Des écologistes de plus en plus inquiets
Ces alternatives aux énergies fossiles inquiètent les députés écologistes et socialistes, qui doutent de la capacité de l’Union Européenne à atteindre ses objectifs climatiques. Dans le Pacte Vert, la Commission s’est engagée à respecter une part minimale de 40% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique global, pour la sortie progressive des énergies fossiles. Un objectif rappelé par les eurodéputés : « Notre autonomie ne se fera pas si l’on ne sort pas du fossile », a déclaré l’eurodéputé socialiste Nicolás González Casares (S&D, sociaux-démocrates) en session.
L’eurodéputée Marie Toussaint (Verts/ALE, écologistes) a tenu à préciser les dernières recommandations du GIEC : « il faut cesser de construire des infrastructures gazières et il faudra en fermer certaines avant retour sur investissements ». La Commission se veut rassurante. Pour elle, ces infrastructures gazières seront réutilisées à l’avenir pour l’acheminement de biométhane et d’hydrogène vert. Mais du point de vue des scientifiques, parmi lesquels l’institut de recherche Iddri, « les technologies utilisant de l’hydrogène vert ne représentent pas une solution déterminante à horizon 2030 ». L’organisme insiste sur le fait qu’il est « impératif d'accélérer les ambitions dans les énergies renouvelables ».
« Il faut à tout prix éviter les plus graves conséquences pour l’hiver prochain », a alerté la Commissaire européenne à l’Énergie Kadri Simson, lors d’une session de questions/réponses au Parlement Européen (voir encadré). À l’heure de l’adoption d’un embargo sur le pétrole russe, l’urgence de reconsidérer les approvisionnements énergétiques européens à court-terme se fait ressentir dans les institutions européennes.
Pour s’extraire de sa dépendance - en 2021, 45% du gaz importé dans l’UE était russe - , la Commission a décidé de se tourner vers les autres fournisseurs de gaz naturel. Elle mise sur la construction de nouveaux terminaux méthaniers d’ici 2 ans, qui permettront l’acheminement de plus de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance de pays tiers (Etats-Unis, Qatar, Algérie). L’Union a aussi annoncé avoir remis dans les tuyaux des projets de gazoduc, comme celui de Midcat devant relier la péninsule ibérique au reste de l’Europe, qui avait été abandonné en 2019. Cela pour remédier aux lacunes du transport du gaz en Europe, qui condamne encore certains pays ne disposant pas de terminaux à la dépendance énergétique aux puissances extérieures.
Le Parlement européen s’est une nouvelle fois concentré sur le cas de Varsovie et de Budapest, accusées de violer les valeurs de l’Union européenne. Une résolution a été adoptée le 5 mai. Malgré l’accueil que ces États font aux réfugiés depuis la guerre en Ukraine, les députés somment les gouvernements européens d’aller plus loin dans les sanctions.
Les sanctions prises contre la Russie ce mercredi par l’Union Européenne visent à un abandon progressif des hydrocarbures russes. À la recherche d’alternatives gazières, les eurodéputés poussent l’UE à aller plus loin dans ses objectifs écologiques.
Le Parlement européen a été le théâtre d’un bras de fer, mardi 3 mai. Les eurodéputés ont adopté le rapport d’initiative sur « l’économie bleue durable », de la Portugaise Isabel Estrada Carvalhais (S&D, sociaux-démocrates). Mais les Verts ont voulu frapper fort contre le chalutage de fond. Pour Caroline Roose (Verts/ALE, écologistes), cette technique qui « consiste à racler le fond des océans, est, selon les scientifiques, l’une des techniques de pêche ayant le plus fort impact sur les fonds marins ». La députée belge avait déposé un amendement pour l’interdire.
