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Une sexualité plus autonome

Si les plaisirs en solo sont passés pour certains par le royaume du porno, la consommation de X ayant augmentée de 50% au début du confinement, d’autres se sont plutôt laissés surprendre par leur inconscient. À l’image de Charline*, 26 ans, éducatrice spécialisée à Strasbourg : “Depuis le confinement et encore maintenant, c’est la fiesta des rêves sexuels et c’est vraiment cool.” Contrairement à ce qu’elle imaginait, Charline ne vit pas mal l’absence de relations charnelles. “J’ai cru que le sexe ou même les contacts physiques me manqueraient terriblement mais en fait, pas du tout !” Réveillée en pleine nuit par l’excitation, les songes érotiques suffisent à la jeune femme pour se donner du plaisir seule.

Ne serions-nous jamais mieux servis que par nous-mêmes ? C’est aussi l’avis de Mathilde, graphiste à Strasbourg. À 22 ans, la jeune femme a décidé de “sauter le pas” et de s’acheter un sextoy pour profiter plus agréablement du confinement. “Je me souviens que ma première réaction après l’avoir utilisé a été d'envoyer un message à mes potes et leur dire ‘ça y est, plus besoin de personne !’”, sourit-elle. 

Booster sa confiance, lever les tabous, prendre son pied seule… Le temps du confinement encouragerait-il la libération de la sexualité féminine ? Selon la sexologue Maria Victoria Hernandez, “certaines ont pu se découvrir à travers leur propre libido plutôt que d’être dans la quête du partenaire qu’elles chercheront souvent à satisfaire sans connaître suffisamment leurs propres plaisirs”. 

Judith Bertolozzi, gérante de la librairie Feuilles de Route à Strasbourg, a pris des dispositions pour accueillir ses clients. Credits : Killian Moreau 

Rêves érotiques, masturbation, sextoys ou encore sexe virtuel : alors que le confinement a provoqué une baisse significative du nombre de rapports, certains, qu’ils soient seuls ou en couple, ont profité de cette période pour repenser leur intimité. 

Le sexe pendant le confinement ? “Ce n’était vraiment pas la folie. On l’a peut-être même moins fait qu’en temps normal”, admet Justine*, étudiante en médecine de 24 ans, qui s’est retrouvée confinée avec son petit ami dans un appartement de 50 m² à Strasbourg. Pendant cette période, la fête du sexe n’a pas eu lieu : l’activité charnelle des Français s’est nettement ramollie, qu’ils soient célibataires ou en couple. D’après un sondage de l’Ifop, 44% d’entre eux n’ont pas eu de rapports au cours du mois d’avril, contre 26% d’ordinaire.

Justine soupçonne les jeux vidéo d’avoir pris le dessus sur les parties de jambes en l’air. “Quand tu essayes de chauffer la situation et qu’il te dit non parce qu’il est en plein milieu de sa partie, t’as vraiment les nerfs”, s’exclame-t-elle. Mais pour répondre aux appels de sa libido, la jeune femme ne s’est pas laissée abattre : “Comme ça se bouge pas trop de l’autre côté, j’ai eu recours à la masturbation et j’ai peut-être eu plus d’orgasmes toute seule qu’avec lui.” 

Plutôt que d’avoir recours à son médecin, elle s’est procurée des hypnotiques sans ordonnance à la pharmacie. “J’ai doublé ma dose. Je n’ai pris que des produits à base de plantes, ça m’a vraiment rassurée.” Dans l’Eurométropole, de nombreuses pharmacies ont confirmé, sans pouvoir la mesurer précisément, une hausse de la demande de somnifères en vente libre et de compléments alimentaires. 

Julien Wimmer a opté pour une solution moins conventionnelle. L’étudiant strasbourgeois en alternance fume du CBD, la version légale et dépourvue de tout effet psychotrope du cannabis. “J’ai eu des troubles pendant deux semaines, le CBD m’a bien aidé. Quand je fume, c’est comme si toute la fatigue que j’avais accumulée me tombait d’un coup dessus. Je peux enfin dormir correctement, à poings fermés.”

L'isolement pèse dans la balance

28 mai 2020

L'isolement pèse dans la balance

Amincies, élargies, alourdies ou plus légères, nos silhouettes ne sont plus les mêmes. Stress, réconfort dans les aliments, télétravail et horaires déréglés ont modifié notre apparence.



