Apprivoiser le Rhin, plus d’un siècle de manœuvres
Les aménagements hydrauliques successifs réalisés sur le fleuve ont engendré la disparition des crues dans les forêts. L’endiguement du Rhin commence en 1817 et se termine en 1840, à l’aval de Strasbourg. À l'époque, trois raisons motivent cette décision: protéger les villages limitrophes, libérer de nouvelles terres cultivables, fluidifier la navigation et le commerce.
Depuis cette date, la construction de différents ouvrages a progressivement diminué la surface des zones humides dans la région. Achevée en 1840 grâce aux travaux de l'hydrologue allemand Johann Tulla, la digue des hautes eaux, visible le long de la route du Glaserswoerth, réduit le “lit majeur” du fleuve. Il s’agit des zones potentiellement inondables lors des crues. Lorsque le débit augmente, il se heurte à la digue. Le Rhin étant un fleuve transfrontalier, les gouvernements français et allemands ont coopéré pour contenir son flux, notamment via des accords signés entre 1969 et 1982.
Spécificité de Strasbourg, les Potagers urbains collectifs (Puc) sont pensés comme un compromis entre jardin familial et jardin partagé. Après un lancement prometteur en 2014, celui situé à la Cité de l’Ill s'essouffle, victime de la perte d’intérêt des habitants. “Nous avons remarqué que les potagers collectifs servent de transition vers les jardins familiaux”, affirme Olivier Moreuil, membre d’Éco-conseil, l’association en charge des six Puc de la ville. “Le hic, c’est de faire marcher la dimension collective. On est plus tranquille chez soi qu’avec d’autres”, explique-t-il en pointant les ronces et les orties qui se sont répandues sur les parcelles en friches. Devant l’échec du projet, l'Eurométropole compte réhabiliter le terrain en un espace de maraîchage bio. Une transformation prévue d’ici les deux prochaines années.
ENCADRE : Potagers urbains collectifs
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Spécificité de Strasbourg, les Potagers urbains collectifs (Puc) sont pensés comme un compromis entre jardin familial et jardin partagé. Après un lancement prometteur en 2014, celui situé à la Cité de l’Ill s'essouffle, victime de la perte d’intérêt des habitants. “Nous avons remarqué que les potagers collectifs servent de transition vers les jardins familiaux”, affirme Olivier Moreuil, membre d’Eco-conseil, l’association en charge des six Puc de la ville. “Le hic, c’est de faire marcher la dimension collective. On est plus tranquille chez soi qu’avec d’autres”, explique-t-il en pointant les ronces et les orties qui se sont répandues sur les parcelles en friches. Devant l’échec du projet, l'Eurométropole compte réhabiliter le terrain en un espace de maraîchage bio. Une transformation prévue d’ici les deux prochaines années.
Le sol est spongieux, les chaussures tachées de boue. Dans la réserve naturelle nationale de la Robertsau et de La Wantzenau, roselières et mares parsèment les 710 hectares de forêt. Attirées par l’humidité, les lianes telles que les clématites s’enroulent autour des troncs. Les promeneurs les plus chanceux peuvent apercevoir la sterne pierregarin, un oiseau migrateur proche de la mouette inféodé aux milieux aquatiques. Or, selon eaufrance.fr, deux tiers des terrains submersibles ont disparu à l’échelle nationale. L’Office des données naturalistes du Grand Est (Odonat) tirait déjà la sonnette d’alarme en 2019: avec seulement une centaine de couples dans la région, il s’agit d’un nicheur menacé.
“Ramener de l’eau vise à recréer un biotope favorable à certaines espèces”, explique Thierry Seibert, représentant de l’association Alsace Nature au sein du comité consultatif pour la réserve naturelle. Située dans l’une des zones inondables du Rhin, cette particularité lui confère une richesse biologique propre aux forêts alluviales. Le dépôt de sédiments comme la vase enrichit le sol grâce à ses éléments minéraux. Un apport indispensable aux arbres pour survivre en période de sécheresse.