La majorité des parlementaires ont rejeté l’idée. Le groupe Renew estime que l’amendement des Verts ne prend pas en compte « l’impact socio-économique » de la suppression du chalutage de fond pour les pêcheurs. Mais ils ont déposé un contre-amendement, qui a été validé, pour limiter l’interdiction aux zones jugées les plus menacées.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs personnalités se sont exprimées sur le sujet. Claire Nouvian s’est notamment alarmée du vote sur la pêche au chalut. Pour la fondatrice de Bloom, une ONG environnementale, « c’est un désastre pour la biodiversité ». Pour rappel, le texte propose des recommandations à la Commission européenne, qui rédigera la loi par la suite. Un défi pour l’UE, au moment où la perte de biodiversité inquiète les défenseurs de l’environnement.
Les députés ont discuté ce mercredi des futures conclusions de la commission d'enquête parlementaire PEGA, chargée d'enquêter sur l'utilisation de Pegasus. Ce logiciel espion permet la récupération de l'ensemble des données de smartphones de particuliers. En juillet 2021, un consortium de journalistes révélait qu'il avait été utilisé contre de nombreux chefs d'Etat, politiques et journalistes européens. Initié par deux députés de l’Alliance libre européenne victimes du logiciel, Diana Riba et Jordi Solé, le débat a mis l'accent sur l'inaction de l'exécutif européen, qui a renvoyé la responsabilité des poursuites aux Etats membres.
Les résultats de cette commission d'enquête pourraient mettre en cause plusieurs pays européens, en première ligne l'Espagne. En plus de la révélation en début de semaine de la mise sur écoute du Premier ministre Pedro Sanchez et de sa ministre de la Défense, Margarita Robles, le pays est empêtré dans le Catalangate. Selon le groupe d'experts canadiens Citizen Lab, les services de renseignements espagnols se seraient servis de Pegasus pour espionner des dizaines d'Indépendantistes catalans entre 2017 et 2020.
« C’est la loi de l’offre et de la demande, tout s’achète et tout se vend au pays du parti communiste chinois », s’est insurgé l’eurodéputé Raphaël Glucksmann (S&D, sociaux-démocrates) au sujet des accusations de prélèvement forcé d’organes en Chine. Dans une résolution, les parlementaires ont estimé que cette pratique consistant à prélever des organes sur des prisonniers, notamment sur des adeptes du Falun Gong et la communauté ouïghoure, peut constituer un crime contre l’humanité. À ce titre, ils ont exhorté le gouvernement de Xi Jinping à se saisir du sujet et à autoriser des enquêtes indépendantes.
Dans deux autres résolutions distinctes adoptées le même jour, le Parlement européen a condamné des atteintes aux droits humains en Turquie et au Cambodge. Ils ont exhorté les autorités turques à libérer Osman Kavala, opposant au régime politique du président Recep Tayyip Erdoğan, condamné à la perpétuité pour « tentative de coup d’État » le 25 avril dernier. S’agissant du Cambodge, les eurodéputés ont adressé leur soutien aux membres de l’opposition victimes d'intimidation et de harcèlement et appelé le gouvernement et les forces de l’ordre à mettre un terme à cette répression.
Microsoft a répertorié 200 attaques informatiques contre l’Ukraine depuis l’invasion russe le 24 février. Cette guerre hybride interroge les capacités de cyberdéfense de l’Union européenne. Comme l’explique Margarítis Schinás, le vice-président de la Commission, le conflit ne se limite plus au « champ de bataille », il a aussi lieu « sur notre espace numérique, par les cyberattaques et la désinformation ».
Pour limiter la vulnérabilité de l’UE, les parlementaires appellent à renforcer la coopération entre les États membres. L’eurodéputé autrichien Othmar Karas (PPE, droite) réclame que la cyberdéfense devienne une compétence communautaire. Côté socialistes, Javi López (S&D, sociaux-démocrates) dessine trois pistes d’action. Résister, en répondant aux attaques avec des outils efficaces, protéger les infrastructures critiques, et retracer l’origine des piratages pour condamner les auteurs.