Rémunérés en fonction du grade
Les salaires des sapeurs pompiers professionnels évoluent en fonction de leur grade, de 1500 à 4460 euros bruts mensuels. Cette rémunération peut inclure diverses primes, comme celle "de feu", l’indemnité de responsabilité ou de spécialité pour ceux ayant des connaissances avancées dans un domaine reconnu (risque chimique, sauveteur nautique, feux de forêts, etc.). Par ailleurs, lorsqu’ils ne sont pas logés par leur compagnie, ils bénéficient d’une indemnité de logement représentant 10% de leur salaire. Depuis 2016, leur âge de départ à la retraite est passé de 55 à 57 ans. L’indemnité des sapeurs pompiers volontaires, elle aussi, dépend de leur grade et varie entre 7,83 euros et 11,77 euros par heure passée en service.
Nathan Bocard
Une activité, deux statuts
Sur l’Eurométropole, leurs effectifs s’élèvent à 359 sapeurs pompiers professionnels et 507 volontaires. Les premiers sont des fonctionnaires territoriaux qui suivent une formation d’un an avant de prendre leur poste. Ils exercent ce métier à temps plein et continuent à se former tout au long de leur carrière professionnelle. Les seconds sont des civils qui exercent cette activité en parallèle de leur profession ou de leurs études. Ils passent des tests d’aptitudes médicaux et une formation accélérée avant de s’engager pour au moins cinq ans. Répartis en trois compagnies qui quadrillent le territoire, ils sont tous amenés à effectuer les mêmes interventions lorsqu’ils sont en service.
Le ton est bien différent dans les deux autres communes. “On ne veut pas nous entendre”, soupire Julien Haegy. Son homologue de Hangenbieten, Laurent Ulrich, renchérit : “On a l’impression qu’on n’était pas en position de force pour négocier alors que nous aussi on va être touchés par le trafic.” Julien Haegy est opposé à la création de cette route. Il en avait d’ailleurs fait un argument de campagne lors des élections municipales à Duppigheim. D’après lui, elle menace le “dernier poumon vert de la commune”. À Hangenbieten, Laurent Ulrich ne s’est pas positionné sur le sujet lors de la campagne électorale, mais aujourd’hui, à la tête de la commune, il considère que cette future “route risque d’être une véritable nuisance”.
Le Skyparc sans réticences
Dans la zone d’activité Skyparc d’Entzheim, qui abrite 70 entreprises, on n’a pas ces réticences. Le nouvel itinéraire permettrait un accès plus rapide depuis l’autoroute. Dans sa brochure, Skyparc se positionne comme une “zone en plein développement qui bénéficie d’une desserte multimodale performante et complète”, notamment grâce à la “connexion au contournement Ouest de Strasbourg, mis en service en 2021”.
Strasbourg a expérimenté à partir de 2011 le "téléphone grave danger". Désormais généralisé à l’ensemble du territoire national, il est attribué au cas par cas pour six mois renouvelables aux victimes de violences conjugales ou de viol. Il leur permet de prévenir les forces de l’ordre en urgence pour qu’elles interviennent au plus vite. Ce dispositif n’a pas empêché le meurtre de Laetitia Schmitt à Schweighouse-sur-Moder en 2018. À la mi-2019, 15 femmes détenaient un téléphone grave danger sur les 22 que se répartissent les parquets de Strasbourg et Saverne.
Bonnie, du collectif Nous Toutes 67, appelle à généraliser ces téléphones, "dès que l’on a connaissance de violences dans le couple". Cela permettrait d’aider "les femmes cloitrées chez elles avec leurs agresseurs et qui n’osent pas appeler le 39 19", avance-t-elle.
Améliorer l’hébergement d’urgence
"Lorsque les femmes victimes de violences conjugales quittent leur domicile, et dès lors qu’elles appellent le 17, elles deviennent prioritaires à l’hébergement d’urgence", précise Françoise Bey. À Strasbourg, deux structures seulement accueillent les victimes de violence et les femmes à la rue de tout le Bas-Rhin6. Une situation que déplore Françoise Bey : "Les femmes ne devraient pas avoir à faire des kilomètres pour se mettre à l’abri quand elles fuient leur domicile."
