Autour d’une table aux pieds en fer forgé façonnés par les Compagnons, il explique son rôle : assurer le lien avec les 500 entreprises partenaires en Alsace tout en gérant les 170 résidents. À ses côtés, Judith Fauvet, 21 ans, se forme à la pâtisserie depuis quatre ans, “Je suis rentrée car j’étais passionnée par mon métier. Si je reste c’est pour ce qu’il y a autour : les valeurs et la communauté.” Chez les Compagnons, l’entraide, le respect ou la politesse sont fondamentaux.
La lourde porte métallique ne s’ouvre que deux ou trois fois par semaine. Dans la rue du Rempart, à Strasbourg, un panneau en bois arbore en lettres vertes “Bunker comestible”. Derrière d’épais murs de pierre, une forte odeur de terre saisit le visiteur. Sur les côtés de la champignonnière, des pleurotes poussent en amas sur des blocs en matière végétale. Dans l’allée centrale, une brume d’eau cache des shiitakés, une variété japonaise.
Dans cette ancienne poudrière tenue depuis 2020 par la Fédération des aveugles Alsace-Lorraine Grand Est, des déficients visuels se relaient pour cultiver et récolter les champignons, qu’ils revendent ensuite à des grossistes ou des restaurateurs.
Aujourd'hui, roulement continu
Smail Belaroussi, propriétaire du MShop, un magasin de vente de produits électroniques, est l’un des derniers venus. À ses yeux, le Faubourg présente l’avantage d’un loyer moins cher que dans le centre-ville. Mais le magasin ne représente que 20 % de son chiffre d’affaires. Les 80 % restants proviennent des ventes sur internet. "L'intérêt d’avoir une boutique au Faubourg-de-Saverne, c’est avant tout d’être visible et de rassurer la clientèle qui commande sur internet”, explique-t-il.
En 2022, l’histoire économique du Faubourg-de-Saverne continue de s’écrire. Signe d’un renouvellement constant des enseignes, l’agence Adecco Médical a quitté le quartier au mois d’octobre et le restaurant Mandala va s’étendre avec la création d’un bar à cocktails.
Pauline Beignon et Keziah Cretin