Implanté depuis 1997, l’Olympique Strasbourg cherche à poursuivre son intégration dans le quartier. Sa politique d'ouverture se heurte à des infrastructures insuffisantes et reste tributaire du volontarisme des pouvoirs publics.
L’Aquarium, un lieu de liberté pour les jeunes
Au centre de la Cité nucléaire, le local de l’Aquarium – "ni annexe, ni rattachement mais pôle jeunesse du CSC", comme tient à le souligner Laurent Cécile – est accessible à tous, gratuitement. En semaine, de 16h à 21h, entre qui veut. Des petits groupes se forment, investissent le gymnase et la cafétéria. Ils restent quelques minutes, sortent, reviennent, se rassoient, entament un autre jeu. "Ici c’est gratuit et on s’amuse bien", résume Adam, 12 ans, assis sur un des fauteuils rouges de la cafétéria, l’œil curieux. Le manque d’encadrement n’enchante pas tous les parents. "Je ne laisse pas mes enfants fréquenter l’Aquarium à cause de l’insécurité et des mauvaises fréquentations", confie une mère de famille née à Cronenbourg. À ces craintes, Abdelkader Khellaf, animateur au pôle jeunesse, répond que "les enfants ont l’impression d’être libres mais, en réalité, on les encadre de manière discrète". Ces adolescents, presque tous des garçons, viennent principalement de la Cité nucléaire. Ping-Pong, baby-foot, jeux vidéo : ils ont fait de l’Aquarium leur point de rencontre.
Valérie Kulak explique avoir demandé à la mairie l’ouverture de places supplémentaires en accueil de loisirs : "En maternelle, nous avons 64 places aujourd’hui. Il nous en faudrait 80." Les enfants d’Abdellaziz Ramzi, arrivé dans le quartier il y a trois ans, ont fait les frais de ce manque de places. Pour faire garder ses fils, il a dû se tourner vers Les Disciples.
À quelques rues du CSC, pour 15 à 50 euros par an, l’association protestante accueille en majorité les enfants des familles de la cité. Les Disciples proposent des activités sportives, musicales ou créatives. Leurs tarifs très bas permettent aux familles plus défavorisées de profiter, elles aussi, d’un accès aux loisirs. Pour Marie-Louise Vernede, présidente de l’association du CSC, "la présence des Disciples dans le quartier est souhaitable. S'ils n'existaient pas, il faudrait les inventer".
Des loisirs pour toutes les bourses
"42 % de nos adhérents viennent de la Cité nucléaire, 40 % du Vieux-Cronenbourg, les autres de Schiltigheim et Hautepierre", détaille Laurent Cécile, directeur du CSC. À ses membres, le centre Schoelcher propose le mercredi et pendant les vacances scolaires un accueil de loisirs. "Cette année, nous organisons des défis inter-CSC. Dix enfants de primaire se déplacent pour participer à des épreuves sportives et artistiques pensées par les enfants des autres centres sociaux et culturels de la ville”, explique Valérie Kulak, responsable du pôle enfance. Les concurrents doivent être inscrits à l’accueil périscolaire. Pour les 6-12 ans, les familles déboursent annuellement entre 922,20 et 1966,20 euros.**
"Si vous ne connaissez pas Gérard, vous ne connaissez pas Cronenbourg", s’accordent à dire les habitants du quartier. Gérard Haehnel est, depuis 1981, à la tête d’une association protestante bien connue de Cronenbourg-cité : Les Disciples. Face au parc de la Bergerie, le Centre social et culturel (CSC) Victor-Schoelcher et l’Aquarium, son pôle jeunesse implanté au cœur de la Cité nucléaire, structurent également, depuis 50 ans, la vie des habitants. À chaque association son public dans la partie nord de Cronenbourg, où le taux de personnes vivant sous le seuil de pauvreté atteint 34,4 %.*
Les premiers rayons de soleil et la rosée du matin offrent au parc une fraîcheur agréable. L’occasion pour Julie de se balader avec sa fille Maya, âgée de huit mois. "La promenade dans le parc nous permet de prendre l’air, et ça fait du bien à la petite", confie la jeune maman d’une trentaine d’années. Sa fille n’a pas dormi ce matin. Elle l’a bercée dans toutes les pièces de la maison, mais rien n’a fonctionné : ce n’est qu’au parc, dans sa poussette et emmitouflée dans des vêtements chauds, que Maya a trouvé le calme. Julie est apaisée. Elle savoure un moment de sérénité avec sa fille.
La Rotonde a ainsi un air de cité-dortoir, davantage tournée vers le centre-ville que vers Cronenbourg. D’autant plus que les habitants ont du mal à nouer des liens avec leurs voisins et le quartier. Arnaud Vidal, habitant d’un logement social, le regrette. Malgré la présence de quelques bars, “il n’y a pas vraiment de bistrot, ça manque de vie.” Conséquence : il ne se rend dans le Vieux-Cronenbourg que trois à quatre fois par an. Pour lui, “il n’y a pas de mixité sociale. Ça c’est sur le papier. Les cultures différentes ne se rencontrent pas.”
En été, les petits-enfants lui donnent un coup de main pour jardiner : “Creuser, tous les gamins aiment ça.” Une soixantaine d’années auparavant, lui aussi retournait la terre devant la maison avec son grand-père. Le terrain s’étendait alors jusqu'à l’actuel Ikea.
Quand ses petits-enfants ne sont pas là, Guy reste disponible pour “donner un coup de main” à ses voisins. Il est impliqué dans l’association de quartier, dont il est l’un des membres fondateurs. Président d’honneur, il s’occupe de la rédaction du journal à destination des 70 familles qui vivent dans le quartier de l’ancien abattoir “pour que tout le monde soit au courant de ce qu’il se passe”.
... loin du Vieux-Cronenbourg
Pour faire leurs courses, la plupart des habitants prennent le tram ou pédalent dix minutes jusqu’aux Halles. Certains se rendent au Auchan ou au Lidl de Hautepierre et se détournent des commerces de proximité du Vieux-Cronenbourg. Même s’il ne faut que sept minutes à pied pour rejoindre le Carrefour City de la route de Mittelhausbergen, Fabien Lepera, le gérant du magasin d’alimentation est formel : “Il n’y a pas d’augmentation du chiffre d’affaires depuis la construction du quartier de la Rotonde.” Pour Eric Duterque, propriétaire d’un appartement depuis le printemps 2018, “l’emplacement de la Rotonde ne me pousse pas à traverser la route de Mittelhausbergen pour aller dans le Vieux-Cronenbourg.”