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De sa fenêtre du troisième étage, Claudine Jost jette un regard à son parterre de fleurs. “Il n'y en a plus beaucoup, des jardins comme ça à la Robertsau”, déplore la vice-présidente des Amis du jardin botanique de Strasbourg. Sa bâtisse beige d'époque Neustadt, avec sa tourelle d’angle et ses mansardes rassemblées en un appartement, Claudine l’a héritée de ses parents en 1994, qui l'ont eux-mêmes acquise auprès de son constructeur après la Seconde Guerre mondiale. Ces grandes maisons accueillaient les propriétaires au rez-de-chaussée et des locataires à l'étage. “Là où, avant, deux ou trois familles vivaient ensemble, aujourd'hui les gens achètent leur maison pour y habiter seuls.” Claudine a maintenu cette tradition à sa manière: elle a aménagé un gîte il y a six ans. Toute l’année, elle loue son deuxième étage à une clientèle variée, “notamment à des gens qui rendent visite à leur famille”.
“C’est immonde”, s'exclame Claude. Le septuagénaire déplore les nouvelles constructions boisées beige clair et à toits plats qui sont apparues à la cité des Chasseurs ces dernières années, où il habite depuis 1949. À l’époque, le quartier ne comportait pas de telles bâtisses. Mais depuis quelques années, ce secteur réputé pour ses chalets bleus, rouges ou violets voit son architecture évoluer.
Derrière les haies qui la séparent de l’allée centrale, rue de la Fourmi à la Robertsau, en plein cœur des jardins familiaux de l’Ameisenkoepfel, Céline s’active au ramassage des feuilles de son cognassier. La jardinière s’en sert pour pailler ses plantations pour l’hiver, afin d’éviter la pousse de mauvaises herbes. Avec 1057 parcelles, la Robertsau est le quartier le plus doté de Strasbourg en jardins familiaux. Ici, il faut attendre “plus de trois ans et demi en moyenne” pour en obtenir un, selon la municipalité.
“J'en ai trop pour moi toute seule”
Dans son potager aux couleurs de l’automne, Céline doit encore ramasser ses deux dernières courges. Là où il n’y a plus rien à récolter, elle a déjà retourné la terre en prévision de l’hiver. “On a eu 50 kilos de potimarron cette année!”, se réjouit-elle. Habitante du centre de la Robertsau, elle loue sa parcelle depuis huit ans et y passe environ dix heures par semaine avec son mari. Betteraves, haricots verts, pommes de terre, radis, navets, rhubarbes, pommes, poires, prunes, la liste est longue. S’occuper de cet espace de 300 m² lui permet d’être autosuffisante en légumes “pendant deux à trois mois après l’été”.
De l’autre côté de la Robertsau, au cœur de la Cité de l’Ill, Ednalva aussi utilise son jardin comme source principale de fruits et légumes: “[En été], je ne mange que ce que je fais pousser ici. J’en donne parfois à mes voisins, car j’en ai trop pour moi toute seule.” Elle explique s’être débrouillée en tâtonnant et en “faisant des expériences”. Témoins de l’arrivée de l’hiver, ses planches de cultures sont elles aussi recouvertes de feuilles mortes. Seuls les kiwis, camouflés dans leurs dernières feuilles, attendent patiemment d’être cueillis. Pour Ednalva, ce jardin est aussi un moyen de faire des économies: ce qu’elle produit en légumes, elle n’a pas besoin d’aller l’acheter au marché du mercredi au pied de la tour Schwab. Comme Céline, elle passe du temps à entretenir ses plantations, jusqu’à une heure et demie par jour en été. “Ça demande beaucoup de travail, mais c’est un travail qui fait du bien.”
Isalia Stieffatre et Dorian Mao
Infirmiers, aides-soignants, kinésithérapeutes : les soins à domicile pour les personnes âgées ont la cote. Foisonnante, l’offre libérale se développe pour répondre à la demande.
La Cité de l’Ill boude le dispositif Preccoss
La force du groupe nous fait presque oublier ce qui nous semblait encore insensé cinq minutes plus tôt: s’immerger dans une eau à 12 degrés. Malgré le froid saisissant, étonnement, personne ne fait demi-tour, pas même nous. La pente raide du fond de l’étang nous mouille jusqu’au torse rapidement. “À trois on met les épaules!”, lance Damien. Je prends mon courage à deux mains, bonnet en laine vissé sur ma tête, et je me mouille jusqu’au cou. À côté de moi, je vois Léna qui se tétanise. Impossible pour elle de s’agenouiller. Plus aucun bruit, hormis celui de nos respirations haletantes.
Les conseils de Thomas, pratiquant assidu, nous reviennent en tête: “Une fois dans l’eau, ne bougez plus pour conserver la pellicule de chaleur qui se crée autour de vous.” Difficile à appliquer: je n’arrive pas à retenir mes tremblements, dignes d’une crise de panique. En sortant de l’eau, Léna me confie qu’elle sentait ses muscles prendre feu.
Se rhabiller, un enfer
Mais le plus dur est encore à venir: le rhabillage. Les habitués enfilent leurs vêtements en seulement une trentaine de secondes. Pour nous, dix minutes sont nécessaires pour remettre nos culottes: nos mains gantées sont totalement engourdies. C’est vraiment à ce moment-là que le froid est le plus mordant. Bien qu’emmitouflées, nous voilà rêvant d’un épais plaid en moumoute. Nos compagnons de galère, le sourire en coin, nous tendent une tasse de thé avant de nous dire “à la semaine prochaine!” Pas si vite, j’ai toujours froid et Léna a encore l’impression d’avoir des blocs de glace à la place des pieds.
Camille Aguilé et Théo Renault