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(infographie: La différence entre les droits d'émission de billets alloués par l'Eurosystème à chaque BCN et les émissions effectives de chacune d'entre elles est incluse dans les soldes. Ainsi la Bundesbank qui a émis 163,1 milliards de plus que son quota doit ce montant aux autres banques centrales. Cette somme est ici déduite de son solde net. Pour une représentation des soldes nets de Target2 non corrigés des émissions de billets, cliquer ici)

Les déséquilibres des paiements entre pays de la zone euro enregistrés par Target 2 augmentent. Cette plate-forme regroupe les 17 banques centrales nationales (BCN) de la zone euro. Le principe est simple : Target 2 enregistre les soldes créditeurs et débiteurs s’échangeant entres les BCN, à la manière d'une chambre de compensation.
 
Tout commence en 1999, date de la création de l’Euro. Un immense réseau monétaire voit le jour : Target 1. Ce dernier va connecter, via le réseau électronique SWIFT, toutes les BCN des pays de l’eurozone, porte de passage des flux financiers transfrontaliers. Un moyen efficace pour réaliser des virements instantanés et, surtout, limiter le nombre de péages financiers pour réduire le coût des transactions.
En 2007, Target 2 améliore les performances de Target 1. Le nouveau système crée une plate-forme commune de paiements (SSP). Par exemple, si une entreprise française veut transférer de l'argent vers une entreprise allemande, lors de la transaction, un solde débiteur s'enregistre sur les livres de la Banque de France et un solde créditeur s'enregistre sur celui de la Bundesbank. Soit une dette ou créance au sein du système Target 2.
 
Jusqu’au début de la crise financière, ces écarts entre crédits et débits étaient visibles mais compensés par des flux de capitaux. En somme, de l’argent frais, provenant des banques des pays les plus compétitifs alimentait les banques des pays les moins compétitifs (Portugal, Espagne, Grèce).

Depuis le déclenchement de la crise, deux phénomènes conjoints viennent accentuer ces déséquilibres. D’une part, les banques allemandes, françaises ou néerlandaises hésitent à prêter aux banques périphériques (Portugal, Italie, Grèce, Espagne), qui doivent alors s’alimenter auprès de leurs BCN respectives. D’autre part, ces dernières subissent aussi une fuite croissante de capitaux vers les pays les plus sûrs. Conséquence : les écarts solde/débit de tous les pays gonflent, créant une distorsion visible à l’intérieur du système Target 2.
L’Allemagne, important créditeur, joue gros. Si un pays en difficulté quittait la zone euro, la Bundesbank s'exposerait à  des pertes conséquentes sur les prêts aujourd'hui purement comptables qu'elle a consentis via le système Target 2.

Benjamin Edgard

 

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Le 22 novembre 2011, Michel Barnier, commissaire européen au marché intérieur, annonce devant le Parlement européen la création d'un groupe de travail chargé de réfléchir à une éventuelle séparation entre banque de détail et banque d'affaires. L'objectif est d'éviter que des pertes sur les marchés financiers pénalisent les clients, particuliers ou entreprises. Si ce projet se heurte à de fortes réticences en France ou en Allemagne, où les grandes banques ne cloisonnent pas ces activités, il en est déjà à un stade avancé outre-Manche.

Au Royaume-Uni, la part du secteur bancaire contribue à plus de 5% du le PIB. Pour sauver leur capitalisme financier, les Britanniques sont conscients de la nécessité de réglementer la City. L'enjeu : éviter un nouvel épisode Northern Rock, une banque sauvée en 2008 par l'État, autrement dit les contribuables britanniques. Le gouvernement britannique a donc mis en place une commission dirigée par l'économiste John Vickers.

Le rapport rendu par cette commission repose sur une idée simple : il faut scinder les activités des banques. D'un côté, les activités de base, notamment l'activité de dépôts et de prêts aux petites entreprises, qui ne pourraient pas financer les activités de trading et d'investissement financier. De l'autre, les activités plus risquées, qui constitueraient une branche amputable en cas de faillite de la banque. Chaque entité aurait un conseil d'administration propre.

Ce projet britannique fait bondir une partie du secteur bancaire. «C'est l'idée la plus bête qui ait traversé l'esprit des régulateurs, assène Natasha Maclennan, responsable de la stratégie commerciale et du développement chez BNP Paribas à Londres. La plupart des banques qui ont sauté en 2007 ont fait faillite parce qu'elles n'avaient pas d'activités de dépôt donc pas assez de liquidités. C'est très stupide de vouloir passer d'un extrême à l'autre. Pour moi, c'est une décision populiste.»

Six banques britanniques concernées

Michel Rocard, lui, est convaincu du contraire. Dans une tribune récente publiée dans Le Monde, il plaide pour «la séparation entre les banques de dépôt, qui doivent se voir interdire toute activité à risque, et les banques faisant tous les métiers de financement du risque, y compris l'investissement, qui doivent financer leurs opérations sur fonds propres ou sur capitaux dédiés.»

Six grandes banques britanniques sont concernées, comme la Barclays ou la Royal Bank of Scotland. «Chaque banque dispose d'une architecture particulière. Il est donc difficile de se prononcer sur cette réforme qui affectera chaque banque différemment, explique Brian Mairs de la British bankers association (BBA). Mais il semblerait que la séparation soit inexorable. Ce qu'il faut, c'est que l'on soit présent à la table des négociations.»

