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De l’action sociale… mais pas que  

À Strasbourg, le quartier Gare, majoritairement jeune, manque d'installations de loisir en extérieur. Et quand elles existent, les habitants se plaignent de leur mésusage. 

Un service destiné aux diasporas

Dans ce quartier cosmopolite, les téléboutiques cohabitent avec des épiceries asiatiques, des coiffeurs afro et des kebabs dont la clientèle recoupe la leur. On entend parler arabe, hindi, ou anglais  ; les commerçants sont parfois eux-mêmes d’origine étrangère. Rue du Maire-Kuss, les clients s'entassent dans la petite échoppe Jeno Telecom qui, selon un employé, existe depuis une vingtaine d’années. Faute de place à l’intérieur, Aurélie attend dans la rue avec une poussette. Elle vient une à deux fois par mois depuis une décennie et envoie à chaque fois 100 ou 200 € aux Comores pour son beau-père  : “J’ai l’habitude de passer par là. Ils ont tous mes papiers donc c’est plus simple, plus rapide.”

"La plupart de nos clients sont des immigrés qui envoient de l’argent à leur famille, parfois pendant des années, avant de pouvoir faire un regroupement familial, explicite le responsable de l’agence Moneytrans, rue Thiergarten. Les deux premières semaines du mois, quand les gens reçoivent leur paie, ou les allocations, nous avons environ 70 à 80 personnes par jour.” Ici, l’argent est majoritairement envoyé vers le Maroc, la République démocratique du Congo, la Géorgie et le Vietnam. En moyenne, les transferts avoisinent 150 à 200 €.

Il est aussi possible de réaliser des transferts internationaux via une banque, mais les virements sont plus longs (trois jours ouvrés) et plus coûteux. Christian envoie un peu plus de 1 000 € aux Philippines tous les mois, pour son entreprise. “Un virement bancaire me coûterait 33 €, alors qu’en agence, ils ne me prennent que 5 € de frais de transaction”, explique-t-il.

Sur le mur de la salle, quelques détails discrets sur un triptyque coloré se réfèrent au christianisme. On y voit, sur l’un, deux personnes agenouillées qui prient et sur un autre, Adam et Ève. Whitney, aussi gérante du café, n’aborde jamais sa foi en cours, mais elle est salariée d’une ONG de missionnaires chrétiens évangéliques. À part les tableaux, rien dans la salle de classe n’évoque non plus les célébrations de l’Église évangélique Perspectives qui s’y tiennent le dimanche, lorsque le café est fermé.

Entre ces personnes qui ont pu fuir la guerre ou subir des discriminations religieuses, Whitney estime qu’“ici, il n’y a pas de conflit. Beaucoup se rendent compte lors de mes cours que la rivalité entre leurs deux cultures n’existe pas en France.” L’intégration, c’est un des objectifs de l’association Quai 67. “On a tous besoin d’une communauté”, affirme Elinor, une autre bénévole.

 

Ce 17 novembre, le cours porte sur “les deux types de phrases interrogatives”, s’exclame l’enseignante avec emphase et grands gestes. Les élèves ont une heure pour s’exercer à se poser des questions. Au deuxième rang, une Bangladaise et une Géorgienne rigolent en se corrigeant mutuellement, quitte à passer à l’anglais quand c’est trop difficile. Au fond de la salle, deux autres jeunes femmes s’en remettent à Google traduction pour comprendre le sens de certaines questions. Leurs difficultés n'échappent pas au regard de l’enseignante, qui délaisse son tableau blanc pour leur venir en aide : “Ça se prononce “comment”, effectivement c’est bizarre, mais c’est le français”, lance-t-elle d’un ton amusé.

 

Alors où sont passés les autres ? Ils dorment ?”, plaisante Whitney Vallenari, une Américaine chargée d’enseigner le français au Quai 67. Depuis le boulevard de Nancy, au quartier Gare de Strasbourg, la vitrine ne laisse paraître qu’un café. Dans une grande salle à l’arrière, huit femmes sortent leur cahier pour la leçon du jour. En septembre, 76 élèves s’étaient inscrits aux cinq cours répartis sur trois jours dans la semaine. “Une grande partie d’entre eux sont en situation irrégulière, c’est difficile de les garder jusqu’au bout”, détaille Whitney.

 

Depuis 2020, le boulevard de Nancy, artère majeure du quartier Gare de Strasbourg, héberge le café Quai 67. Derrière les ateliers socioculturels qu'il propose, une Église évangélique est à la manœuvre.


© Alexia Lamblé

 

À une clientèle cosmopolite, dix boutiques du quartier Gare proposent de transférer de l’argent à l’étranger.

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