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Cyrielle Knoepfel s'est lancée dans le stand-up à Strasbourg en 2018. Elle anime aujourd'hui une chronique hebdomadaire sur France 3 Alsace, joue sur scène et intervient sur Radio Bienvenue Strasbourg. Photo Droits réservés

« J’ai vu et vécu tellement d’agressions sexistes ou sexuelles que je n’en ai presque plus de souvenirs. » Clara*, 25 ans, témoigne, presque résignée. La jeune femme quitte la file d’attente interminable devant l’agence commerciale de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) pour se livrer, « c’est important d’en parler ». À côté, l’association Dis bonjour sale pute tient un stand pour sensibiliser les usagers des transports en commun aux violences sexistes et sexuelles dans les transports. La jeune femme égrène les situations de harcèlement ou d’agression auxquelles elle a assisté et qu’elle a vécues dans les transports en commun, une énumération presque interminable. Des « hommes collants » dans le tramway quand elle était mineure, des « dragueurs lourds » qui insistent pour avoir son numéro, un « mec » qui faisait délibérément le même trajet qu’elle dans l’unique but de la filer, un « type louche » qui la suit en sortant du métro parisien…

« Il y a quelques années, un gars s’est assis à côté de moi dans le tram et a insisté pour avoir mon numéro. À l’époque, c’était presque normal et j’étais timide. Je n’ai pas osé dire non. » Sa timidité l’a aussi parfois empêchée d’agir en tant que témoin. Elle relate une scène qui l’a perturbée, dans le métro lyonnais. Un homme se rapproche alors d’une femme qui semble gênée par son comportement. Il écarte les jambes, lui parle à voix basse, se lève pour lui tourner autour. Elle ne répond pas. « Charpennes – Charles-Hernu », c’est l’arrêt de Clara. Elle quitte la rame la boule au ventre de ne pas avoir su analyser la situation à temps pour intervenir.

Un « sauvetage »

Aujourd’hui, Clara assure qu’elle ne se laisserait plus intimider. D’autant que le harcèlement ne s’est jamais arrêté. « Il y a trois jours, je disais à mon copain que j’étais sûre que je me ferais encore agresser. Le lendemain, je m’abritais de la tempête près du tram Étoile-Bourse. Un homme se colle à moi. Je décide de m’éloigner et d’attendre près de la gare routière. Il me suit encore et me colle. Je m’abrite dans l’entrée des toilettes. Il campe juste devant, à 1 m de moi. Heureusement qu’une femme était à l’intérieur et parlait fort au téléphone, je pense que ça l’a empêché d’entrer... »

Elle se souvient, avec une pointe d’humour, d’un « sauvetage » inopiné. Dans le tramway montpellierain, un homme, la cinquantaine, l’aborde avec véhémence, mais la jeune femme reste sidérée. Une autre passagère, qu’elle connaissait déjà vaguement, s’approche de la scène, prend la main de Clara et lui dit « ça va ma chérie ? On y va ? ». Elle l’éloigne de l’homme qui abandonne sa victime. La tension retombe.

« S’adresser à la victime comme si on la connaissait »

Cette témoin d’une scène de harcèlement a eu les bons réflexes : divertir et dialoguer. Deux des cinq attitudes à adopter dans de telles situations, comme le préconise l’association Dis bonjour sale pute, fondée par Emanouela Todorova. « On est là pour sensibiliser ceux qui ne savent pas que ça arrive et donner les moyens de réagir à ceux qui en sont déjà conscients », développe Manon Schoenberger, co-responsable du pôle graphisme de l’association. Celle-ci avance un chiffre effarant : 100 % des femmes utilisant les transports y ont vécu une agression sexiste ou sexuelle. Sachet de bonbons à la main, elle approche les clients qui prennent leur mal en patience dans la longue file d’attente devant le point de vente CTS.

« Bonjour vous voulez des bonbons ? » Ça ne se refuse pas. « Vous avez un petit moment à m’accorder ? » Quitte à attendre, autant papoter. Manon interroge les personnes sur leur expérience, en tant que victime ou témoin. Ensuite, elle leur confie un « harcèlomètre » : un graphique, mis au point par Dis bonjour sale pute, qui permet de jauger de la qualité du trajet. Il sera bientôt affiché dans tous les bus et tram du réseau CTS.

