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5. Le doigt sur la détente
« La Serbie contre la violence » : ce slogan est né en 2023 et résonne encore aujourd'hui dans les cortèges étudiants. Des cours de récréation aux écrans de télévision, la violence s'infiltre dans tous les pores de la société. Parfois jusqu’au drame.
Heïdi Soupault et Luka Duckinovski
4. Main basse sur les ressources
Les terres du Jadar comptent parmi les plus fertiles du pays. Elles sont menacées par un projet de mine de lithium. Depuis 2021, la population s’y oppose, rejointe récemment par les étudiant·es. Toutes et tous craignent pour les terres qui leur seront léguées. Un vent d'espoir souffle dans la vallée.
Léa Bouquet, Marie Starecki et Konstantin Mikašinović
3. Silence, business en cours
En avril 2025, Emmanuel Macron reçoit le président serbe Aleksandar Vučić à l’Elysée. Une poignée de main chaleureuse, mais pas un mot sur la mobilisation sans précédent qui traverse la Serbie. Un silence stratégique qui s'explique par des raisons économiques.
Louis Le Bacquer, Arthur Guillamo et Uroš Sikimić
2. Corruption à tous les étages
L'effondrement mortel de l'auvent de la gare de Novi Sad, la deuxième plus grande ville du pays, en novembre 2024, catalyse la colère populaire. Pour les manifestant·es, ce n’est pas un simple accident, mais bien la conséquence d’une corruption présente à tous les niveaux de la société.
Linnea Mundorf, Garance Cailliet et Igor Filipović
1. Génération « blokada »
Ils sont le cœur battant d’un combat qui dure. Les étudiant·es occupent les facultés, scandent leurs idées et parcourent des kilomètres pour les diffuser. Contre un système politique dont elle ne veut plus, la jeunesse réinvente la résistance. Plongée au sein d’une génération en lutte.
Léa Oudoire, Emma Fleter et Ana Mrvaljević
Tous n’ont pas leur nom d’usage sur leur carte étudiante, pourtant demandée à chaque entrée dans les bâtiments bloqués. « Il peut y avoir quelques situations inconfortables mais une fois qu’on a expliqué, les personnes le prennent en compte », précise Jovan, invité par l’ONG Izadji à un panel de discussions sur les violences à l’encontre des personnes queer. Selon lui, la dynamique va même au-delà : « Les personnes qui discriminent sont remises à leur place. On les corrige, on leur dit de se taire, et souvent, elles ne recommencent pas. »
L’inclusivité, un accord tacite
Des gestes simples ont aussi été instaurés, comme dégenrer les toilettes. « Ce n’était pas une revendication spécifique des étudiants queer et ça n’a pas non plus fait débat. Tout le monde a accepté », avance-t-il. De même, les professions sont systématiquement féminisées dans les communications du mouvement. L’inclusivité semble être un accord tacite plus qu’un positionnement explicite. « Pour être honnête, on n’a jamais parlé publiquement des droits des personnes queer dans le mouvement. Même si je n’en suis pas ravie, je comprends pourquoi. Si on veut que le plus de gens nous rejoignent, il faut se taire sur ces sujets », affirme Iskra.
Un silence que critique Dušan Maljković, coordinateur du séminaire d’études queer à l’Institut de philosophie de Belgrade. Selon lui, ce non-dit empêche de faire avancer les droits des personnes LGBTQ+ et peut aggraver les discriminations dans la société. « C’est comme des parents qui disent accepter l’homosexualité de leur enfant mais n’en parlent jamais. »
Un malaise partagé par Agata Milan Ðurić, président de Geten, le centre pour les droits des personnes LGBTQ+ de Belgrade : « Les étudiants apprécient notre soutien, mais ils ne nous contactent jamais et ne parlent pas ouvertement de nous. Parfois, on n’ose même pas sortir nos drapeaux dans leurs manifestations. »
Les préjugés disparaissent
Beaucoup doivent donc rester invisibles , rappelle Dušan Maljković. Sur la plateforme de rencontre Grindr, les visages sont rarement affichés. « Aucune communauté ne peut se former ainsi , déplore-t-il. C’est donc important de créer des espaces dans lesquels les gens peuvent échanger et faire connaissance. » Bien que les personnes concernées estiment qu’il n’y a pas réellement de “communauté queer” en Serbie, des espaces safe ont émergé dans les universités occupées.