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Récolter ses propres légumes est bon pour la confiance en soi. © DR

C’est la démarche du festival Summerlied à Ohlungen qui invite depuis 25 ans des artistes régionaux. Isabelle Grussenmeyer devait s’y produire au mois d’août mais l’événement a été annulé comme tous ceux de la saison auxquels elle devait participer. Elle souhaite donc mettre ce temps à profit pour développer sa chaîne et léguer ce patrimoine linguistique fragilisé par la baisse constante de dialectophones. Cependant, la demande est là. "On voit des jeunes parents qui ne pratiquent plus mais qui veulent quand même transmettre ce dialecte", explique Isabelle Grussenmeyer. "Il y a une prise de conscience pour entretenir la langue."

Claire Birague
Léa Giraudeau

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Les enfants aussi peuvent prendre du plaisir en jardinant. © 9lnw/Pixabay

Une alternative viable donc, mais pas pour tous les niveaux, selon le professeur : “Les élèves qui débutent c’est trop compliqué. Il faut être à côté d’eux, leur montrer sur les cases.” Pour d’autres, ce n'est pas l'expérience qui constitue un obstacle, estime Anouck, professeure de violoncelle à Strasbourg. “Mes élèves les plus âgés n’ont pas confiance devant la caméra, ils ont parfois peur de se filmer”, indique-t-elle. À 28 ans, elle enseigne au Centre musical de la Krutenau et à l’École de musique Saint-Thomas à la Petite France. Avec le confinement, elle aussi s’est mise aux cours à distance, mais avec l’avantage de l’expérience. Plus jeune, elle avait déjà suivi des leçons de violoncelle en visioconférence lorsqu’elle étudiait aux États-Unis. La jeune femme a donc pu faire face aux problèmes techniques inhérents à ce format. “Skype et Zoom sont basés sur la voix humaine, donc on ne peut pas entendre certains sons graves ou aigus.” À cette contrainte s’ajoute le décalage sonore entre les participants, qui élimine la possibilité de jouer à l’unisson.

Anouck a donc dû poser son instrument et apprendre à “tout faire passer par la voix. Il faut être encore plus dans l’observation”, assure-t-elle. Mais cela ne suffit pas à pallier tous les problèmes des réunions virtuelles. La professeure a donc mis en place un nouvel exercice, également à distance : l’échange d’enregistrements. Ses élèves lui envoient une vidéo de leurs performances, qu’elle commente en retour pour donner des pistes de travail. “Ce que je trouve génial dans ce système, c’est qu’ils doivent plus s’écouter eux-mêmes donc ils prennent seuls conscience de certains problèmes.” Convaincue par l’importance de cet aspect, elle souhaite poursuivre cette méthode d’apprentissage lorsque les écoles de musique rouvriront : “C’est quelque chose qui peut être intéressant, il ne faut pas le diaboliser. L'enseignement musical doit majoritairement et impérativement se faire en direct, mais certains outils peuvent être utiles.”

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Didier Helmstetter, affaibli après un accident cardiaque il y a quelques années, explique sur Youtube comment jardiner sans effort. © Didier Helmstetter

La première vidéo d’Isabelle Grussenmeyer comptabilise 1 281 vues.

De leur côté, les producteurs et maraîchers du Bas-Rhin se réjouissent. “Malgré la perte de certains clients, partis se confiner ailleurs, nous avons doublé notre chiffre d’affaires pour le mois d’avril 2020, par rapport à celui de 2019”, affirme Mathieu Fritz, producteur de fruits et légumes à Obenheim. Pour Jean-Pierre Andrès, maraîcher à Strasbourg, plusieurs facteurs expliquent la venue de ces nouveaux clients : “On a eu ceux qui recherchaient des légumes frais mais qui ne pouvaient plus aller au marché, ceux qui ne voulaient pas faire la queue devant les grandes surfaces, ceux qui nous ont découverts en essayant de faire leurs courses le plus près de chez eux.” Tous deux espèrent désormais que leurs commerces ne resteront pas des plans B.

Marie Vancaeckenbergh

La continuité comme mot d’ordre

“L’objectif, c’est que les élèves puissent travailler.” La continuité de l’apprentissage musical reste l’enjeu principal de ces nouvelles méthodes, selon Mélanie Decq, professeure de trombone à l’école de musique de Sélestat. À la tête de l’Ensemble de musique actuelle de l’école, elle a été contrainte d’adapter ses méthodes de travail pour faire vivre son groupe de 18 élèves. Mélanie Decq leur a donc soumis l’idée de réaliser un clip collectif mais chacun depuis chez soi. Quinze d’entre eux ont répondu à l’appel. “On n’a pas pu faire le concert de fin d’année qui était prévu pour le mois de juin, donc le clip, c’était une façon d’avoir un objectif”, explique-t-elle. 

Choristes, flûtistes, pianistes, batteurs, trombonistes, trompettiste et ukuléliste se sont donc enregistrés individuellement. Les pistes ont ensuite été synchronisées au montage par Mélanie Decq. Pour ce projet, c'est le titre Donnez-moi des Frangines qui a été retenu par la professeure. “C’était sympa d’en faire un clip pour montrer qu’on peut travailler malgré le confinement", sourit-elle. Mis en ligne le 10 avril sur YouTube, le clip compte près de 4000 vues à ce jour

“On ne savait pas combien de temps ça allait durer, il fallait trouver une solution et ça a fait une bonne surprise aux élèves”, indique la tromboniste. “J’étais un peu démotivée pendant le confinement donc j’étais contente d’avoir un projet comme ça”, confie Tess, 17 ans, dont la soeur Nelly, 13 ans, a également participé à la vidéo en tant que chanteuse. "Je n’ai pas vraiment eu de difficultés. C’est une partition assez facile, et on a fait comme quand on est à l’école : on écoute la chanson originale et on joue par-dessus. Du coup c’est assez simple pour se caler. Je me suis entraînée jusqu’à ce que je ne fasse plus de fautes au moment de l’enregistrer.” Mais ça, c’était une tout autre affaire. “Quand on a commencé à se filmer, on rigolait tout le temps”, se rappelle Tess. Il aura donc fallu plusieurs tentatives aux deux soeurs avant d’avoir la prise parfaite. 

Nathan Bocard
Lucas Jacque

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