Afin de préserver cet écosystème, le Premier ministre a signé un décret en juillet 2020 classant la zone en réserve naturelle nationale. Après l’île du Rohrschollen en 1997 et le massif de Neuhof-Illkirch en 2012, également des forêts alluviales, le poumon vert de la Robertsau est devenu le troisième site strasbourgeois à bénéficier de ce statut.
Retour des inondations : un projet qui peine à émerger
En 1991, le professeur Roland Carbiener, enseignant en écologie végétale et membre fondateur d’Alsace Nature, militait pour le retour des inondations dans les forêts alluviales rhénanes. L’objectif est indissociable de la redynamisation des cours d’eau qui les traversent, condition nécessaire à la restauration de ces milieux si particuliers. Les travaux de canalisation du Rhin menés aux XIXe et XXe siècle ont en effet isolé du fleuve certains bras, les privant de leur apport hydrique naturel. Actuellement, la forêt de la Robertsau ne dispose plus que d’une seule entrée d’eau provenant du canal. Mais L’Eurométropole pilote une étude de faisabilité pour la réalisation de nouveaux ouvrages de prises d’eau sur le Rhin. L’injection d’un débit suffisant permettrait de reconnecter les différents cours entre eux. Le but est ensuite similaire à celui du projet LIFE+ opéré sur l’île du Rohrschollen entre 2010 et 2015. L’aménagement d’une prise d’eau et le creusement d’un chenal avaient permis de rétablir un régime de crues basé sur le rythme hydrologique du Rhin. Six à huit fois par an, la vanne s’ouvre et garantit en moyenne cinquante jours de submersion.
Toutefois, les particularités de la forêt de la Robertsau en font un environnement plus difficile à appréhender que celui de l’île située au milieu du Rhin. “On a tout d’abord beaucoup de contraintes liées aux réseaux de gaz et d’électricité, puis il y aussi la présence de la station d’épuration (cinquième plus grande de France, NDLR) … C’est pourquoi la perspective de réinonder la zone reste compliquée”, précise Samuel Dehan, responsable du pôle hydraulique chez Artelia, société en charge de l’étude de faisabilité du projet. S’y ajoute la problématique de la fréquentation, puisque la forêt de la Robertsau accueille plus de 400 000 visiteurs par an. Une population importante à prévenir en cas d’inondation: “Cela demanderait de faire beaucoup de sensibilisation auprès du public, c’est une démarche qui prendra nécessairement du temps”, poursuit l’ingénieur.
Deux impératifs majeurs s’opposent: la nécessité de réguler les crues du fleuve dans une optique de sécurité, et la préservation de l’identité alluviale de la réserve, qui implique de renouveler régulièrement les inondations. Ce casse-tête explique le temps long qui entoure ce dossier. Les études hydrographiques ont débuté il y a plus de trois ans, sous le mandat de l’ancien maire Roland Ries. En place depuis un an et demi, l’équipe municipale écologiste aura la charge de relever ce défi. Une réunion du comité consultatif de la réserve est programmée le 7 décembre.
Son profil correspond à celui recherché par Déborah Jakubowicz, la gérante. Elle a installé sa boutique route de La Wantzenau, “au carrefour avec la Cité de l’Ill pour attirer une autre population de la Robertsau”. Dans le quartier, les patients n’hésitent pas à consulter plusieurs audioprothésistes. “Les gens vont faire un devis là, un devis ailleurs. Un petit peu comme pour les opérateurs téléphoniques”, explique Manuela Barbaras, du centre Maurice Frères Audition.
Avant l’arrivée des deux autres magasins, il fallait souvent patienter un mois. Depuis, l’attente a été divisée par deux. “Il y avait tellement de demandes. En étant seul, on n’aurait jamais pu les absorber”, concède-t-elle. Déçu par son matériel, Bouazzaoui Dahbi entend faire jouer la concurrence.