L'un des risques serait de voir le coût du crédit augmenter pour les particuliers et les entreprises. Pour les banques, la facture annuelle de cette séparation s'élèverait entre 4,6 et 8,1 milliards d'euros, réduisant les montants qu'elles peuvent prêter. Un argument qu'accepte la Commission Vickers, qui considère néanmoins qu'en renforçant la concurrence au sein du secteur bancaire, ces mesures offriront un plus large choix de crédit à de meilleurs prix.

Bien que théoriquement ambitieuse, cette réforme devrait laisser aux établissements bancaires britanniques une certaine latitude quant aux modalités d'application. Rien n'a encore été voté mais si le gouvernement suit à la lettre les recommandations du rapport, les banques disposeront d'un calendrier assez large : elles auraient jusqu'à 2019 pour se conformer.

Anna Benjamin et Victor Patenôtre

 

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Les cours du marché européen des ETF sont passés de 800 millions d'euros en 2000 à 166 milliards d'euros en 2010.

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La différence entre ETF «physique» et «synthétique» réside dans le procédé de fabrication. Pour créer un ETF «physique», il suffit d'acheter sur le marché les titres constituants l'indice à suivre, aussi appelé sous-jacent. C'était le cas de notre ETF CAC 40 ci-dessus.

«Risque de contagion à tout le système»

Pour fabriquer un ETF «synthétique», le gérant assemble un bouquet de titres qui, à un moment donné, semble reproduire la performance de l'indice sous-jacent. Mais ces titres peuvent être très différents des originaux. Finalement, on ne sait donc pas précisément ce que contient ce panier. Dans un deuxième temps, le gérant assure la valeur de son panier. Pour cela, il conclut, contre une prime, un engagement d'échange (swap) avec une contrepartie qui sera déclenchée en cas de dépréciation de l'ETF. Cette contrepartie peut elle-même se réassurer en  concluant un swap avec une autre contrepartie.

Cette méthode de réplication lie les garants entre-eux. Ils deviennent interdépendants. Si l'un deux fait défaut, «il y a un risque de contagion à tout le système», conclut dans son rapport le Conseil de stabilité financière. Certains économistes considèrent d'ailleurs  les ETF comme des candidats à la prochaine bulle financière [selon un article publié dans Tendances des marchés de capitaux, une publication de l'OCDE].

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Dessin animé montrant l'investisseur d'Ishare avec son bouquet.

Bâle III, dernier accord en date, instaure une définition restrictive des fonds propres appelée « Core tier one ». À l'intérieur de celui-ci, seul le capital des actionnaires et les bénéfices reportés sont pris en compte. Ces nouvelles règles demandent aux établissements bancaires de respecter un ratio de 4,5% de Core tier one en fonction des risques encourus. Elles devront également se doter d'un matelas de précaution constitué d'actions ordinaires représentant 2,5% du bilan. Bâle III laisse aux banques jusqu'à 2019 pour se conformer à ses accords. Cependant, l'autorité bancaire européenne (ABE) a rehaussé le niveau d'exigence en fonds propres, le passant de 7à 9% et avançant le calendrier à juin 2012.

Catherine Deunf et Fabien Piégay

 

 

16 décembre 2010 : L'Eurozone adopte le projet d'un mécanisme européen permanent de stabilité (MES) doté de 440 milliards d’euros de garanties. Il requiert une révision du traité de Lisbonne. En cas d'intervention, il examinera systématiquement l'hypothèse de l'insolvabilité et, le cas échéant, de l'implication du secteur privé dans la répartition des pertes. Les taux d'intérêt du Portugal décrochent à leur tour.

24-25 mars 2011 : Les 27 s'accordent sur le projet de révision de l'article 136 du traité de Lisbonne. Pour assurer la note AAA du FESF sans diminuer sa capacité d'intervention, les membres de l'Eurozone doivent se résoudre à porter à 680 milliards d'euros les garanties qu'ils lui apportent. La Grèce et l'Irlande sont exemptés d'y participer. Le Portugal, aussi, car il doit à sont tour faire appel à un plan de secours.

21 juillet 2011 : Les bons du trésor italiens et espagnols sont gagnés par la contagion. Les dirigeants de l'Eurozone interrompent leurs vacances pour adopter un nouveau plan. Le FESF pourra désormais intervenir sur le marché de la dette publique, prêter, à titre préventif, à des États qui ne sont pas encore soumis à un programme d'aide, et enfin aider à la recapitalisation des banques. Par ailleurs, les créanciers privés de la Grèce devront subir une perte de 21% sur les bons du trésor qu'ils détiennent. Les taux d'intérêt italiens, puis espagnols s'envolent. Le 9 août, la BCE vole à leur secours en intervenant une nouvelle fois sur les marchés.

26 octobre 2011 : La perte que doivent consentir les créanciers privés de la Grèce s'élèvera à 50%. Pour protéger les autres pays contre la contagion que pourrait entraîner cette opération, le FESF sera érigé en parefeu, dotée d'une capacité d'intervention de 1000 milliards d'euros. Toutes les banques européennes seront si nécessaire contraintes à se recapitaliser. Et la gouvernance de l'euro sera soumise à une sévère discipline. Les taux de la France, de l'Autriche, des Pays bas et de la Finlande commencent à leur tour à monter.

Elsa Sabado

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