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Complémentaires et incontournables dans le quartier, les trois structures se distinguent par leur approche. Entre laïcité et religion, liberté et encadrement, les habitants ont le choix.

 

La zone du chemin Haut s’est développée pour accueillir un public divers. Entre une partie de football entre amis, une séance de renforcement musculaire ou des figures acrobatiques à deux-roues, les sportifs y trouvent leur compte. Parmi eux, Valentin Dolter, 13 ans, débarque sur son deux-roues les mercredis après-midi pour des séances “de trois à six heures”, au gré de ses envies. Passionné de BMX, l’adolescent n’a pas longtemps à pédaler : il habite Cronenbourg. S’il apprécie que le site soit “réservé uniquement aux vélos”, il se sent un peu seul : “Je ne connais vraiment personne d’autre du quartier qui s’y rend, les jeunes de mon âge vont beaucoup plus au skate-park de la Rotonde.” 

Des loisirs hors-sol

Bryan, 15 ans, déplore l’absence au Stride-Park d’une zone spécifique dédiée à la trottinette, son passe-temps favori. Les deux jeunes gens s’accordent pour dire que le prix du matériel rend difficile l’accès des jeunes au parc de vélo indoor. “Mon BMX, avec les améliorations, m’a coûté 800 euros, mais certains sont plus chers, témoigne Valentin. Ma mère me supporte à 200 % dans ma passion mais je pense que ce n’est pas le cas pour tout le monde.” Les acrobates en herbe doivent compter au minimum 14 euros pour une entrée en semaine, 24 euros en cas de location d’un BMX, à moins d’opter pour un abonnement mensuel de 70 euros. Pour le Crossfit, l’abonnement mensuel le moins cher s’élève à 65 euros.

Le complexe présente une silhouette particulière. Pour l’architecte Olivier Calvarese, “l’idée était de rompre avec l’échelle des immeubles collectifs habituels”, en donnant aux façades des premiers étages des aspects de maisons. Les habitations “ressemblent plus à des maisons aux colorations typiques de l’Alsace.”

Encerclée par des barrières métalliques, la Rotonde ressemble à un petit village fortifié à l’entrée de Cronenbourg. “C’est pour éviter que des gens viennent squatter dans des parties privées” explique David Bour. Selon Yusuf Demirel, résidant en colocation, “La Rotonde, c’est un quartier à part entière.”

Aux yeux des habitants, la Rotonde a des airs d’extension du centre-ville. Pour Anne Collet et sa famille, qui ont quitté le quartier de la gare afin d’accéder à la propriété, “on a encore l’impression d’être dans le centre-ville”. Ses enfants prennent le tram pour aller à l’école dans le centre, son fils aîné poursuit ses entraînements de football au Wacken, et son mari doit transiter par la gare centrale pour se rendre en train sur son lieu de travail à l’extérieur de Strasbourg.

Monique Grall et Noëlle Meiss ont vécu un demi-siècle dans la Cité nucléaire. Depuis le départ des enfants, elles gardent les souvenirs dans leurs appartements. 

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Vidées de leurs habitants, les tours situées au 8 et au 9 sont en cours de démolition. ©  Madeleine Le Page

“C’est le seul parc de ce type en Europe, ça vaut vraiment le détour”, confie Dylan, 15 ans, au moment d’ôter son BMX de la fourgonnette familiale. Sur le parking du Stride-Park, structure indoor de 12 000m² pour VTT et BMX, le jeune homme attend depuis une heure l’ouverture en compagnie de son père Jean-Luc. “Il y a beaucoup de choses à faire entre le bac à mousse, la piste de cross-country, la résille, le Pumptrack”, récite à tue-tête le fiston pour justifier sa venue depuis Reims. Idéalement desservie par l’autoroute, le tram, ainsi que les pistes cyclables, la société fait partie d’une zone de loisirs privés de trois enseignes située dans des entrepôts vieillissants de la Sernam, ancienne filiale de la SNCF. Avec le Stride-Park, l’Urban Soccer et le Crossfit animent ces anciens hangars progressivement réhabilités entre 2013 et 2016. 

Ce n'est pas le cas d'autres commerçants qui cherchent à attirer davantage de clients. "On se bouge, on se remet en question. La concurrence nous stimule", déclare de son côté Michèle Olland, la gérante de la boulangerie éponyme, dont “la carte change tous les jours”. Au sein du Magpresse Tabac du Centre, des travaux sont en cours pour installer un bar, ce qui permettra de diversifier son activité et d'attirer un nouveau public. "On a de moins en moins de retraités - qui lisaient beaucoup - donc le secteur de la presse est touché, confie la propriétaire Cécile Cansell. La hausse du prix des cigarettes a entraîné une fuite de la clientèle vers l'Allemagne. Même les jeux à gratter et les paris sportifs sont en baisse face à la concurrence d'Internet."

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Baadra profite de la salle de danse mise à disposition par l'Aquarium pour s'exercer au popping. © Claire Birague

Un immeuble démoli, des voitures incendiées 

Depuis, le lien s’est distendu entre le CNRS et le quartier. Au fil des années, les scientifiques ont eu tendance à déménager vers d’autres quartiers de Strasbourg. À la fin des années 1990, la mairie décide de démolir une barre d’immeuble adjacente au site. Imputant cette décision au CNRS, des habitants incendient des voitures stationnées sur le parking ou à proximité : les véhicules visés sont ceux des employés du site. Ces événements provoquent une prise de conscience. Dans la foulée, la scientifique Marie-Françoise Janot fonde l’association ConnaiSciences dans le but de renouer des liens. "Les ingénieurs et chercheurs faisaient des activités et des excursions avec les habitants du quartier bénévolement", se remémore une membre de l’association. Depuis dix ans, ConnaiSciences se consacre à l’aide aux devoirs pour les élèves du collège Sophie-Germain. Ces initiatives ne relèvent pas du centre de recherche.

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