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Attaquées par la rouille et les orties, certaines portes le long des 1,2 km de remparts restent fermées. Antoine Schoen possède les clés. Depuis 2016, il fait partie des 30 bénévoles du Cercle d’étude et de sauvegarde des fortifications de Strasbourg (CESFS) qui veut relancer l’intérêt touristique du site. En septembre dernier, lors des Journées du patrimoine, il a guidé près d’un millier de curieux sous l’impressionnante voûte d’une ancienne poudrière et à travers les trois étages du Centre de passage qui accueillait les militaires en attente d’affection lors de la Seconde Guerre mondiale (voir carte). Visiblement conquis, 150 visiteurs ont laissé des encouragements dans le livre d’or ouvert pour l’occasion.
Plus haut dans la rue, en direction du carrefour Wodli, le Bastion XIV accueille depuis 2004 une quarantaine d’artistes. Dans l’un des 20 ateliers, Baptiste Filippi grave du métal à l’acide, illustre un livre pour enfants et compose des musiques expérimentales. La Ville de Strasbourg l’a sélectionné à la suite d’un appel d’offres. “C’est pensé comme un accompagnement sur plusieurs années”, détaille-t-il. L’accompagnement est notamment financier : l’artiste a signé un bail renouvelable et paie un modeste loyer de 50 €. En échange, il doit présenter ses travaux au public une fois par an, lors des Ateliers ouverts.
Vue du premier tram du Faubourg construit par les Allemands en 1903, et sa version actuelle. © Patrick Hamm / Pauline Beignon
L’obscurité, l’humidité et la température stable offrent un environnement idéal à cette culture. Au plafond, de puissants néons éclairent des allées spécialement élargies pour les personnes malvoyantes. “Dans des conditions optimales, on ramasse entre 60 et 100 kilos de pleurotes sur deux mois”, confie fièrement Fabien Simon, chef d’atelier.
Pleurotes et résidences d'artistes
Autour d’une table aux pieds en fer forgé façonnés par les Compagnons, il explique son rôle : assurer le lien avec les 500 entreprises partenaires en Alsace tout en gérant les 170 résidents. À ses côtés, Judith Fauvet, 21 ans, se forme à la pâtisserie depuis quatre ans, “Je suis rentrée car j’étais passionnée par mon métier. Si je reste c’est pour ce qu’il y a autour : les valeurs et la communauté.” Chez les Compagnons, l’entraide, le respect ou la politesse sont fondamentaux.
La lourde porte métallique ne s’ouvre que deux ou trois fois par semaine. Dans la rue du Rempart, à Strasbourg, un panneau en bois arbore en lettres vertes “Bunker comestible”. Derrière d’épais murs de pierre, une forte odeur de terre saisit le visiteur. Sur les côtés de la champignonnière, des pleurotes poussent en amas sur des blocs en matière végétale. Dans l’allée centrale, une brume d’eau cache des shiitakés, une variété japonaise.
Dans cette ancienne poudrière tenue depuis 2020 par la Fédération des aveugles Alsace-Lorraine Grand Est, des déficients visuels se relaient pour cultiver et récolter les champignons, qu’ils revendent ensuite à des grossistes ou des restaurateurs.