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Un débat au Parlement européen a eu lieu à l'occasion de la Journée mondiale de la presse, le 3 mai. © Juliette Vienot

La route est encore longue avant que ces projets législatifs n’entrent en vigueur. « Encore embryonnaires, il est très important que ces initiatives de bonne volonté de la Commission soient soutenues par les États-membres », souligne Tom Gibson. Le représentant du Comité pour la protection des journalistes auprès de l’UE ajoute que « le plus important, c’est que les journalistes voient des différences dans leur vie professionnelle suite aux réformes de l’UE ».

Delphine Schiltz et Juliette Vienot

Un Media Freedom Act très attendu

Par ailleurs, la Commission prépare une loi européenne sur la liberté des médias. Ce Media Freedom Act devrait être présenté à l'automne 2022. Beaucoup de mesures devraient concerner le secteur économique : la transparence sur la propriété des médias, la question des aides publiques et de la publicité d’État. Le texte devrait aussi traiter de l’indépendance éditoriale des rédactions et de la lutte contre la désinformation. Les ONG de défense de la presse espèrent que le texte s’inspirera du principe de conditionnalité des subventions européennes au respect de l’État de droit. « On aimerait vraiment que les violations en matière de liberté de la presse puissent amener à la suspension des aides européennes », précise Julie Majerczak.

La menace russe plane sur l’Afrique occidentale et sahélienne

« Il faut dire qui est responsable de cette situation, c’est la Russie ! C’est elle qui envoie les mercenaires Wagner dans ces pays », s’exclamait Michael Gahler (PPE, droite). Mercredi 4 mai, les députés européens se sont réunis pour débattre sur les menaces pour la stabilité, la sécurité et la démocratie au Sahel et en Afrique occidentale. S’ils ont passé en revue les différents facteurs de déstabilisation dans la région, c’est bien la Russie et le groupe Wagner qui sont ressortis des débats comme étant les principaux responsables des maux de la région. En proie aux attaques terroristes, la situation sécuritaire se dégrade dangereusement au Sahel.

Au Mali, la junte au pouvoir vient de dénoncer les accords de défense signés avec Paris et ses alliés européens. Alors que le retrait des troupes françaises du pays se poursuit, des mercenaires russes du groupe Wagner ont été filmés en train d’enterrer des corps dans le sud du pays, il y a deux semaines. Pour l’armée française, ce serait une manière d’accuser les soldats français de laisser des charniers derrière eux, et d’attiser ce sentiment anti-européens croissant qui règne au Sahel. L’eurodéputé Nathalie Loiseau (Renew, Libéraux) s’en est indignée : « Des civils assassinés, des cadavres manipulés, c’est cela Wagner au Mali. »

Reporters sans frontières (RSF) s’est félicitée de voir l’UE s’attaquer aux poursuites judiciaires infondées. « Le contenu est bon, avec des garanties procédurales », affirme Julie Majerczak. La directrice du bureau RSF à Bruxelles souligne toutefois que « la notion d’impact transfrontalier limite significativement les cas concernés ». Selon les données de la Coalition européenne contre les procédures-bâillons (CASE), seul un procès infondé sur dix serait concerné par cette législation.

Le 27 avril, la Commission a proposé une loi pour lutter contre les procédures-bâillons, aussi appelées SLAPPs. Il s’agit de procès abusifs intentés à des journalistes par des personnalités puissantes ou des entreprises. « Le but de ces actions abusives est de faire traîner le procès et de rendre la procédure la plus chère possible », souligne la vice-présidente de la Commission, Věra Jourová. La future législation prévoit des mesures pour rejeter rapidement une plainte abusive, sanctionner les auteurs et indemniser les victimes. Elle couvre uniquement les poursuites-bâillons transfrontalières, c’est-à-dire impliquant plusieurs pays. Pour les affaires strictement nationales, les États sont encouragés à appliquer les mêmes dispositions, sans y être contraints. Le texte doit encore être débattu et voté par le Parlement et le Conseil de l’Union européenne.

Une législation européenne encore insuffisante

Jusqu’ici, les institutions européennes n’ont pas été proactives en matière de défense de la liberté de la presse. C’est l’assassinat de la journaliste maltaise Daphne Caruana Galizia en 2017 qui a créé un électrochoc. Ce drame a révélé les carences des lois européennes en matière de protection de la liberté des médias. Depuis 2019, la Commission européenne agit plus activement en faveur de ce principe essentiel à la démocratie.

Un constat alarmant au sein même de l’Union

Pas besoin d’avoir des balles pour avoir les journalistes en ligne de mire » a cependant rappelé le député Tiemo Wölken (S&D, sociaux-démocrates), soulignant l’état dégradé de la liberté des médias au sein même de l’Union européenne. Selon le récent rapport RSF, « certains gouvernements dans l’Union européenne ont durci les mesures liberticides à l’égard des journalistes, en particulier en Slovénie, en Pologne, en Hongrie, et en Grèce ». L’ONG pointe également un grand nombre d'agressions physiques et d’intimidations dans le contexte des manifestations antivax. L’année 2021 a aussi marqué le retour des assassinats de journalistes. Le Grec Giorgos Karaivaz et le Néerlandais Peter R. De Vries ont été abattus au cœur de deux métropoles européennes.

Elle occasionne des hausses de prix et des pénuries d’ampleur : huile de tournesol absente des supermarchés, une augmentation de 44% du prix du beurre et de 30% en moyenne sur les légumes. Le prix des matières premières, comme les céréales, augmente aussi à une vitesse fulgurante. Sur le plan énergétique, la situation n’est guère plus reluisante, les prix de l’énergie continuent de flamber. En 2020 déjà, selon la Commission, près de 36 millions d’Européens peinaient à se chauffer convenablement. Cette précarité énergétique risque fort d’aller en s’aggravant avec ce nouvel embargo.

« Les journalistes ne devraient jamais avoir à choisir entre révéler la vérité et rester en vie. » C’est par ces mots solennels que la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a ouvert le débat sur la liberté de la presse. Sur fond de guerre en Ukraine, les eurodéputés ont rendu hommage aux journalistes qui risquent leur vie sur le terrain. « Des journalistes tués, certains enlevés, d’autres pris en otage ou figurant sur une liste d’extermination », a martelé Ramona Strugariu (Renew, libéraux). Des actes que l’eurodéputée roumaine a qualifiés de « crimes de guerre ». Depuis le début du conflit en février, Reporters sans frontières (RSF) a répertorié cinq assassinats de journalistes.

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