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Le prévôt de son côté s’en défend : Ça paraît très sectaire, on le comprend, c’est un circuit fermé. On nous voit avec des habits rituels, c’est visuel. Mais à la différence d’une secte, on n’oblige personne à rester.

“On travaille sur le projet”, confirme Marie-Dominique Dreyssé, conseillère municipale chargée du quartier Gare. Elle préfère envisager les remparts plus globalement, comme “un lieu bon vivant” et respectueux des espaces verts. L’édifice fait partie de la ceinture verte, un cordon de végétation entourant le centre-ville. Un projet auquel la majorité écologiste, au pouvoir depuis 2020 semble donner la priorité, au détriment du patrimoine historique.

Fort de ce succès, le CESFS veut proposer des visites guidées mensuelles. Au dernier étage du Centre de passage, devant une porte condamnée qui menait auparavant sur le haut des remparts, Antoine Schoen imagine des balades de plusieurs heures et un parcours libre. Pour mener à bien ce projet, il aimerait créer une association pour convaincre la mairie que l’histoire peut être un levier pour dynamiser les fortifications. L’actuelle propriétaire d’une partie des lieux, classés Monument historique depuis 2009, a laissé le Bastion XV à la gendarmerie, qui l’utilise comme caserne lors de grands événements.

Préserver la ceinture verte

Attaquées par la rouille et les orties, certaines portes le long des 1,2 km de remparts restent fermées. Antoine Schoen possède les clés. Depuis 2016, il fait partie des 30 bénévoles du Cercle d’étude et de sauvegarde des fortifications de Strasbourg (CESFS) qui veut relancer l’intérêt touristique du site. En septembre dernier, lors des Journées du patrimoine, il a guidé près d’un millier de curieux sous l’impressionnante voûte d’une ancienne poudrière et à travers les trois étages du Centre de passage qui accueillait les militaires en attente d’affection lors de la Seconde Guerre mondiale (voir carte). Visiblement conquis, 150 visiteurs ont laissé des encouragements dans le livre d’or ouvert pour l’occasion.

Plus haut dans la rue, en direction du carrefour Wodli, le Bastion XIV accueille depuis 2004 une quarantaine d’artistes. Dans l’un des 20 ateliers, Baptiste Filippi grave du métal à l’acide, illustre un livre pour enfants et compose des musiques expérimentales. La Ville de Strasbourg l’a sélectionné à la suite d’un appel d’offres. “C’est pensé comme un accompagnement sur plusieurs années”, détaille-t-il. L’accompagnement est notamment financier : l’artiste a signé un bail renouvelable et paie un modeste loyer de 50 €. En échange, il doit présenter ses travaux au public une fois par an, lors des Ateliers ouverts.

Vue du premier tram du Faubourg construit par les Allemands en 1903, et sa version actuelle. © Patrick Hamm / Pauline Beignon

L’obscurité, l’humidité et la température stable offrent un environnement idéal à cette culture. Au plafond, de puissants néons éclairent des allées spécialement élargies pour les personnes malvoyantes. “Dans des conditions optimales, on ramasse entre 60 et 100 kilos de pleurotes sur deux mois”, confie fièrement Fabien Simon, chef d’atelier.

Pleurotes et résidences d'artistes

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