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Abordant une nouvelle fois la question des morts en Méditerranée, les eurodéputés ont dénoncé le manque de coordination des Etats membres en matière de sauvetage en mer des migrants.

« 677 morts. C'est le nombre de personnes qui ont péri cette année en Méditerranée. Combien de débats devons-nous encore réclamer au Parlement ? », s’indigne l'eurodéputée belge Bricmont Saskia (Verts/ALE, écologistes), ce mardi 18 mai, au Parlement européen, dans le cadre d’un échange sur les opérations de sauvetage des migrants.

Des actions européennes inefficaces

Printemps arabes, crise en Syrie, pauvreté. Depuis 2014, des centaines de milliers de réfugiés ont pris la mer, sur des petits canaux gonflables, pour fuir leur pays et atteindre l’Europe. Beaucoup y ont laissé la vie. Selon l’Organisation internationale pour les migrations, plus de 20 000 personnes s’y seraient noyées, ces sept dernières années. Pour les eurodéputés, une meilleure coopération et plus de solidarité entre les Etats membres auraient pu empêcher de nombreux morts.

Face à l'afflux de migrants, les pays du Sud de l'Europe ont souvent dû faire des efforts financiers significatifs pour renforcer leurs capacités d'intervention et de sauvetage en mer. Pour les aider, la Commission a augmenté les moyens de l’agence Frontex, chargée du contrôle et de la gestion des frontières extérieures à l’Union européenne. Mais, cela n'a pas suffit à faire décroître le nombre de morts en mer. L’agence est par ailleurs soupçonnée d’avoir refoulé des migrants avant de les renvoyer en Libye où un grand nombre d’entre eux risquent la torture et la mort en détention.

Une fracture entre les groupes politiques

Dès lors, comment mettre fin aux décès en mer ? D’un côté, la droite, l’extrême droite, le centre-droit et les libéraux proposent de prendre le problème à la racine et d’empêcher le départ des migrants de leur pays d’origine. L’eurodéputée belge Kanko Assita (ECR, conservateurs) affirme : « Attaquons les passeurs, concluons des accords avec nos partenaires, construisons de la stabilité où il y a de la guerre. » D’un autre côté, les groupes des sociaux-démocrates, des écologistes et de la gauche anti-libérale appellent à la création de voies de migrations légales afin de garantir une arrivée sûre des réfugiés en Europe. L’Autrichienne Vollath Bettina (S&D, sociaux-démocrates) ajoute que ces routes « pourraient rendre le travail des trafiquants superflu. »

Ces désaccords freinent les négociations entre le Parlement et les Etats membres sur le nouveau Pacte de migration et d’asile. Un texte, proposé par la Commission, en octobre dernier, qui appelle les Européens à faire preuve de plus de coopération et de solidarité.

Cindel Duquesnois

Alors que les plans de relance des États membres sont examinés en ce moment par la Commission européenne, les eurodéputés ont réaffirmé leur volonté d’être davantage associés à ce processus. 

Le plus ambitieux des plans de relance jamais adopté ne peut se faire sans le Parlement européen. C’est, en substance, ce qu’ont rappelé les eurodéputés à la Commission, à la faveur d’un débat en session plénière le 18 mai. Inédit tant dans son ampleur que dans son ambition, le plan de relance européen de 750 milliards d’euros, destiné à relancer l’économie du continent face à la pandémie, a été adopté le 21 juillet dernier par les chefs d'Etat et de gouvernement. Pour en bénéficier, les Etats membres avaient jusqu’au 30 avril pour déposer leur plan d’investissements nationaux auprès de la Commission. À elle désormais de les évaluer au regard de critères d'éligibilité comme le respect de l’Etat de droit ou la prise en compte de la protection de l’environnement.

