“La mairie n’a aucune obligation légale à agir concernant les hébergements d’urgence, par contre, on le fait de manière volontaire.” Interrogée sur la situation actuelle des sans-abris, Floriane Varieras confirme l’engagement de la Ville en matière de coordination avec les associations. “Nous essayons de leur faciliter le travail, de faire en sorte que ce soit plus fluide”, confie l’adjointe à la mairie de Strasbourg, chargée des Solidarités.
Face à l’explosion des distributions alimentaires, Floriane Varieras partage l’inquiétude des associations : “La situation est tellement critique que personne ne sait vraiment comment faire. Vu l’augmentation du nombre de repas délivrés, c’est vertigineux.”
Julie Arbouin et Yann Rudeau
Répartition du nombre de places d'hébergement d'urgence au quartier Gare (cliquer sur les icônes orange pour plus d'informations). © Rémi Casalis
Une rigueur militaire qui divise
“La journée, on est en entreprise, le soir, on rentre, on mange tous ensemble et on retourne en cours de 20 h à 22 h”, déplore Matéo. Les samedis sont également bien occupés jusqu’à 17 h, comme le revendique Florian Guehl : “Ça parait lunaire de la part du monde extérieur mais on travaille de nous-mêmes.” Si le prévôt affirme que “la vie se fait aussi en dehors de la maison”, l’emploi du temps laisse peu de place au divertissement. Lucas*, apprenti menuisier, décrit : “Les portes ferment à 22h30, même pour les majeurs. J’ai failli dormir dehors.”
Les étudiants qui ne respectent pas les règles de l’établissement s’exposent à des sanctions, certifie Lucas : “Une minute de retard en cours, dix pompes, c’est une tradition. Si on dit un gros mot dans la salle à manger, on doit mettre des sous dans une cagnotte.” Mathias*, en formation charpenterie, continue : “Il y a eu pas mal de personnes virées pour pas grand-chose.”
L'aménagement du boulevard de Lyon modifie la disposition des voies. Déplacer le curseur blanc de gauche à droite pour observer l'évolution. © Welcome Byzance pour l'Eurométropole de Strasbourg & Coline Playoust
Eva Pontecaille et Thomas Bonnet
Désormais, son établissement se veut un hôtel lifestyle, ouvert sur le quartier. Au Graffalgar, les voyageurs peuvent occuper une chambre pour la nuit, mais les Strasbourgeois sont aussi invités à manger au café-restaurant et à occasionnellement chiner des vêtements de seconde main au deuxième étage. La chambre 201 a aussi été aménagée par une coiffeuse, Esther Sanchez qui tient un salon pour une clientèle fidèle. Pour Vincent Faller, l’hôtel ne s'adresse pas uniquement aux touristes, mais aussi aux habitants du quartier. Profitant des services proposés dans l’établissement, ceux-ci en deviennent des ambassadeurs auprès de leurs connaissances.