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Au Jardin de Marthe, chemin Goeb, on plante, on récolte et on vend en circuit court. Troisième génération de producteurs, Laetitia Hornecker et son frère David, trentenaires, ont repris l’exploitation familiale en 2015. Ils sont, avec Jean-Pierre Andrès, les deux derniers représentants de la tradition maraîchère à la Robertsau.

Sur leurs 4,5 hectares de terrain, les Hornecker cultivent tout au long de l’année 50 types de légumes différents. Ils produisent aussi des pommes, poires, pêches et abricots dans leur verger de 1200 arbres. “On a vu le retour d’une envie d’alimentation locale et de saison”, explique Laetitia. Leurs radis noirs, choux chinois ou céleris-raves trônent sur les étals aux côtés du vrac, du pain ou du lait d’amande bio fournis par d’autres producteurs locaux du secteur.

La demande croissante du bio

Développer l’activité en-dehors du cabinet

Dans le quartier, les professionnels du bien-être disposent de plusieurs moyens pour élargir leur offre de soins. L’institut d’esthétique Nanou Beauté est pourvu d’une salle de sport qui accueille une fois par semaine une séance de sophrologie en groupe animée par Isabelle Camisan. Gérante de l’institut, Anne Claret en est persuadée: “Dans dix ans, la sophrologie sera comme le yoga, mais aujourd’hui c’est compliqué d’en vivre.” De son côté, la sophrologue Frédérique Collin intervient à la fois en milieu scolaire comme au collège Jules-Hoffman, mais aussi en entreprise et dans un centre pour le sommeil.

Depuis vingt ans, Patricia Hilpert, infirmière libérale dans un cabinet route de La Wantzenau, sillonne les rues de la Robertsau au volant de sa voiture. Elle va du domicile d’un patient à un autre. “Je rends visite aux premiers vers 6h, raconte-t-elle. Je m’occupe d’abord de ceux souffrant du diabète. J’estime qu’ils sont prioritaires, les autres peuvent prendre leur petit-déjeuner en pyjama.” Elle constate que tous ses patients, âgés en moyenne de 80 ans, préfèrent vieillir chez eux. “On ne déracine pas un vieil arbre, sortir une personne âgée de son contexte et de ses repères c’est la faire dépérir à petit feu.”

Une densification de l’offre libérale

Vieillir à la maison séduit de plus en plus. À la Robertsau, ce phénomène est facilité par la grande densité de l’offre de soins. “Il y a vingt ans, les cabinets d’infirmiers étaient au nombre de quatre ou cinq, aujourd’hui nous ne sommes pas loin d’une douzaine, explique Patricia Hilpert. Comme beaucoup d’infirmières sont venues s’installer, les personnes âgées ont pu rester chez elles.” Une loi est sortie sur le zonage d’installation de cabinets. À partir du moment où les cabinets d’infirmiers libéraux sont dans une zone surdotée, l’ordre infirmier ne permet plus de s’installer. Une configuration qui s’applique au quartier.

Les infirmiers ne sont pas les seuls. Kinésithérapeutes, aides-soignants, podologues… l’offre n’a cessé de s’étoffer. La rue Boecklin dénombre à elle seule 106 praticiens libéraux. “Entre le médecin traitant, les auxiliaires de vie qui passent au domicile des personnes, l’Abrapa, les sociétés de service O2, Tenor… rien ne manque”, énumère l’associé de Patricia Hilpert. Les plus de 60 ans, qui représentent 26% de la population du quartier, bénéficient de cette offre.

“Mettre sa vie dans une valise”

“Avant, il n’y avait que ça, des maraîchers: rue Mélanie, rue Himmerich, rue de la Carpe Haute, chemin Goeb, il n’y avait pas de maisons, que des champs partout”, soupire Bernadette Koepf, ancienne maraîchère de la Robertsau, plongée dans ses souvenirs. Accoudée à la table de son séjour, elle fixe longuement la barre de nouveaux logements s’érigeant désormais au milieu des parcelles qu’elle cultivait. Une métamorphose du paysage que confirme Bernard Irrmann, historien amateur et auteur de deux livres sur le passé robertsauvien: “En 1927, à l’âge d’or, il y avait 130 maraîchers et horticulteurs avec plus de 200 salariés: ça faisait 220 hectares de surfaces agricoles.” Plus d’un huitième de la superficie du quartier était dévolu à la culture des fruits et des légumes. Certaines familles comme les Cammisar, les Koepf ou les Würtz faisaient pousser chrysanthèmes et pensées en complément.