Un manque de transparence

Sans contester le principe du plan de relance, les eurodéputés regrettent de ne pas être assez associés à son examen. « Malheureusement le Parlement n’a pas eu son mot à dire dans le processus de décision. La transparence n’a pas été présente », déplore l’eurodéputé allemand Manfred Weber, à la tête du principal groupe politique du Parlement, le PPE (centre droit). Les eurodéputés qui supervisent le budget de l'Union se considèrent également dépossédés de cette compétence. « C’est notre rôle de contrôler le budget, rappelle Dacian Ciolos, le président du groupe Renew (libéraux), « nous ne sommes pas là dans une bagarre institutionnelle, nous devons nous assurer ensemble que ce plan rentre bien dans les grands projets européens de chaque région. »

Par ailleurs, les eurodéputés mettent en avant leur rôle de représentants des citoyens pour justifier de ce droit de regard. « Il faut que ce plan européen jouisse d’une forte légitimité démocratique et celle-ci viendra du parlement » a ainsi indiqué l’eurodéputé belge Philippe Lamberts (Les Verts/ALE, écologistes).  

Une volonté de rapidité 

« Pour que la mise en œuvre des plans de relance soit bonne, il faut être rapide », se défend Valdis Dombrovskis, le commissaire européen au commerce. Il rappelle que l’accord conclu entre « le Conseil et le Parlement ne prévoit pas d’évaluation préalable des plans individuels par ce dernier » tout en s'engageant « à maintenir un maximum de transparence. »

La Commission dispose désormais de deux mois pour évaluer les plans de relance des États membres avant de les soumettre au Conseil qui les validera à la majorité qualifiée. L’objectif est que les premiers préfinancements des plans puissent arriver avant la fin de l’été. 

Juliette Lacroix

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La crise sanitaire a révélé les fragilités industrielles de l'Europe. La Commission européenne s’engage à y remédier en renforçant la souveraineté économique du continent.

« Nous avons mis à jour la stratégie industrielle en tirant des leçons de la pandémie » a déclaré Margrethe Vestager, la vice-présidente de la Commission européenne, face aux eurodéputés le mardi 18 mai. Le programme qu'elle est venue présenter au Parlement européen est une version amendée d'une première proposition de mars 2020. Les députés avaient alors demandé à la commissaire de revoir sa copie. La hausse mondiale de la demande de certains produits (masques chirurgicaux, médicaments, respirateurs d’oxygénothérapie…) avait alors provoqué des pénuries sur le continent, mettant en évidence sa dépendance aux importations étrangères.

Relocaliser l’industrie européenne

Margrethe Vestager a admis que l’Union européenne était toujours tributaire des importations de 137 produits indispensables, dont 34 dans le domaine de la santé. Pour y remédier elle a promis des investissements supplémentaires, notamment dans les secteurs pharmaceutiques et sidérurgiques. En outre, la Commission souhaite mieux lutter contre la concurrence déloyale des pays tiers qui subventionnent excessivement leur exportation, en contradiction avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce. Dans le but de débusquer les tricheurs, elle annonce vouloir lancer des enquêtes pour retraçer le financement des exportations étrangères.

Les mesures protectionnistes divisent

Pour l’eurodéputé français Manuel Bompard, (GUE/NGL, la gauche), mener des enquêtes n’est pas suffisant. Il est nécessaire de rétablir des droits de douane à l’entrée de l’Union européenne : « Il faut plutôt des formes de protectionnisme, pour prioriser les productions européennes. » À l’inverse, pour l’eurodéputé français Jean-Christophe Grudler, (Renew, libéraux) : « Il faut éviter d’incarner une Europe naïve, sans pour autant mettre en place des normes protectrices. Ce sont les exportations qui font la richesse de l’Union européenne. »

Si les nouvelles propositions de la Commission en matière industrielle ont globalement été saluées par les députés, certains ont néanmoins regretté que le projet manque d’ambition et demeure trop flou sur son application concrète. La version finale de la nouvelle stratégie industrielle européenne devra être soumise pour accord au Parlement et aux Etats membres avant 2022.

Laure Solé

Pour les eurodéputés, il faut mettre fin aux accords migratoires signés entre des Etats membres et des pays tiers, et dont peuvent découler de graves violations des droits de l'homme.

« Les arrangements entre des pays de l’Union européenne et des pays tiers entraînent de la torture. » a regretté mardi 18 mai l'eurodéputée néerlandaise Tineke Strik (Verts/ALE, écologistes), lors de l'adoption de son rapport sur la politique migratoire de l’Union européenne. Celui-ci appelle à mettre fin à la signature d’accords informels entre des pays membres, et des Etats tiers sur le refoulement de migrants. Conclus en l’absence de contrôles parlementaires et judiciaires, ces accords peuvent donner lieu de graves violations des droits humains. L’Italie coopère ainsi avec la Libye, en lui allouant des fonds pour des projets de développement, en échange du contrôle des migrants cherchant à rejoindre l'Europe. Ces derniers doivent ensuite souvent subir des conditions de détention dénoncées par plusieurs ONG comme cruelles et arbitraires. Le problème est ici double : les droits des migrants sont violés et des pratiques abusives sont financées avec des fonds de l’Union européenne.

