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Pour les artistes de la Semencerie, le rachat du site par la mairie début 2022 assure l'avenir. Même si une partie a déménagé à la Coop. 

Trotinettes, bus, vélos, voitures, tramways : quel que soit le moyen de transport, circuler sur le carrefour Wilson-Wodli relève souvent du périple. © Kilian Bigogne et Mina Peltier

© Alexia Lamblé 

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Didier dîne grâce à l'association Abribus ce soir-là. Dans son carnet, il répertorie toutes les villes par lesquelles il transite. © Fanny Gelb

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Sur la table de ping-pong du parvis, Kilian et Hugo échangent quelques balles. © Jean Lebreton

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Des éxilés venus d'Asie centrale transitent par Strasbourg. Ils se regroupent au parvis de la gare dans l'attente de gagner Paris ou Bruxelles. © Fanny Gelb

Lis fait partir du collectif Drill Caviar. Le parvis de la gare est l'un des personnages de leur dernier clip. © Fanny Gelb et Jean Lebreton

Le parvis de la gare et le dôme accueillent depuis 2007 des populations variées qui, chacune, use de la place à sa manière. © Fanny Gelb et Jean Lebreton

“J’ai traversé toutes les frontières”

Arrivés seuls, ces exilés sont là chaque après-midi. Ils se regroupent sur le muret de l’allée centrale qui mène à l’entrée principale de la gare. Certains dorment à même le bloc, assis ou allongés, leur sac à dos en guise d’oreiller. D’autres errent, l’air hagard. Accrochés à leur téléphone, ils lèvent parfois la tête pour discuter entre eux. “Ils vont essayer d’atteindre le prochain pays ensemble”, traduit Kassim, qui sert d’interprète à ces personnes ne parlant ni le français ni l’anglais. Étudiant infirmier, il vient dès qu’il le peut leur donner quelques vivres ou simplement leur tenir compagnie. Bandage usé à la main droite, Ali a traversé toutes les frontières depuis l’Afghanistan : Iran, Turquie, Bulgarie, Serbie, Hongrie, Autriche, Suisse et enfin la France. Un périple risqué pour fuir le régime des talibans et la famine qui frappe son pays depuis plusieurs années.

Dans l’attente de gagner Paris ou Bruxelles, ces migrants sont démunis. Pourtant, ils ne semblent pas solliciter les structures d’aide présentes sur le parvis, comme le Point d’accueil et de solidarité de la SNCF ou l’association Abribus qui distribue des centaines de repas aux plus précaires. "Pour la plupart, ce sont des réfugiés géorgiens, mais aussi des familles françaises ou des SDF hommes seuls”, détaille Marion, bénévole depuis un an et demi. Dans un bus graffé en bleu et rouge, ces distributions alimentaires animent la place à 19h chaque jeudi, samedi et dimanche d’octobre à avril. Parmi les bénéficiaires, Didier, dit Didi, 54 ans, tout juste arrivé de Haguenau à pied pour récupérer son plat de pâtes fumant. Lunettes sur le nez et barbe grisonnante, il tient fermement le carnet où il a retranscrit les 278 villes par lesquelles il est passé.

Ce baroudeur aux rides marquées compte repartir à la première heure pour Auxerre. Peut-être croisera-t-il Maguy, venue nourrir comme à son habitude les pigeons. Ce parvis, elle l’apprécie. Elle y fait des rencontres, discute avec des gens qui “ne viennent pas ici que pour prendre le train. Il y a de la vitalité !

Fanny Gelb et Jean Lebreton

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