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La Cité de l’Ill boude le dispositif Preccoss

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Du passé agricole, il ne reste désormais plus que les noms des rues ©Lisa Ducazaux et Louise Llavori

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Du passé agricole, il ne reste désormais plus que les noms des rues. ©Lisa Ducauzaux et Louise Llavori

Coincées à l'Ehpad Im Laeusch

La force du groupe nous fait presque oublier ce qui nous semblait encore insensé cinq minutes plus tôt: s’immerger dans une eau à 12 degrés. Malgré le froid saisissant, étonnement, personne ne fait demi-tour, pas même nous. La pente raide du fond de l’étang nous mouille jusqu’au torse rapidement. “À trois on met les épaules!”, lance Damien. Je prends mon courage à deux mains, bonnet en laine vissé sur ma tête, et je me mouille jusqu’au cou. À côté de moi, je vois Léna qui se tétanise. Impossible pour elle de s’agenouiller. Plus aucun bruit, hormis celui de nos respirations haletantes.

Les conseils de Thomas, pratiquant assidu, nous reviennent en tête: “Une fois dans l’eau, ne bougez plus pour conserver la pellicule de chaleur qui se crée autour de vous.” Difficile à appliquer: je n’arrive pas à retenir mes tremblements, dignes d’une crise de panique. En sortant de l’eau, Léna me confie qu’elle sentait ses muscles prendre feu.

Se rhabiller, un enfer

Mais le plus dur est encore à venir: le rhabillage. Les habitués enfilent leurs vêtements en seulement une trentaine de secondes. Pour nous, dix minutes sont nécessaires pour remettre nos culottes: nos mains gantées sont totalement engourdies. C’est vraiment à ce moment-là que le froid est le plus mordant. Bien qu’emmitouflées, nous voilà rêvant d’un épais plaid en moumoute. Nos compagnons de galère, le sourire en coin, nous tendent une tasse de thé avant de nous dire “à la semaine prochaine!” Pas si vite, j’ai toujours froid et Léna a encore l’impression d’avoir des blocs de glace à la place des pieds.

Camille Aguilé et Théo Renault

La cité des Chasseurs, avec ses pavillons en bois colorés au style scandinave, accueille de plus en plus de constructions modernes. Les habitants redoutent la disparition du charme de la cité, qu’ils considèrent comme leur "perle cachée".

 

Des ateliers culinaires une fois par mois

La Cité de l’Ill est l’un des premiers quartiers de Strasbourg ciblés par Preccoss lors de sa création en 2014. Une permanence mensuelle dédiée au suivi nutritionnel des enfants s’est installée au cabinet médical de la Cité de l’Ill, sans grand succès, jusqu’à son retrait en 2019. “Les gens ne venaient pas”, regrette Marie Druart, diététicienne à Preccoss, qui souligne la difficulté de s’implanter sur ce territoire: “La Cité de l’Ill c’est très village, très enclavé.” Au total, seuls 44 enfants sur les 972 passés par le dispositif sont issus du quartier. Malgré une faible demande, Preccoss organise toujours des ateliers culinaires une fois par mois, offrant la possibilité aux familles de repartir avec un panier de légumes bio.

  Louison Leroy et Audrey Senecal

Vincent Troesch, infirmier en santé publique à la Maison urbaine de santé de la Cité de l’Ill depuis 2018, rencontre des familles souvent réticentes à la prise en charge du surpoids ou de l’obésité de leurs enfants. “Dès qu’on commence à expliquer aux parents que c’est leur responsabilité, ça secoue pas mal. Ils ont le sentiment d’être jugés alors que ce n’est pas le cas”, rapporte-t-il. Loin d’être découragé, l’infirmier travaille à l’élaboration d’un jeu de société autour de l’équilibre alimentaire afin de sensibiliser les habitants. Il pourra également compter sur l’aide d’un médecin nutritionniste, dont l’installation à la Maison urbaine de santé est prévue pour début 2022.

À la clinique Sainte-Anne, la médecine douce s’invite dans les soins

L’hypnose thérapeutique et la sophrologie sont pratiquées à la clinique Sainte-Anne pour soulager et soutenir les personnes atteintes de cancer au cours de leur traitement. La diffusion de ces techniques passe par la formation des infirmiers et infirmières. Selon Hafida Cordebard, infirmière en oncologie formée à l’hypnose, ces pratiques stimulent “l’adhésion des patients au traitement et donnent donc de meilleurs résultats”.

Suivie à la clinique lors de son cancer du sein, Martine* a eu recours à ces soins sur les conseils de son oncologue. Elle a de nouveau souhaité en bénéficier lorsque son cancer de l’utérus s’est déclaré en 2020. En parallèle de la radiothérapie et de la chimiothérapie, Martine consulte une infirmière formée à la sophrologie et à l’hypnose. Ces séances lui apportent un bien-être psychologique : “Quand on a le cancer, on se sent moche, on se sent malade, et les gens s’éloignent. Les séances sont réconfortantes. On a plus d’estime de soi en ressortant.”

 Les consultations sont gratuites car leur financement est assuré par l’Institut national du cancer et le groupe hospitalier Saint-Vincent, dont dépend la clinique.

 *Le prénom a été modifié

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