Reste l’écueil du genre. Dans sa chronique hebdomadaire sur France 3 Alsace, Cyrielle Knoepfel ironise : « Un homme drôle, c’est sexy, une femme drôle… c’est drôle ». Même si les lignes bougent, le métier demeure majoritairement masculin. Les femmes seraient-elles victimes de la vieille antienne leur conférant moins d’humour que leurs homologues masculins ? « Nous avons beaucoup moins confiance en nous de base, alors qu’aux hommes, on apprend depuis tout petit à croire en ce qu’ils font. Monter sur scène m’a pris des plombes, je ne me sentais pas légitime alors qu’autour de moi, mes potes mecs n’hésitaient pas à passer le pas. » A ce soupçon d’autocensure mâtinée d’insécurités (« Des complexes, on en a plein. Sinon on ferait pas ce métier », lance-t-elle sur France 3) ajoutez une pincée d’entre soi : « Il y a aussi l’effet boys-club, conscient ou pas d’ailleurs. Sur les plateaux, les mecs font jouer des mecs et il faut un peu leur rappeler que des filles humoristes, il y en a plein ! ».

Et de plus en plus. Depuis quelques années, la vague de stand-up apparue aux Etats-Unis déferle sur la France, pour le meilleur et pour le pire : « Quand j’ai commencé en 2018, il n’y avait qu’une seule scène à Strasbourg. Aujourd’hui il doit y en avoir une dizaine. J’ai presque l’impression qu’il y en a une nouvelle chaque jour ! Il y a des gens qui se lancent parce qu’ils y croient vraiment, sont passionnés. D’autres surfent sur la mode du stand-up et produisent des choses d’un peu moins bonne qualité », dit-elle. Ses QG, ce sont le Strasbourg Comedy Club, la Péniche Mécanique ou le Blue Note Café. A Paris, elle a joué au Paname Comedy Club et au Café Oscar.

Des chroniques hebdomadaires sur France 3 Alsace

Mais vous pouvez aussi entendre sa voix dans une chronique sur les ondes de Radio Bienvenue Strasbourg, ou chaque vendredi matin sur France 3 Alsace. « A la télé, j’ai un thème et un timing imposé, c’est un exercice très calibré. C'est un bon exercice car le stand-up est un métier où tu as l’impression d’avoir énormément de libertés alors qu’en fait il faut être super organisé et droit. » Si son parcours n’a pas été rectiligne, voilà quelques mois maintenant que l’humoriste est devenue intermittente du spectacle à temps plein. Une forme de stabilité tardive pour celle qui « ne coche aucune case » à 37 ans : ni le mariage, ni la maison, ni le chien...

Ballottée entre Strasbourg et Paris, Cyrielle Knoepfel se forme au théâtre classique, contemporain, et d’improvisation (qu’elle pratique depuis 7 ans) à l’atelier Juliette Moltes implanté dans la capitale. Elle y apprend les grands textes : « C’est pas trop ma came, mais c’est une base géniale pour la diction, le phrasé… » En ce moment, Tartuffe la mobilise. Sans doute la fausse pudeur du héros éponyme rappelle-t-elle à l’humoriste une partie de sa vie de stand-uppeuse. « Sur scène, je parle souvent de sexe, mais sans jamais dire de gros mots. Pourtant, il m’est arrivé que des mecs viennent me dire à la fin ‘Dis donc, c’est vulgaire quand même !’ alors que ce type de réactions n’est jamais arrivé à mes potes humoristes mecs. » Couvrez cette sexualité féminine que l’on ne saurait voir. Le féminisme a encore de beaux jours devant lui. Mais ça, elle « en parle dans [s]on spectacle ».

Louise Llavori

Édité par Quentin Celet

Devant la salle de concert de la Laiterie, certains fans de Machine Head tentent d'écouler les billets en surplus. Cuej. Info / Quentin Celet

« D’ailleurs, ça, j’en parle dans mon spectacle ! » La phrase, lancée avec verve par Cyrielle Knoepfel, revient souvent au cours de notre rencontre avec l’humoriste strasbourgeoise. C’est qu’évoquer sa vie, pour la trentenaire, c’est aussi évoquer son art. Ses sketchs, bien rodés sur les planches de la capitale alsacienne, sont certifiés AOP, avec des vrais morceaux de vie dedans : « Je parle beaucoup de moi sur scène, du célibat, du couple, de ce que c’est qu’être une femme et aussi du fait de devenir comédienne quand on est plus dans la vingtaine… »

Car Cyrielle Knoepfel a 37 ans. Vingt ans en arrière, le bac en poche, l’alsacienne s’est d’abord dirigée vers un BTS Commerce avant d’enchaîner les jobs dans la banque, la restauration ou encore l’hôtellerie. Puis, en janvier 2020 (« Pile avant le Covid : j’ai eu du nez ») la chenille devient papillon : « Finalement, la pandémie m’a permis de faire le point et j’en suis revenue encore plus motivée pour me lancer vraiment dans le stand-up ».