“Avant, il n’y avait que ça, des maraîchers: rue Mélanie, rue Himmerich, rue de la Carpe Haute, chemin Goeb, il n’y avait pas de maisons, que des champs partout”, soupire Bernadette Koepf, ancienne maraîchère de la Robertsau, plongée dans ses souvenirs. Accoudée à la table de son séjour, elle fixe longuement la barre de nouveaux logements s’érigeant désormais au milieu des parcelles qu’elle cultivait. Une métamorphose du paysage que confirme Bernard Irrmann, historien amateur et auteur de deux livres sur le passé robertsauvien: “En 1927, à l’âge d’or, il y avait 130 maraîchers et horticulteurs avec plus de 200 salariés: ça faisait 220 hectares de surfaces agricoles.” Plus d’un huitième de la superficie du quartier était dévolu à la culture des fruits et des légumes. Certaines familles comme les Cammisar, les Koepf ou les Würtz faisaient pousser chrysanthèmes et pensées en complément.

La terre des maraîchers

La Robertsau a longtemps été envahie par les marécages. Asséchés au début du XIXe siècle, ces marais ont laissé derrière eux des terres particulièrement fertiles. “Le sol est sableux, c’est super pour le maraîchage et pour la fleur”, explique Laure Devivier, propriétaire d’une parcelle de libre cueillette de fleurs chemin du Grand Belzwoerth. “À 1m50 sous le sol il y a la nappe phréatique, celle d’Alsace est la plus grande d'Europe!”,  se réjouit-elle. Ces terres sont aussi connues pour leur riche teneur en calcaire. “Ici, le loess permet de retenir l’eau”, expose Bernadette Koepf. Cet équilibre entre terres drainantes et argileuses a notamment permis la culture du poireau, emblème du quartier. 

La Robertsau en fête

Chaque deuxième dimanche de septembre à l’église catholique Saint-Louis, la Robertsau célèbre encore sa tradition horticole lors de la Saint-Fiacre. Cet hommage rendu au patron des maraîchers fut longtemps “l’événement de la rentrée”, selon Jean Grieneisen, actuel président de la confrérie Saint-Fiacre. Fondée en 1751, celle-ci regroupait les plus grands jardiniers de la ville. “Ses membres se réunissaient pour promouvoir le maraîchage, les fruits, les légumes et les fleurs par différentes manifestations”, ajoute-t-il. “La fête de la Saint-Fiacre, c’était le grand moment, c’était vraiment quelque chose de très solennel”, se souvient Bernadette Koepf. Elle y a d’ailleurs rencontré Charles, son mari, dans les années 1960, après y avoir participé toute son enfance. “On portait les petits paniers, on tirait les chariots, on poussait les brouettes”, raconte-t-elle, amusée.

Une profession en déclin

En l’absence de ses principaux protagonistes, la fête de la Saint-Fiacre se résume aujourd’hui à une messe annuelle suivie d’un vin d’honneur. La célébration a attiré 200 participants en 2019, dont la plupart ne sont plus du métier. “Aujourd’hui, comme il y a beaucoup moins de maraîchage, tout le monde peut être membre, même ceux qui n’ont pas de jardin”, admet Jean Grieneisen. Ils ne sont en effet plus que deux maraîchers et deux horticulteurs installés dans le quartier le plus septentrional de Strasbourg. 

