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Les mobilisations contribuent ainsi au développement de structures d’accompagnement. Indispensables pour permettre aux victimes de s’exprimer à chaque étape d’un parcours qui va de la prise en compte de la parole à la plainte. Ces dispositifs sont toutefois perfectibles.

Donner la parole et l’écouter

Au niveau national, le numéro vert 39 19 est destiné aux femmes victimes de violences (au travail, conjugales, sexuelles, mariages forcés, mutilations sexuelles), à leur entourage et aux professionnels concernés2. Mais, comme le rappelle Claire Fritsch d'Osez le Féminisme 67, "ce numéro sert uniquement à orienter les victimes. Il n’est en aucun cas un numéro d’urgence. Il permet d’expliquer les démarches judiciaires et dirige vers les services de police pour porter plainte". Les femmes trouvent plus facilement une oreille attentive dans des collectifs locaux, C’est le cas d’Entendre, croire, agir, né lorsque trois employées de la maison des associations de Strasbourg ont porté plainte contre le directeur pour harcèlement sexuel, en mars 20193. Mais l’objectif du collectif dont est membre Louise Battisti n’est pas d’accueillir les victimes : "Quand on reçoit des femmes, on les réoriente vers le Planning familial, Sos Femmes Solidarités ou Viaduq 67", des associations constituées, stables et dont les moyens financiers sont plus conséquents. Ainsi, le Centre d’information sur le droit des femmes et des familles (CIDFF), le Planning Familial 67, le Mouvement du Nid et Sos Femmes Solidarités reçoivent chacun 15 000 euros de subventions municipales par an, sur la base d’un contrat d’objectif renouvelé tous les trois ans. "Cela permet à ces quatre structures à dimension étatique d’avoir une visibilité sur leurs financements, tandis que la mairie peut suivre les actions qu’elles mènent", explique Françoise Bey, adjointe au maire de Strasbourg chargée des droits des femmes et de l'égalité de genres. 

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À l’énoncé de ce cocktail fictif, le gérant peut "mettre la femme en sécurité dans une pièce à part, si c’est possible, escorter la personne qui pose problème à l'extérieur de l'établissement ou menacer de le faire", détaille Lisa Weissenbach.

Toute l’année, jours et nuits, les soldats du feu viennent au secours des habitants. Si le nombre des interventions augmente, celui des effectifs baisse.

Lors de l’incendie qui a ravagé un immeuble du quartier Gare le 26 février dernier, les soldats du feu étaient les premiers sur le front. Cette nuit là, 48 pompiers sont intervenus pour éteindre le brasier et secourir les habitants bloqués dans leurs logements. Aujourd’hui, l’épidémie de coronavirus les place de nouveau en première ligne. Prise en charge des malades, transport inter-hospitalier en hélicoptère, appui aux centres de réception d’appels du SAMU: les pompiers sont fortement mobilisés.

 

 

 

C’est pour ces raisons que Fanny (le prénom a été modifié) a rejoint les Colleuses strasbourgeoises. La nuit, les militantes affichent sur les murs des messages : "Je te crois", "Enseigner le consentement c’est urgent". "Chaque Colleuse agit dans un but qui lui est propre et peut proposer des slogans", explique l’étudiante de 21 ans.

Ces mots font écho aux histoires personnelles des femmes. Pour Louise Battisti, membre de l’association Entendre, croire, agir – qui lutte contre le harcèlement au travail – exprimer publiquement un problème améliore la prise de conscience, première étape pour s’extirper des situations violentes : "Quand on subit du harcèlement sexuel au travail, c’est compliqué de s’en rendre compte. J'ai vécu des trucs que je n'aimais pas, quand j'avais 20 ans et que je travaillais comme assistante d’éducation dans un lycée, mais je ne savais pas que c'était du harcèlement", confie-t-elle. Avec la médiatisation, "les jeunes y sont plus exposés et plus sensibilisés. Ils tolèrent beaucoup moins le harcèlement dans l’espace public, par exemple", remarque Alice Debauche. C’est ce qui a motivé Lisa Weissenbach et trois de ses camarades de l’École de management (EM) Strasbourg à créer l’association Mad’emoiselle. "Quand une femme se trouve dans une situation de harcèlement dans un de nos bars partenaires, elle commande un 'mademoiselle' pour demander de l’aide", explique la présidente de l’association étudiante. À l’énoncé de ce cocktail fictif, le gérant peut "mettre la femme en sécurité dans une pièce à part, si c’est possible, escorter la personne qui pose problème à l'extérieur de l'établissement ou menacer de le faire", détaille Lisa Weissenbach.

"Un seul acte suffit"

Louise Battisti est l’une des fondatrices du collectif Entendre, croire, agir. Voici ses conseils en cas de harcèlement au travail : "Tout noter dans un cahier et garder les preuves (textos, photos, etc.) ; saisir les syndicats ; saisir l’inspection et la médecine du travail, qui peut délivrer un arrêt de travail pour montrer que l’on cherche à sortir de cette situation de harcèlement." Et d’ajouter : "L’employeur a obligation de mener une enquête, mais si c’est lui qui harcèle… Il faut essayer d’identifier d’autres victimes."

L’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT) peut également être contactée. Son site internet contient une boîte à outils pour engager des démarches. L’AVFT se porte régulièrement partie civile lors de procès.

Enfin, le sexisme au travail consiste parfois à imposer une tenue vestimentaire. Courant dans la restauration ou dans les métiers d’accueil, le port d’une tenue "courte" peut se révéler insupportable pour la salariée, alerte le syndicat CFDT sur son site internet

"Le harcèlement sexuel va de la blague lourde au viol sur le lieu de travail en passant par les commentaires sur le physique ou les vêtements et la main aux fesses. Il n’y a pas besoin de répétition pour le qualifier. Un seul acte suffit", rappelle en conclusion Louise Battisti.

Lola Breton et Léa Giraudeau

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