« On oublie souvent que le métier d'humoriste demande énormément de travail »

Si rien ne la prédestinait à devenir comédienne, elle a passé son enfance puis son adolescence devant les sketchs de Jamel Debbouze, Éric et Ramzy ou Florence Foresti. « Je trouve ça tellement génial de faire rire les gens, ça te confère une sorte de pouvoir : quand je fais marrer mes potes, je suis trop contente ! Et c’est sans doute cliché mais en ce moment, on a tous vraiment besoin de rire. »  Aujourd’hui, ses références ont changé : « Je regarde énormément ce qui se fait aux Etats-Unis : Taylor Tomlinson, Ricky Gervais, Whitney Cummings… et ici les boss, c’est Marina Rollman et Yacine Belhousse », sourit-elle, admirative. Elle a d’ailleurs suivi une masterclass avec le dernier pour perfectionner son écriture.

« Car oui, il y a des techniques d’écriture », rappelle la stand-uppeuse. « On oublie souvent que le métier d’humoriste demande énormément de travail, la réalité est assez éloignée des paillettes. » Du travail, une « remise en question permanente »… et beaucoup de courage. Pour la « grande traqueuse » qu’elle admet être, monter sur scène n’a pas toujours été une partie de plaisir : « Au début, chaque scène était une torture, je me demandais ‘Pourquoi je ne suis pas dans mon canapé, pourquoi je ne suis pas dans le public ?’ Et puis plus tu travailles tes textes plus tu les aimes, et plus tu crois en ce que tu dis plus le trac disparaît ! »

Le député écologiste de Paris, Julien Bayou a affirmé ce jeudi 15 septembre au micro de la Radio J que « Ce gouvernement refuse de reconnaître la réalité des accidents du travail. La France est championne, lanterne rouge si vous préférez, en Europe sur les accidents du travail ». Le podcast de CUEJ.Info a décidé de rebondir sur cette actualité. Notre invité Jorge Muñoz, maître de conférence en sociologie du travail a répondu à nos questions. Il s'intéresse notamment à la sociologie du travail et aux risques professionnels. Un de ses derniers ouvrage, L'accident du travail. De la prise en charge au processus de reconnaissance attire l'attention sur la situation des victimes des accidents du travail et des maladies professionnelles. 

Charlotte Thïede

La foule commence à se faufiler entre les barrières de sécurité de la Laiterie. Il est 19h30, ce jeudi 16 septembre. Les t-shirts noirs à l’effigie de Machine Head envahissent la rue du Hohwald. Dans cette salle de spectacle du centre de l’espace culturel du quartier de la Gare, les artistes américains sont partis pour 2h30 dans la grande salle. Le groove metal est leur credo depuis plus de 30 ans. Et ce soir, pour célébrer leur nouvel album Of Kingdom And Crown, il y avait foule.

Dès que l’on s’invite dans la file d’attente, un refrain revient sans cesse : « Bonsoir, vous voulez une place ? » À la baguette, des fans de métal qui cherchent à écouler une place qu’ils ont en trop. Généralement, cela arrive par accident, comme pour Cédric, qui a fait le déplacement depuis Belfort avec deux amis : « Un collègue n’a pas pu venir ce soir. Donc je cherche quelqu’un à l’entrée pour revendre sa place ». Mais dans d’autres situations, cela peut s’avérer stratégique.

Acheter à la sauvette, fausse bonne idée

C’est le cas pour Léa, qui n’a pas pu réserver sa place sur la billetterie en ligne dans les temps, alors que les maigres 600 places de la Laiterie ont très vite été octroyées. Ces interactions, devenues de plus en plus régulières en marge des festivals et des concerts, sont facilitées ici par la proximité qu’entretiennent les participants : « Un fan de métal qui me vend un billet ? J’ai entièrement confiance ! » reconnaît Cédric.

Car récupérer sa place auprès d’un revendeur est une pratique à risques. John, habitué de la Laiterie, en connaît bien les limites : « Acheter un billet à une personne sur Facebook, c’est compliqué. Souvent, on reçoit la place par email, mais elle est envoyée à d’autres gens. Il suffit qu’un des acheteurs soit déjà passé pour que le billet ne fonctionne plus. »

Pour s’en prémunir, John a installé TicketSwap sur son téléphone. Via cet outil sécurisé, les détenteurs de billets rendent disponibles leurs suppléments, sans montant abusif. Rien que pour ce concert, 14 tickets ont pu être échangés. Une manière pour les métalleux strasbourgeois d’éviter les mauvaises surprises au moment de présenter leurs code-barres.

