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L'appel du potager

28 mai 2020

L'appel du potager

Pendant deux mois, les Bas-Rhinois ont pu renouer avec leur jardin. Certains ont appris à leurs enfants à jardiner. D'autres s'y sont mis eux-mêmes pour la première fois.

 

Paroles de bricolos

 

Bon nombre de Bas-Rhinois ont pu retrouver ces derniers mois le plaisir des activités manuelles et mener à bien leurs projets.

 


Intervention d'Éric Bothorel, député de la 5e circonscription des Côtes d’Armor, à la tribune de l'Assemblée nationale lors de la présentation de la stratégie nationale de déconfinement par le gouvernement.

 

Un cadre juridique "brutal"

 

Le 23 avril dernier, de nouvelles normes pour les équipements de protection individuelle (EPI) ont été établies par le gouvernement. Adapté aux recommandations de la Commission européenne, ce texte remplit un vide juridique dans lequel se trouvait la production des makers. La fabrication et le don de visières ne sont pas interdits mais deviennent plus compliqués. Les makers craignent désormais d’être poursuivis pour concurrence déloyale ou travail dissimulé. Le texte a généré un vif ressentiment chez eux. Quentin Lehmann dénonce l'influence du “lobby de la plasturgie”. Quant à Farid Maniani, il résume non sans ironie : “C'est brutal. C’est comme si on disait aujourd’hui merci à une infirmière pour son travail et que, sans lui dire, on démantelait son hôpital…” Toujours est-il que, comme le remarque le journal Contrepoints, l'Europe est à la traîne par rapport aux États-Unis. Outre-Atlantique, un masque de fabrication 3D a rapidement été certifié pour tout le pays et les plans ont été mis en libre accès.

Valentin Béchu

 

Dans le regroupement de paroisses de Rosenmeer, les fidèles et prêtres catholiques ont, dès le 15 mars, créé une véritable communauté virtuelle. Lorsque le journaliste de télévision Marc Jonas filme avec brio les messes en direct sur Facebook, Victor Weiss, créateur de site freelance, gère les commentaires postés en direct, transmet les textes bibliques à lire et publie les intentions de prière. Quant à Annette Herr, elle organise sur Zoom le partage biblique qui a lieu tous les vendredis à 20h.

Dans le regroupement de paroisses du Rosenmeer, les fidèles et prêtres catholiques ont, dès le 15 mars, créé une véritable communauté virtuelle. Lorsque le journaliste de télévision Marc Jonas filme avec brio les messes en direct sur Facebook, Victor Weiss, créateur de site freelance, gère les commentaires postés en direct, transmet les textes bibliques à lire et publie les intentions de prière. Quant à Annette Herr, elle organise sur Zoom le partage biblique qui a lieu tous les vendredis à 20h. La messe en ligne profite à certaines paroisses qui peuvent accroître leur influence grâce aux réseaux sociaux.

Se conformer est aussi un gage de confort et de sécurité auquel il n'est pas évident de renoncer, comme le souligne Solal, un étudiant en chimie de 19 ans. "Pour moi, dans cette société, on a l'habitude de donner un avis à partir du physique, sans connaître la personne. Donc si on est présentable, on ne peut pas susciter un point de vue négatif au premier abord."

Déconstruire pour ne pas subir

Ce qu'évoque le jeune homme a un nom : c'est l'effet de halo, une erreur de jugement qui pousse à se fier à sa première impression d'une personne. Il vaut donc mieux soigner ses traits les plus visibles... et donc son apparence. Bien conscient de ce phénomène, après le confinement, Solal a recommencé à se raser tous les trois jours, "obligé" par la présence des autres.

Où trouver la force de remettre en question ces normes si confortables ? Charlotte*, 27 ans, souligne l'importance de sa pensée féministe dans son rapport à son corps et aux exigences qui pèsent sur lui. "Je ne suis plus autant maquillée qu'avant. C'est l'âge qui a changé ça. Je me suis rendu compte que ce n'était pas une obligation, j'ai eu le temps de me politiser, de voir que c'était la société qui m'imposait ça", confie la jeune Strasbourgeoise. Malgré son engagement, Charlotte avoue ne pas parvenir à se soustraire à certaines injonctions, la plus problématique étant pour elle l'épilation. "Je ne vais jamais ramener un mec chez moi si je ne suis pas épilée. Il y a une pression de dingue : la peur de choquer le gars, de dégoûter..."

Les normes corporelles continuent à conditionner les corps des femmes comme des hommes, confinés ou déconfinés, engagés ou non. La tendance bodypositive de plus en plus visible sur les réseaux sociaux laisse cependant espérer un assouplissement auquel participe notamment le collectif féministe Liberté, Pilosité, Sororité qui a profité du confinement pour encourager les femmes à laisser pousser leurs poils. Et à aimer leur corps au naturel.

Marion Henriet
Arthur Jean

*le prénom a été modifié

Même s’il est natif de Reichstett, Vincent, alias "MacCraft", 19 ans, s’est, lui, lancé dans la reproduction de la célèbre place de la République de Strasbourg, surtout son Palais du Rhin et ses jardins, allant même jusqu’à reproduire la spirale Warburg. Attaché à ce patrimoine, l’étudiant en sciences politiques a l’ambition de faire entrer à sa façon Strasbourg sur la scène mondiale : “Dans ce projet on partage tout, chaque pays a ses traditions, ses façons de construire, c’est une magnifique manière de voyager.”

“C’était aussi l’occasion de retourner sur Minecraft, par nostalgie probablement”, témoigne Thomas, alias "eyermann.png", 21 ans. L’étudiant en informatique a choisi pour sa part de reproduire le Gœrsdorf de son enfance, un petit village à l’extrême nord de l’Alsace. “Je me suis dit : ‘Tiens, c’est marrant, je vais aller voir à quoi ressemble mon village sur Minecraft'. J’ai trouvé ça plus intéressant de reproduire une petite commune que personne ne connaissait plutôt que de faire Strasbourg.” En tout, "eyermann.png" a recréé une trentaine de bâtiments, du croisement de la rue du Tir et de la rue du Moulin jusqu’à l’école-mairie avec sa cour de récréation. Il a même respecté la couleur des façades des maisons.

Après plus de deux mois de labeur solidaire et des milliers de visières confectionnées, les makers du Bas-Rhin préparent, eux aussi, l’après. Ces adeptes du “faire soi-même” veulent aujourd’hui pérenniser les liens nés de l’urgence sanitaire et démocratiser l’impression 3D, une technologie encore obscure pour le grand public.

Mi-mars, alors que l’épidémie vient de faire ses premières victimes dans le Grand Est, Quentin Lehmann se dit qu’il peut se rendre utile. Ancien cadre informatique chez Lidl, il veut devenir entrepreneur dans l’impression 3D. Il intègre alors la plateforme nationale d'entraide “Maker - Covid 19” lancée le 16 mars à l'appel d'un youtubeur et, très vite, entreprend de rassembler les bricoleurs high-tech dans le Bas-Rhin. Objectif : mettre en relation plus efficacement les travailleurs essentiels et les makers* qui n’appartiennent pas à un Fablab**. Très rapidement, les demandes - pour des visières de protection essentiellement - affluent sur la page Facebook.

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