Un dispositif encore plus compliqué à mettre en place pour ceux qui roulent entre amis, sans cadre. “Je pensais garder la distance préconisée mais après ma première sortie en groupe, je me rends compte que c’est déjà difficile de maintenir cinq mètres d'écart”, poursuit Sylvain, vététiste confirmé. 

Sur la route, pas facile non plus d’oublier les vieux réflexes. Le cyclisme étant un sport qui repose sur l’aspiration, rouler en peloton semble un comportement tout naturel, presque instinctif. “Depuis le déconfinement, nous avons croisé beaucoup de groupes de cyclistes, raconte Quentin Bothet, gendarme adjoint volontaire à Seltz. Ils étaient en file indienne, avec un mètre de distance, soit plus qu’à l’accoutumée, mais n’avaient pas dix mètres entre eux. D’ailleurs, quand ils nous voyaient, ceux en tête disaient aux autres de respecter les distances.” Les forces de l’ordre ont commencé par de la pédagogie. 

Pour ne pas céder à la tentation, la plupart des cyclotouristes ont suspendu, jusqu’à nouvel ordre, leurs virées. “Nous ne voyons pas quel plaisir nous pourrions retrouver”, avance Denis Vierling, président du comité départemental. À Haguenau, l’école de cyclisme (6-12 ans) a également baissé le rideau temporairement.

Sur la route, pas facile non plus d’oublier les vieux réflexes. Le cyclisme étant un sport qui repose sur l’aspiration, rouler en peloton semble un comportement tout naturel, presque instinctif. “Depuis le déconfinement, nous avons croisé beaucoup de groupes de cyclistes, raconte Quentin Bothet, gendarme adjoint volontaire à Seltz. Ils étaient en file indienne, avec un mètre de distance, soit plus qu’à l’accoutumée, mais n’avaient pas dix mètres entre eux. D’ailleurs, quand ils nous voyaient, ceux en tête disaient aux autres de respecter les distances.” Les forces de l’ordre ont commencé par de la pédagogie. 

Pour ne pas céder à la tentation, la plupart des cyclotouristes ont suspendu, jusqu’à nouvel ordre, leurs virées. “Nous ne voyons pas quel plaisir nous pourrions retrouver”, avance Denis Vierling, président du comité départemental. À Haguenau, l’école de cyclisme (6-12 ans) a également baissé rideau temporairement. Le président de l’Union cycliste Jacky Ruez s’explique : “Rouler à dix mètres l’un de l’autre, c’est une hérésie. Dix gamins qui roulent l’un derrière l’autre en respectant ces consignes, ça fait presque 100 mètres. Comment rassurer les parents dans ces conditions ?” Chaque dépassement de voiture deviendrait encore plus dangereux qu’à l’accoutumée. 

Des programmes d’entraînement individuel en attendant d’hypothétiques compétitions

Malgré tout, le cyclisme fait partie des sports les moins mal lotis. Si les terrains urbains de basket et les skateparks ont rouvert, footballeurs, handballeurs et autres gymnastes doivent ronger leur frein. “Nous sommes des chanceux car notre pratique ne dépend pas d’équipements sportifs à proprement dit. Elle est compatible avec l’état de la crise sanitaire”, concède Ludovic Lechner. La majorité des coureurs pratique la petite reine en solo et se félicite surtout de pouvoir pédaler à nouveau sur les routes bas-rhinoises. “En temps normal, nos coureurs roulent rarement ensemble puisqu’ils sont disséminés sur tout le département”, admet Jacky Ruez. 

Si les compétitions professionnelles françaises reprendront le 1er août et que le Tour de France aura lieu en septembre, l’avenir des courses d’amateurs demeure flou. Leur organisation prend plusieurs semaines, parfois des mois, et l’évolution de la situation sanitaire ne permet pas de se projeter. “Il faut des routes, avoir l’autorisation préfectorale, trouver des bénévoles et des motards… On ne peut pas décider de ça huit jours avant”, observe Daniel Krieger, président de l’Unité VC Schwenheim. 

Julien Nehr, membre du club de N2 (deuxième division amatrice française), préfère prendre la situation avec philosophie : “S’il y a une saison blanche, je serai encore plus motivé l’année prochaine. En attendant, je roulerai pour le plaisir, avec des sorties plus longues.” Pour ce puncheur, qui a mal vécu ses deux mois de home trainer, se mettre en danseuse sur les routes escarpées n’aura jamais paru aussi agréable.

Arthur Massot

Thibault Nadal

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