 

 

Quentin Celet et Loris Rinaldi

Édité par Cyprien Durand-Morel

1.     Bouclier tarifaire

Ce n’est pas : l’accessoire préféré des chevaliers fans d’économie. C’est : une mesure du gouvernement permettant le gel du prix de l’énergie pour éviter des factures élevées aux Français. Concrètement, pour les ménages, cela représentera une hausse de 25 euros par mois au lieu de 200 euros pour le gaz, et 20 euros plutôt que 180 euros pour l’électricité. Le bouclier sera prolongé cet hiver et en 2023.

2.     Chèque énergie

 Ce n’est pas : un chèque en bois. C’est : entre 100 ou 200 euros d’aide pour les ménages les plus modestes. La somme servira à payer les factures d’électricité et de gaz, ainsi que les charges d'énergie pour les personnes logées dans certains établissements comme des Ehpads ou des logement-foyers. Il permet aussi de payer certains travaux ou dépenses énergétiques : isolation, chaudière, ventilation...etc. Aucune démarche n’est à effectuer pour le recevoir, il atterira directement dans les boîtes aux lettres des foyers concernés.

3.      Ecowatt

Ce n’est pas : l’énième supermarché bio qui a ouvert au coin de la rue. C’est : le « Bison futé du système électrique », selon les mots de la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher. Il s’agit d’un dispositif d'information et d'alerte qui doit prévenir les Français en cas de tension du réseau pendant l'hiver, tout en proposant des écogestes pour réduire sa consommation au quotidien.

4.     Médiateur (national de l'énergie)

Ce n’est pas : un petit objet triangulaire pour faire vibrer les cordes de sa guitare. C’est : une personne qui propose des solutions amiables lors de litiges entre fournisseur d’énergie et consommateurs et qui participe à l'information des consommateurs sur leurs droits. Avant de faire appel à elle, il faut avoir essayé de régler le problème soi-même en contactant le service clientèle de son fournisseur d’énergie. Si cette première démarche n’aboutit pas, le médiateur est là.

5.     Passoire thermique ou énergétique

Ce n’est pas : le dernier objet high tech pour égoutter ses pâtes. C’est : un logement particulièrement énergivore, très mal isolé et qui consomme énormément de chauffage. Lorsque l’on regarde l’étiquette énergie d’un logement, il y a une note située entre A et G. Si cette note se situe entre F et G, il s’agit d’une passoire thermique. Le gouvernement va interdire à la location ces logements à partir de 2023, et a modifié en ce sens le critère de performance énergétique d'un logement.

 6.   Plafond (du prix de l’électricité)

Ce n’est pas : une surface solide et horizontale qui clôt en haut une pièce d'habitation parallèlement au sol. C’est : le plafonnement des revenus des producteurs d'électricité à partir du nucléaire et des renouvelables (éolien, solaire, hydroélectrique). La mesure émane de la Commission pour éviter que les producteurs n’engrangent des bénéfices « exceptionnels » en vendant l’énergie à un prix très au-delà de leurs coûts de production.

7.     Sobriété

Ce n’est pas : boire des softs en soirée. C’est : un objectif à atteindre pour réaliser des économies d’énergies, par le changement de mode de consommation au quotidien, mais aussi des transformations à l’échelle nationale. Par exemple, la France doit sortir de sa dépendance aux énergies fossiles et réduire de 40 % sa consommation d’énergie d’ici 2050. C’est en tout cas le sens du plan annoncé par Elisabeth Borne, et la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, le 23 juin.

8.     Watt-heure

Ce n’est pas : une orthographe approximative du mot « eau » en anglais. C’est : l’unité physique qui correspond à l’énergie consommée ou délivrée par un système d’une puissance de 1 Watt, pour un fonctionnement d’une heure. Dans les foyers, les appareils électro-ménagers sont énergivores. En moyenne, un ballon d’eau chaude peut consommer entre 1 000 et 3 000 watts par heure d’utilisation. Pour les lave-linges, cela peut atteindre, en plein cycle, les 2 500 watts, pour un coût estimé à 2 € 50 actuellement.

Clémence Blanche et Baptiste Candas

Edité par Luc Herincx

Quand les billetteries affichent trop vite complet, il ne reste plus qu’à se tourner vers les revendeurs. C’est ce qu’ont fait de nombreux spectateurs, en marge du concert du groupe américain de groove metal. Une pratique qui n’est pas sans risques.

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