De sa fenêtre du troisième étage, Claudine Jost jette un regard à son parterre de fleurs. “Il n'y en a plus beaucoup, des jardins comme ça à la Robertsau”, déplore la vice-présidente des Amis du jardin botanique de Strasbourg. Sa bâtisse beige d'époque Neustadt, avec sa tourelle d’angle et ses mansardes rassemblées en un appartement, Claudine l’a héritée de ses parents en 1994, qui l'ont eux-mêmes acquise auprès de son constructeur après la Seconde Guerre mondiale. Ces grandes maisons accueillaient les propriétaires au rez-de-chaussée et des locataires à l'étage. “Là où, avant, deux ou trois familles vivaient ensemble, aujourd'hui les gens achètent leur maison pour y habiter seuls.” Claudine a maintenu cette tradition à sa manière: elle a aménagé un gîte il y a six ans. Toute l’année, elle loue son deuxième étage à une clientèle variée, “notamment à des gens qui rendent visite à leur famille”.
“C’est immonde”, s'exclame Claude. Le septuagénaire déplore les nouvelles constructions boisées beige clair et à toits plats qui sont apparues à la cité des Chasseurs ces dernières années, où il habite depuis 1949. À l’époque, le quartier ne comportait pas de telles bâtisses. Mais depuis quelques années, ce secteur réputé pour ses chalets bleus, rouges ou violets voit son architecture évoluer.
Derrière les haies qui la séparent de l’allée centrale, rue de la Fourmi à la Robertsau, en plein cœur des jardins familiaux de l’Ameisenkoepfel, Céline s’active au ramassage des feuilles de son cognassier. La jardinière s’en sert pour pailler ses plantations pour l’hiver, afin d’éviter la pousse de mauvaises herbes. Avec 1057 parcelles, la Robertsau est le quartier le plus doté de Strasbourg en jardins familiaux. Ici, il faut attendre “plus de trois ans et demi en moyenne” pour en obtenir un, selon la municipalité.
“J'en ai trop pour moi toute seule”
Dans son potager aux couleurs de l’automne, Céline doit encore ramasser ses deux dernières courges. Là où il n’y a plus rien à récolter, elle a déjà retourné la terre en prévision de l’hiver. “On a eu 50 kilos de potimarron cette année!”, se réjouit-elle. Habitante du centre de la Robertsau, elle loue sa parcelle depuis huit ans et y passe environ dix heures par semaine avec son mari. Betteraves, haricots verts, pommes de terre, radis, navets, rhubarbes, pommes, poires, prunes, la liste est longue. S’occuper de cet espace de 300 m² lui permet d’être autosuffisante en légumes “pendant deux à trois mois après l’été”.
De l’autre côté de la Robertsau, au cœur de la Cité de l’Ill, Ednalva aussi utilise son jardin comme source principale de fruits et légumes: “[En été], je ne mange que ce que je fais pousser ici. J’en donne parfois à mes voisins, car j’en ai trop pour moi toute seule.” Elle explique s’être débrouillée en tâtonnant et en “faisant des expériences”. Témoins de l’arrivée de l’hiver, ses planches de cultures sont elles aussi recouvertes de feuilles mortes. Seuls les kiwis, camouflés dans leurs dernières feuilles, attendent patiemment d’être cueillis. Pour Ednalva, ce jardin est aussi un moyen de faire des économies: ce qu’elle produit en légumes, elle n’a pas besoin d’aller l’acheter au marché du mercredi au pied de la tour Schwab. Comme Céline, elle passe du temps à entretenir ses plantations, jusqu’à une heure et demie par jour en été. “Ça demande beaucoup de travail, mais c’est un travail qui fait du bien.”
Isalia Stieffatre et Dorian Mao
Infirmiers, aides-soignants, kinésithérapeutes : les soins à domicile pour les personnes âgées ont la cote. Foisonnante, l’offre libérale se développe pour répondre à la demande.