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L’Union européenne à la recherche de son indépendance
L'indépendance énergétique est le prochain défi à relever pour l’Union européenne. Elle était sur les lèvres de tous les députés, qu’importe leur appartenance politique, lors du débat sur le rapport d’Irene Tinagli. Les solutions à court terme sont la diversification des fournisseurs et la réduction de la consommation d’énergie à l’échelle individuelle. Sur le long terme, il est souhaitable que l'Union européenne diminue sa dépendance aux importations de carburants.
De nombreux députés sont favorables à un plan de relance face à la hausse des prix et pour financer l’indépendance énergétique. Ils restent divisés sur les conditions de ces aides. « De nouveaux fonds européens doivent être conditionnés à des investissements dans les énergies décarbonées et renouvelables », assure Aurore Lalucq, économiste et députée S&D. Les libéraux de Renew admettent la nécessité de ces aides mais exigent qu'elles s’accompagnent de réformes structurelles auprès des États trop déficitaires. Une position que partage le PPE. Or pour le moment, le pacte de stabilité et de croissance est suspendu depuis le début de la pandémie. C'est lui qui fixe les règles pour éviter des déficits publics excessifs au sein des pays de la zone euro. Sa réactivation, prévue pour 2023, devrait dépendre de la suite des évènements en Ukraine.
Des enjeux économiques de taille
Les conséquences économiques de la guerre sont déjà visibles. L’explosion du prix de l’énergie est au cœur des préoccupations des députés. « L’augmentation des prix touche tous les pays européens. Mais les pays les plus proches de la Russie sont les plus vulnérables car les plus dépendants », explique Markus Ferber, député allemand du Parti Populaire Européen (PPE, centre-droit). La Finlande et l’Estonie par exemple dépendent à 100% du gaz russe, à 81% pour la Pologne.
Cette envolée des prix devrait également toucher d’autres secteurs, comme l’agriculture. L’inflation, qui était déjà au-dessus des prévisions avant le début de la guerre, devrait continuer d’augmenter dans les prochaines semaines. Les chaînes d’approvisionnement tournent aussi au ralenti. Les industries européennes vont pâtir des pénuries de certaines matières premières, comme le palladium, un composant nécessaire pour l’assemblage des batteries de voiture. La Russie produit 40% de l’offre mondiale de ce métal précieux. Chaque État membre va faire face à des difficultés particulières. « Certains pays qui comptent beaucoup sur le tourisme russe, comme Chypre ou la Grèce, risquent de souffrir ces prochaines semaines », s’inquiète Eric Maurice, directeur de la fondation Robert Schuman à Bruxelles. Lors du débat devant le Parlement, Luis Garicano, député espagnol (Renew, libéraux), a averti que l’UE pourrait faire face à une troisième récession.
Les parlementaires constatent la multiplication des ingérences étrangères, notamment russes, dans les démocraties européennes. Leur alerte trouve un fort retentissement dans le contexte de la guerre en Ukraine.
« Les signaux de reprise économique étaient plutôt positifs. La guerre en Ukraine a changé le scénario », a déclaré devant le Parlement européen Irene Tinagli, eurodéputée du groupe social-démocrate (S&D). Cette Italienne est chargée du rapport qui doit évaluer les prévisions économiques au niveau européen. Avant l’invasion, ces prévisions étaient encourageantes avec une croissance qui devait atteindre 4,3% en 2022. Désormais, elle est évaluée à 2,8%. Irene Tinagli avait donné des objectifs ambitieux: réduire les inégalités entre les États membres, favoriser la croissance verte, la transition numérique et préparer les prochaines crises. Sauf que cette dernière est arrivée plus vite que prévu. La guerre en Ukraine bouscule les perspectives et donne lieu à une forte incertitude. « Le conflit et les sanctions que nous avons prises à l’égard de la Russie auront un impact indéniable sur nos économies », a conclu l’eurodéputée.
Les prévisions économiques au niveau européen ont été bouleversées par la guerre en Ukraine. À peine sortie de la crise du Covid, l’UE doit faire face à de nouveaux défis. La question de l’indépendance énergétique est au cœur des débats.