Favoriser le dépôt de plainte
En France, seules 12% des victimes de violences sexuelles et 11% des victimes de violences conjugales ont déposé plainte en 20194. Selon Louise Battisti, elles ne sont que 5% de femmes à le faire dans les cas de harcèlement au travail. 30% en parlent uniquement à leur employeur. "Le problème est que les femmes ont très largement intériorisé qu’on ne les croirait pas, que porter plainte serait difficile", analyse Alice Debauche. Il existe un vrai enjeu autour de la formation des policiers. Des témoignages réguliers montrent que des plaintes ne sont pas enregistrées5. "Les fonctionnaires de police ont l’obligation de rediriger les victimes vers des associations après le dépôt de plainte”, comme le rappelle Nous Toutes 67. Or, ce ne serait pas systématiquement le cas, selon le collectif.
Sos Femmes Solidarité a longtemps mis en place ces formations. "Depuis trois ans, il faut répondre à des appels d’offres pour les mener, donc nous avons arrêté”, explique Thomas Foehrlé, directeur de l’association. Le CIDFF et l’organisme de formation Themis ont pris le relais. Un apport essentiel pour Françoise Bey : "Ce n’est pas toujours évident de faire parler quelqu’un, de l'écouter et de le mettre en confiance pour qu’il soit bien pris en charge et qu’il se sente en sécurité. Quand on comprend dans quelle situation une personne se trouve, on peut apprendre à la faire parler."
Accéder à des places en hébergement d’urgence ou en foyer n’est pas facile. Thomas Foehrlé en est persuadé : "Si on ouvrait un autre centre, du jour au lendemain il serait plein." "Le temps d’attente est parfois très long, regrette Claire Fritsch. Et puis, on pense trop souvent que c’est à la femme de partir, ce qui n’est pas toujours possible ou souhaitable. Les départs rapides présentent un risque de retour au domicile élevé. Souvent les femmes battues partent plusieurs fois avant de quitter définitivement le foyer conjugal", explique-t-elle. Le phénomène d’emprise de l’homme violent sur sa conjointe est très souvent négligé par les travailleurs sociaux "mieux formés sur l’aspect juridique", à en croire Claire Fritsch. Les retours au domicile peuvent être vécus comme des échecs par ces femmes et les rendre réticentes à redemander de l’aide. Pour Françoise Bey, "la question de l’hébergement est aussi un problème d'argent : il faut y mettre les moyens. Il va falloir regarder tous les locaux vides de l’Eurométropole pour voir ce que l’on peut en faire, en concertation avec l’État", appelle l’élue.
Dans certains cas, encore rares, le parcours se termine par la condamnation des auteurs de violences. En 2017, en France, 16 829 hommes et 730 femmes ont été condamnés pour violence entre partenaires7. Dans les cas de viols, 3% font l’objet d’un procès et seulement 1% débouchent sur une condamnation8.
Lola Breton et Léa Giraudeau
1 L’Institut national d’études démographiques (Ined) a réalisé en 2015, une enquête quantitative (intitulée Virage) portant sur les violences subies par les femmes et par les hommes. Elle a pour objectif de saisir les multiples formes de la violence et de l’aborder dans une perspective de genre.
2 Anonyme et gratuit, ouvert 7 jours sur 7 de 9h à 22h du lundi au vendredi et de 9h à 18h les samedi, dimanche et jours fériés.
3 L’homme devait être jugé par le tribunal de Strasbourg le 17 mars 2020. L’audience a été reportée à une date ultérieure en raison de l’épidémie du Covid-19.
4 2e état des lieux du sexisme en France, rapport du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes, 2 mars 2020.
5 En 2018, l’étude “Paye ta plainte” réalisée par le collectif féministe Le Groupe F et le tumblr Paye Ta Police recueillait plus de 500 témoignages en dix jours, dont 91 % décrivaient une "mauvaise prise en charge". Surtout, dans 60 % des cas, les femmes disaient avoir "essuyé un refus ou avoir dû insister pour pouvoir porter plainte".
6 C’est le cas du centre Flora Tristan, géré par Sos Femmes Solidarité, et du centre d’hébergement et de réinsertion sociale géré par l’association Home Protestant.
7 La lettre de l’Observatoire national des violences faites aux femmes, n°13, Novembre 2018.
8 The Enliven Project.
Une liaison entre Entzheim et le Grand contournement ouest devrait sortir de terre en 2021, à hauteur de Duppigheim. Méconnu des villageois, ce projet suscite des craintes.