Rachat des parts d’héritage à la fratrie, soumission aux tarifs des grossistes et flambée des prix du foncier ont eu raison de dizaines d’exploitations après la Seconde Guerre mondiale. Dans La Robertsau, côté village, Bernard Irrmann l’assure: “Planter des légumes sur des terrains de cette valeur relève quasiment de l'héroïsme", quand il serait si rentable de les vendre. Si l’on peut encore savourer quelques poireaux du terroir, impossible en revanche d’acheter une tulipe ou un dahlia robertsauviens chez les nombreux fleuristes du quartier. Une situation que regrette Marie Leleu, gérante de la boutique Au gré du vent: “On adorerait faire plus de local, d’autant qu’il y a de plus en plus de demande.”

©Lisa Ducazaux & Louise Llavori

Un public intéressé et solvable

Sportifs de haut niveau, entrepreneurs et cadres constituent l’essentiel de la clientèle aisée de ces thérapeutes. Les prestations de médecine douce ne s’adressent pas à tous les portefeuilles: la fourchette des prix s’étend de 50 à 90 euros. Il faut compter plus d’une centaine d’euros pour un suivi de plusieurs séances. Des frais que la sécurité sociale ne rembourse pas. “Les personnes qui viennent [du reste] de la Robertsau ont un niveau de vie plus élevé que ceux de la Cité de l’Ill par exemple”, déclare Isabelle Camisan, sophrologue depuis 2018. À l’image de la majorité des praticiens, son cabinet est situé non loin de la rue Boecklin. Dans ce secteur, le revenu disponible médian avoisinait les 29 000 euros par an en 2018 selon l’Insee, soit environ 10 000 euros de plus que sur l’ensemble de Strasbourg. À la Robertsau, un tiers des actifs occupés sont des cadres et professions intellectuelles supérieures.

3 500 m². C’est la surface du bois privé rue de Bussière qui va bientôt disparaître pour laisser place à deux immeubles et une maison dans le quartier de la Robertsau. L’annonce du permis de construire, accordé en mai dernier au promoteur et propriétaire Nexity (voir encadré), a fait bondir les riverains et les élus d’opposition. “C’est une catastrophe pour la biodiversité, le bois de Bussière est le dernier poumon vert du quartier!”, s’insurge la riveraine Christiane Cornec Rubio, à l'origine d’une pétition en ligne demandant le retrait du permis de construire. Mi-novembre, environ 36 000 personnes l’avaient déjà signée. Pourtant, aucune étude approfondie n’a été menée sur le terrain, notamment pour détecter de potentielles espèces sur liste rouge – ce qui aurait pu permettre d’envisager une suspension du projet. Un tel audit coûte entre 3 000 et 5 000 euros selon les estimations de l’Office des données naturalistes du Grand Est: trop onéreux pour les associations de défense de la nature. Aucune ne s’est spontanément exprimée sur le sujet. 

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À chaque consultation, la bio-magnétiseuse Sabine Joly suit un protocole précis pour identifier les déséquilibres dans le corps de ses clients. ©Théo Renault

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Depuis son passage par Preccoss, Babacar s'est réconcilié avec les fruits. ©Louison Leroy 

Vincent Troesch, infirmier en santé publique à la Maison urbaine de santé de la Cité de l’Ill depuis 2018, rencontre des familles souvent réticentes à la prise en charge du surpoids ou de l’obésité de leurs enfants. “Dès qu’on commence à expliquer aux parents que c’est leur responsabilité, ça secoue pas mal. Ils ont le sentiment d’être jugés alors que ce n’est pas le cas”, rapporte-t-il. Loin d’être découragé, l’infirmier travaille à l’élaboration d’un jeu de société autour de l’équilibre alimentaire afin de sensibiliser les habitants. Il pourra également compter sur l’aide d’un médecin nutritionniste, dont l’installation à la Maison urbaine de santé est prévue pour début 2022.

 

La dernière en date à s’être installée est Sabine Joly. Ouvert depuis septembre 2021, son cabinet cohabite avec une ferme de permaculture. La bio-magnétiseuse y reçoit ses clients et leur appose des aimants sur le corps pour le renforcer contre les “micro-organismes”. Pour l’instant, cette ancienne consultante de l’Agence régionale de santé (ARS) attire sa clientèle par le bouche-à-oreille. Elle travaille sur la création de son site internet pour faire davantage connaître son cabinet “Pleins Champs”.

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