C’est dans un climat de tension extrême, sous la menace d'une invasion russe de l'Ukraine, que s’est déroulée la session plénière de février. Dans ce contexte exceptionnel, les députés européens ont vu leur agenda bousculé. Les réunions se sont multipliées pour faire face aux revirements incessants du Kremlin. Toute la semaine, Vladimir Poutine a soufflé le chaud et le froid.
Malgré cette agitation, le Parlement européen a réussi à parler d’une seule voix. Les dirigeants des groupes parlementaires ont adopté une déclaration commune exprimant leur solidarité vis-à-vis du voisin ukrainien. Cette unité s’est retrouvée sur d’autres combats, en particulier sur le front sanitaire avec des recommandations sur la lutte contre le cancer, deuxième cause de mortalité en Europe. Lors de l'intervention de Josep Borrel, le chef de la diplomatie européenne, en amont du sommet stratégique avec l'Union africaine, c'est encore ce message d'unité qui a été martelé, seul moyen pour l'UE de trouver une place sur la scène internationale.
Dans une autre affaire touchant la cybersécurité, là encore, les groupes politiques se sont tendus la main. Les eurodéputés ont conclu tacitement à la mise en place d’une commission d’enquête sur les agissements du logiciel espion Pegasus.
D’autres sujets se sont faufilés entre les mailles de cette actualité incertaine, notamment la précarité des jeunes, aggravée par la pandémie de covid-19 ou encore les 20 ans de l’euro, avec une invitée d’honneur, la présidente de la BCE, Christine Lagarde.
Face aux incertitudes et aux divisions, le Parlement européen veut ainsi montrer un visage uni pour protéger un principe intangible, celui de l’État de droit.
Charlotte Thïede
Les députés européens ont débattu d'un rapport sur l'état des droits de l’homme et la démocratie. Ils se sont montrés préoccupés par la situation dans le monde. Marìa Soraya Rodriguez Ramos, députée européenne (Renew, libéraux), en charge du rapport, a même affirmé que 2021 “ne sera pas dans les annales de la meilleure année concernant les droits humains.” Les effets de la pandémie de covid-19 et la situation dans des pays tels que l’Éthiopie, l’Érythrée ou le Myanmar inquiètent considérablement les eurodéputés. Le rapport souligne qu’il faut intensifier la coopération européenne avec des partenaires démocratiques partageant les mêmes valeurs comme les États-Unis. Il invite aussi tous les pays de l’UE à durcir leurs actions contre ces violations graves des droits de l'homme. Mais la portée de ce rapport laisse certains parlementaires sceptiques, à l'image de Raphaël Glucksmann (S&D, socialistes) qui aimerait passer “des paroles aux actes.”
Les eurodéputés réunis au Parlement européen à Strasbourg, ont approuvé en deuxième lecture la directive Eurovignette. Alors que l’Union européenne s’est engagée à réduire ses émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55% d’ici 2030, cette directive définit un objectif nouveau pour les États membres : celui de taxer en particulier les poids lourds non plus en fonction de la durée du trajet, mais en fonction de la distance parcourue. Elle propose aussi de réinvestir ces redevances dans le développement des transports durables. Une période de transition de huit ans à partir de 2029 est proposée aux États membres pour appliquer cette directive.
Après avoir voté des mesures fortes dans la lutte contre le cancer en Europe, les eurodéputés se sont attaqués aux risques de santé au travail. Ils demandent aux entreprises de réduire l’exposition de leurs travailleurs à trois substances cancérigènes (l’acrylonitrile, les composés du nickel, et le benzène). Une première étape, selon Katrin Langensiepen (Verts, écologistes), qui attend des révisions du texte: “Grâce à la persistance de ce Parlement on a fait un grand pas en avant mais le travail n’est pas encore terminé. 25 substances doivent encore être incluses dans la liste. On ne peut pas accepter qu’un seul travailleur tombe malade à cause d’un manque de protection”. Les données de l’Union Européenne (UE) montrent que 52 % des décès liés au travail sont dus aux cancers d’origine professionnelle.