Davantage de transparence

Les parlementaires attendent de la Commission européenne qu’elle favorise la signature d’accords formels, respectant les valeurs de l’Europe des 27. Ils plaident aussi pour une transparence accrue du budget européen accordé à l’immigration. Pour l’eurodéputée portugaise Isabel Santos (S&D, sociaux-démocrates) : « il faut contrôler la sous-traitance de nos responsabilités. L’argent du contribuable ne saurait financer des violations des droits humains ».

Pour Raphaël Shilhav, chargé de plaidoyer chez Oxfam, le rapport du Parlement européen est surtout un moyen de faire le point sur la politique de l’Union européenne depuis la crise migratoire de 2015 « Il ne changera rien au comportement des Etats membres de l’Union européenne, mais permettra de faire connaître à plus grande échelle les agissements des pays concernés ». 

En dépit des réserves de l’extrême droite et des souverainistes, le rapport a été adopté à une large majorité par le Parlement européen « Nous sommes tous d’accord sur le respect des droits de l’homme, on ne peut pas les remettre en question » assure l’eurodéputé luxembourgeois Charles Goerens (Renew, libéraux).

A présent, c’est à la Commission européenne de s’emparer du problème. Le commissaire Olivér Varhelyi, présent lors du débat, devrait engager des premières discussions avec des institutions de coopérations internationales le 15 juin prochain.

Elise Coussemacq

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Les relations entre la Turquie et l’Union européenne sont tendues depuis plusieurs années. Cette semaine, les eurodéputés ont critiqué le recul de la démocratie et des libertés dans le pays. 

« Il faut que la Turquie retrouve le chemin de la démocratie ». L’eurodéputé espagnol Nacho Sánchez Amor (S&D, sociaux-démocrates) a donné le ton du débat sur les relations entre cet Etat et l’Union européenne qui s’est tenu mardi 18 mai à Bruxelles. Les eurodéputés ont pointé la « régression des libertés fondamentales et des droits de l’homme » qui éloigne de plus en plus le pays des objectifs d’adhésion.

La Turquie est candidate pour intégrer l'Union européenne depuis 1987. Les négociations, d’abord fructueuses, ont connu un premier coup d’arrêt au milieu de la décennie 2000, lorsque certains gouvernements européens ont commencé à se montrer hésitants sur l’opportunité d’un élargissement turc. Puis les relations se sont considérablement dégradées après la tentative de coup d’Etat en Turquie en 2016, qui a conduit à la dérive autoritaire du régime du président Recep Tayyip Erdogan. Les critiques du Parlement interviennent à un moment où les relations tendent à s'apaiser, notamment suite à la visite du président du Conseil, Charles Michel, et de la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, le 6 avril dernier à Ankara. 

Divisions autour du processus d’adhésion 

Si tous les groupes politiques s'inquiètent du recul des libertés en Turquie, certains parlementaires veulent durcir le ton. L’eurodéputée allemande Öezlem Demirel (GUE/NGL, extrême-gauche) demande ainsi à ce que « les violations des droits de l’homme aient plus de conséquences ». L’eurodéputé français Arnaud Danjean (PPE, centre-droit) va encore plus loin en appelant à « mettre fin au mythe du processus d’adhésion ». 

Pour la majorité des eurodéputés, il n’est toutefois pas question d’arrêter les négociations : le processus se poursuit mais ils ont fait savoir qu’ils resteraient vigilants sur le dossier. « Avoir les Turcs sur la liste d’attente et engagés dans le processus d’adhésion permet de garder un instrument d’influence sur les positions internes de la Turquie, en usant tour à tour du bâton et de la carotte » estime ainsi l’eurodéputé polonais Witold Jan Waszczykowski (ECR, conservateurs), en accord avec la stratégie jusqu'ici privilégiée par la Commission européenne.

Séverine Floch

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