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À eux trois, ils totalisent 1 700 places de stationnement. Soit 27% de l’offre du centre-ville de Strasbourg, c’est-à-dire les parkings de la Grande-Île et du centre commercial des Halles. 

Les mues de la rue Kuhn. © Adélie Aubaret et Camille Perriaud

À Strasbourg, lassociation Stimultania simplique dans la vie du quartier Gare au profit des habitants. À travers des expositions, des ateliers et des projets, elle cherche à éduquer par limage.

Mobilisation citoyenne et entraide 

Une femme âgée se penche et leur tend une baguette de pain. Quelques minutes plus tard, un jeune homme en costume-cravate ne manque pas de les saluer. “Les gens nous connaissent”, raconte Enzo. Au cœur du quartier, une réelle entraide se dessine. “On va échanger notre monnaie chez le coiffeur, se réchauffer au kebab et le gérant de l’épicerie s’arrange toujours quand il nous manque quelques centimes”, poursuit-il.

La solidarité existe même entre les sans-logis. Les dons de nourriture sont réguliers : quand l’un d’entre eux a des restes, il n'hésite pas à les donner aux autres. C’est l'occasion de discuter et de se soutenir mutuellement. Le soir, Alain quitte son emplacement rue du Maire-Kuss pour aller à la rencontre de ses amis : “Au fond, c’est aussi un moyen de se maintenir en vie et de s’assurer que l’on est toujours là.” 

La mort reste omniprésente dans la rue et Guillaume Keller-Ruscher, président de l’association Grains de sable - Collectif des morts de la rue d’Alsace, en a fait son combat. Chaque année, le travailleur social comptabilise les sans-abris décédés dans l’espace public. Depuis janvier 2022, 24 ont péri à Strasbourg. “La rue détruit la santé, l’espérance de vie y est de 48 ans.” Alain a 48 ans. 

Rémi Casalis et Esther Suraud

Au-delà de la distribution alimentaire, c’est aussi l’occasion de créer des liens et de prendre en compte les besoins de chacun. “C’était bien une paire de chaussures en 42 qu’il te fallait ?”, demande Xavier à un homme emmitouflé dans une couverture le long du quai Saint-Jean. Un peu plus loin, dans la rue du Maire-Kuss, les passants, valises à la main, pressent le pas. Enzo, Elie et Capsule, leur chien, sont assis sur un carton à proximité d’un distributeur de billets. Un emplacement de choix pour faire la manche.

Le jeune homme de 25 ans, bonnet vissé sur la tête, porte une barbe de trois jours et une doudoune chaude sur les épaules. Elie, 22 ans, a le visage rehaussé d’une frange brune et courte qui dénote de ses longueurs rousses. Le couple est à la rue depuis plus de cinq ans. Lui, par convictions anarchistes, elle, par contrainte après avoir quitté le foyer familial. Ils ont arpenté les rues de Lyon, Metz ou encore Besançon, mais, selon eux, Strasbourg est la ville la plus accueillante. 

© Yann Rudeau

Les sans-abris peuvent également compter sur les maraudes comme Coup d’bol ou Le bonheur d’un sourire, qui quadrillent chaque jour les rues du quartier. Une fois par semaine, les bénévoles d’Ô cœur de la rue 67, vont à la rencontre des précaires. Un itinéraire évolutif, qu’ils adaptent à l’approche du marché de Noël de Strasbourg. “Les SDF doivent quitter les rues empruntées par les touristes sous la pression des forces de l'ordre”, indique Mehdi Bouzouad.

Au-delà de la distribution alimentaire, c’est aussi l’occasion de créer des liens et de prendre en compte les besoins de chacun. “C’était bien une paire de chaussures en 42 qu’il te fallait ?”, demande Xavier à un homme emmitouflé dans une couverture le long du quai Saint-Jean.

Un peu plus loin, dans la rue du Maire-Kuss, les passants, valises à la main, pressent le pas. Enzo, Elie et Capsule, leur chien, sont assis sur un carton à proximité d’un distributeur de billets. Un emplacement de choix pour faire la manche.

Le jeune homme de 25 ans, bonnet vissé sur la tête, porte une barbe de trois jours et une doudoune chaude sur les épaules. Elie, 22 ans, a le visage rehaussé d’une frange brune et courte qui dénote de ses longueurs rousses.

Le couple est à la rue depuis plus de cinq ans. Lui, par convictions anarchistes, elle, par contrainte après avoir quitté le foyer familial. Ils ont arpenté les rues de Lyon, Metz ou encore Besançon, mais, selon eux, Strasbourg est la ville la plus accueillante. 

Effet d’aubaine pour les particuliers : le quota fixé par la mairie pour les véhicules thermiques chez Parcus et Indigo est atteint. Ces privés louent aussi leurs places à des tarifs plus avantageux. Entre 80 et 100 € pour le mois, contre 100 à 120 € aux parkings Sainte-Aurélie et Wodli. Y garer sa voiture une dizaine d’heures par jour revient à environ 8 €. En huit à dix jours, une location chez un particulier est déjà rentabilisée.

Guillaume Colleoni et Erwan Drouillac

Des places en or

Des particuliers louent leurs places de parking. Une source de revenus pour eux, une alternative aux garages en silo pour les automobilistes.

Murielle s’est installée à proximité de la gare il y a une dizaine d’années. Locataire d’un appartement, cette commerciale de 42 ans rencontrait des problèmes pour se garer. Elle a alors investi environ 13000 € dans une place de parking, rue du Faubourg-de-Saverne. Quelques années plus tard, elle déménage à la campagne. Mais elle décide de garder son emplacement pour le louer à d’autres particuliers et compléter ses revenus. Comme Christine, qui sous-loue le sien 80 € par mois. Yann, quant à lui, investit dans l’immobilier depuis plus de deux décennies pour préparer sa retraite. Il cible les boxes et les places de parking. Sur la dizaine qu’il possède à Strasbourg, il en loue cinq au quartier Gare.

Des tarifs avantageux

C’est un secteur “très recherché”, selon Yann. Pour lui, c’est la difficulté à s’y garer qui pousse à opter pour la longue durée. La mairie “a mal pris en charge la problématique du stationnement”, affirme-t-il. La clientèle ne se limite pas aux usagers du train. Le dernier locataire de Christine travaillait dans le secteur des Halles et s’y rendait en voiture.

Les subventions comme moyen de subsistance

Avec des rentrées d’argent aléatoires, la pérennité économique d’une association comme Les Petites Cantines dépend des subventions et des dons. Dans son cas, ils s’élèvent à 40 000 € par an. Ils proviennent, entre autres, de l’Eurométropole et d’agents privés (tels que AG2R, Malakoff Humanis ou la fondation Carrefour).

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