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La répartition des audioprothésistes à la Robertsau
©Jules Beaucamp et Julien Rossignol
Jules Beaucamp et Julien Rossignol
Aucune plaque ni enseigne ne distingue la maison du 77, rue Mélanie de ses voisines. Ce n’est qu’une fois les escaliers menant vers le sous-sol descendus que le pavillon familial révèle un cabinet de naturopathe. Parquet, lambris jusqu’au plafond et cageots de bois faisant office d’étagères, la salle de soins évoque un chalet où trône une table de massage. Sous une lumière tamisée, deux fauteuils rouges capitonnés se font face au fond de la pièce: c’est confortablement assis que débutent toutes les séances.
“Je passe énormément de temps à écouter les gens”, déclare Chantal Acker Marx, souriante. Pendant treize ans, elle s’occupait de planifier des voyages d’affaires pour le compte d’American Express. En 2013, elle quitte l’entreprise dans le cadre d’un plan de départ volontaire. Elle imagine d’abord une reconversion en tant qu’auxiliaire de puériculture. Réalisant que le métier ne correspond pas à sa vision du soin, elle commence une formation de naturopathe à l’école Plantasanté en 2018. “Ce que je fais maintenant, pour moi, ça a du sens”, confie celle pour qui le naturopathe est un “éducateur de santé”. Son rôle consiste à redonner les bases du bien-être grâce à l’alimentation, la gestion des émotions ou l’activité physique. La thérapeute explique avoir une préférence pour les techniques du toucher comme la réflexologie, le magnétisme ou la massothérapie.
Mais la seule publicité à laquelle elle a le droit se trouve à… l’entrée du cimetière. Une affichette anonyme datée de 2005 résume sa vie en quelques lignes, quand les journaux de l’époque consacraient à la défunte plusieurs chroniques. “Les obsèques de la sœur Gaëtan ont eu lieu vendredi matin à la Robertsau, au milieu d’un immense concours de la population”, peut-on lire dans l’édition du 6 février 1889 des Affiches de Strasbourg.
Pour entretenir le souvenir d’Anne-Marie Fritscher, la Ville a classé sa sépulture “tombe remarquable”. Dans les faits, cela ne donne droit à rien de plus qu’à de l’élagage, du fleurissement dans le meilleur des cas. En prime, la mairie a édité il y a 13 ans un carnet d’informations regroupant les stèles remarquables du cimetière Saint-Louis dans lequel apparaît la religieuse. “Les recherches qu’on a menées pour ce carnet étaient très sommaires”, convient Benoît Jordan, conservateur en chef du patrimoine aux Archives de Strasbourg. Des centaines d’exemplaires encore emballés dorment dans la cave des services funéraires de la Ville.
Le cimetière Saint-Louis, le plus petit de Strasbourg, accueille l'enclos funéraire des Pourtalès et la tombe d'Anne-Marie Fritscher. ©Delphine Schiltz et Corentin Chabot