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Un an après son invasion, l’Ukraine peut-elle pousser les portes de l’UE ?


17 février 2023

Depuis sa demande d’adhésion en février 2022 à l’Union européenne, à la suite de l’invasion russe, l’Ukraine continue son rapprochement avec l’UE. Si la candidature du pays a été acceptée, les marches semblent encore dures à gravir avant de voir des députés ukrainiens rejoindre l'hémicycle européen. L’accélération de cette adhésion a fait débat au Parlement, à l’occasion des un an de la guerre.

“L’Ukraine est au centre de notre famille européenne.” Par ces quelques mots de l’eurodéputé néerlandais Malik Azmani (Renew, libéraux) le 15 février à Strasbourg, les parlementaires réitèrent leur soutien à l’Ukraine. Ils l’ont rappelé avec force dans une résolution. Ce soutien se traduit par une solidarité financière, économique et humanitaire, au peuple ukrainien. Un an après l’invasion russe, plus de 67 milliards d'euros d'aides ont déjà été fournis par l'Union européenne et les États membres à l'Ukraine. Dans cette enveloppe, une aide militaire de 12 milliards d’euros, avec notamment l’envoi de chars, d’équipements et de fournitures a été octroyée pour soutenir les efforts militaires de l’Ukraine. D’après Ursula von der Leyen, il s’agit de “garantir un flux constant d’aides financières tout au long de 2023”. Pour la présidente de la Commission, cet engagement européen s’inscrit également dans le long terme puisqu’il a pour ambition “d’intégrer nos économies, jumeler nos villes, connecter nos réseaux”. Car l’objectif a été fixé : un jour l’Ukraine doit rejoindre l’UE, mais quand ? 

Un accès aux négociations difficile 

L’invasion russe a accéléré le processus d’adhésion. Présenté officiellement en février 2022, son statut de candidat à l’UE a été validé à peine quatre mois après : un record. Certains États, eux, peuvent stagner dans les négociations pendant plusieurs années ; c’est notamment le cas de la Turquie et de la Macédoine du Nord. Désormais l’ouverture des négociations est la prochaine étape pour l’Ukraine. Le groupe libéral Renew a d’ailleurs fait pression pour que les négociations soient ouvertes le plus rapidement. L’eurodéputé français Stéphane Sejourné, président de ce groupe, avait demandé “à accélérer l’intégration de l’Ukraine, à réaliser des engagements concrets de coopération”. Mais la résolution adoptée ne tient pas compte de ces souhaits. Dans leur majorité, les députés avancent avec prudence et réaffirment seulement “leur attachement à l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne”.

Au sein du Parlement européen, la présidente de la Commission revient sur la solidarité des 27, un an après le début de l'invasion russe © Eric Vidal, European Union 2023 - Source : EP

Une adhésion qui requiert des réformes

Cette adhésion accélérée fait polémique au sein de l'hémicycle. “L'Ukraine ne pourra pas rentrer comme ça dans l’UE, ce n’est pas vrai. Il y a des étapes à respecter”, affirme l’eurodéputée française Karima Delli (Les Verts, écologistes). Pour Éric Maurice, responsable du bureau de Bruxelles de la Fondation Robert Schuman, la liste des exigences à remplir reste longue. “Ce n’est pas parce qu’un pays est candidat que les négociations s’ouvrent. Il y a des conditions à remplir qui sont liées aux critères de Copenhague.” 35 domaines sur lesquels l’Ukraine doit se réformer pour être au niveau des États membres : garantir l'État de droit, les droits de l'homme, l’environnement, l'éducation… Il faut une adaptation “économique et sociale compatible” avec le modèle européen afin de rejoindre “le marché unique, la libre circulation des biens, des services ou des capitaux” de l’UE, détaille Éric Maurice.

La corruption obstacle à l’intégration

L’un des points essentiel à améliorer pour rejoindre l’Union européenne demeure la lutte contre la corruption en Ukraine ; les réformes doivent combattre les accointances entre le monde politique et économique. Éric Maurice le rappelle “en juin dernier, les conditions étaient clairement posées pour l’Ukraine. Il faut lutter contre la corruption, les conditions d’attribution de marché publics.” Il y a deux semaines encore, une affaire de pots-de-vin a éclaté au sein du ministère de la Défense ukrainien. Des mesures ont été prises et deux vice-ministres ont été licenciés.

                  Aléxia Lamblé et Camille Perriaud

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