant deux réunions avec les commerçants du QPV”, défend Christelle Ladenburger, chargée de mission sur le QPV Laiterie. Une communication visiblement sans grand succès.

Une étude de l’Eurométropole est en cours concernant une piste cyclable bidirectionnelle au niveau du tunnel Wodli, autre point de friction majeur entre cyclistes, piétons et voitures. D’autres projets sont sur la table pour fluidifier le secteur : de nouvelles lignes de BHNS et de tram ainsi que le nouveau réseau de pistes cyclables “ring vélo”, au centre des quais de l’Ill. Ces travaux, prévus à l’aube 2023, compliqueront un carrefour Wilson-Wodli déjà au cœur de nombreuses préoccupations. “Les flux seront complètement perturbés, explique Marie-Dominique Dreyssé. C’est un vrai micmac qui va se mettre en place.” Rien de bien inédit en fait.

Kilian Bigogne et Mina Peltier

La mairie souhaiterait faire de la Coop le “nouveau Berlin”, un espace artistique, jeune et attractif. Selon Zoé Bouchicot, c’est une “volonté de gentrification” qui se cache derrière ce projet. Une démarche qu’elle compare à celle opérée dans le quartier Gare dans les années 2000 et qui séduit certains artistes. Au Bastion XIV, Mathilde Cochepin s’y voit déjà. De retour de l’exposition “Résonance(s)”, la céramiste et illustratrice pour enfants déballe une tête de crocodile colorée. Dès la fin de son bail, elle prévoit de rejoindre les Ateliers bois du quartier Coop.

Le quartier de la Laiterie, de 13 hectares et 3 500 habitants, est classé depuis 2015 comme Quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV). Ce dispositif national vise à rendre plus attractives des zones socialement défavorisées. Pour atteindre cet objectif, trois piliers sont fixés : la cohésion sociale, le renouvellement urbain et le développement économique. À l’échelle de la Laiterie, le programme a été établi dans le contrat de ville de l’Eurométropole, signé par 43 partenaires institutionnels. Sur le papier, l’ambition économique est clairement énoncée : “Soutenir les commerces et services existants”. Parmi les priorités alors envisagées : encourager la création d’entreprises, valoriser les devantures et créer une association de commerçants. Huit ans plus tard, le bilan est décevant.

"Après tu peux bosser n’importe où dans le monde"

Comme chaque midi depuis 2012, N’Guyen Anza s’affaire à essuyer les derniers verres du service, derrière le grand comptoir de sa brasserie Au Gobelet d’Or, en plein cœur du quartier de la Laiterie. Il connaît bien ce secteur puisque ses parents ont repris le restaurant en 1988. Oui, je sais qu’on est dans un quartier prioritaire mais je n’ai jamais reçu d’aides de la part de la Ville, en tant que commerçant”, confie N’Guyen Anza. Il n’aurait pas refusé une aide pour remplacer prochainement les immenses baies vitrées, typiques mais vieillottes, de son établissement. Ce sera sur ses deniers propres.

Différents modèles d'économie sociale et solidaire coexistent au sein du quartier Gare. Des interrogations se posent quant à la pérennité de ces structures, toutes soumises à des contraintes financières.

La Coop : “le nouveau Berlin” ?

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