Les librairies indépendantes ont traversé un immense trou d’air financier. La concurrence d’Amazon a été exacerbée. Malgré le report de charges et l’aide bienvenue de l’État, certains professionnels s’inquiètent de leur devenir commun.
18 mars. Fermeture de rideaux pour toutes les librairies du Bas-Rhin. Face à l’évidence du risque sanitaire, le Syndicat de librairie française (SLF) appelle à la cessation sine die de toute activité. Les conséquences en termes de chiffre d’affaires sont terribles. Willy Hahn, libraire indépendant à Wissembourg, fait les comptes deux mois plus tard : “Au mois de mars, c’est un chiffre d'affaires en baisse de 85%, pour le mois d’avril - 98%.”
À contexte exceptionnel, mesures exceptionnelles. Tous les libraires interrogés saluent l’aide de l’État qui a versé 1500 euros en mars et en avril pour les petits commerçants qui ont perdu plus de 50% de leur chiffre d’affaire par rapport à 2019. “Ça a couvert le loyer et les charges”, explique Judith Bertolozzi, gérante de la petite librairie “Feuille de Route” à Strasbourg. Les professionnels du secteur ont aussi bénéficié d’un report de charges et des mesures de chômage partiel pour les employés.
L’avis de la spécialiste : “Le confinement a fait brutalement changer les rythmes de vie. Le mieux dans ce type de situation, c’est d’essayer de garder des heures fixes, en écoutant sa faim. Et si on a pris un peu de poids, ce n’est pas dramatique, ça va se réguler tout seul avec le retour à la vie habituelle.”
En redoublant d’ingéniosité, les libraires indépendants ont tenu à maintenir un lien essentiel avec la clientèle. Durant le confinement, l’impossibilité de se rendre dans ces commerces de proximité aurait accéléré la numérisation de leur profession.
“Au début, on livrait nos clients, mais on a eu tellement de demandes qu’on n’avait plus le temps de le faire", raconte Claude Barthel, responsable de Fleurs Barthel à Dorlisheim, qui ne chôme pas depuis le confinement. Car avec cette période particulière, l’intérêt de la population pour le jardinage s’est accru. “On a noté un surplus de 30% de ventes de plants de légumes”, poursuit-il. Un constat que partage Eric Bertha, responsable du magasin Botanic à Strasbourg : “Depuis Pâques, on voit une forte progression de notre chiffre d’affaires, entre 30 et 50%. Samedi 9 mai, on a établi un nouveau record en une journée ! On vit un truc de fou. Tout ce que l’on a perdu en mars, on l’a récupéré en un mois.”
Sur Youtube où il partage depuis 2016 ses conseils pour cultiver sans effort, Didier Helmstetter, alias “Le jardin du paresseux”, est passé de 20 000 à 29 000 abonnés en deux mois. “J’avais plus de temps, donc j’ai aussi publié plus de vidéos. Je ne peux pas dire que c’est uniquement dû au confinement”, nuance l’habitant de Rosheim. Ce moment de retour chez soi a également permis aux novices de se lancer. “Je dirais qu’un client sur trois était nouveau”, explique Eric Bertha.
Entre deux séances de classe à la maison, certains enfants ont découvert les plaisirs du jardinage. L’occasion pour eux de passer du temps en famille, et d’apprendre en s’amusant.
Un peu de terreau, des billes d’argile, des petits pots en verre, et le tour est joué. Dans son appartement à Strasbourg, Lila Descamps a profité du confinement pour rempoter des capucines et bouturer une plante araignée avec ses filles de 2 et 5 ans. Chaque étape de ces activités est détaillée sur son blog “Les idées du nid” qu’elle alimente régulièrement depuis 2016. “Je n’étais vraiment pas douée en jardinage, mais le fait d'être avec mes enfants me pousse à expérimenter et à apprendre petit à petit”, raconte-t-elle. Ses filles ont adoré mettre les mains dans la terre une fois par semaine. “Ma grande m’a même dit qu’elle voulait devenir fleuriste !”, ajoute Lila.
Pour le fils d’Adeline Koller aussi, le jardinage est un vrai moment de plaisir. Âgé de 12 ans, Noé a planté des tournesols géants dans son jardin à Bischoffsheim. “Ça lui a redonné le sourire pendant ces deux mois enfermé, indique sa maman. C’était la première fois qu’il jardinait tout seul, il m’a juste demandé si la disposition des fleurs était bonne, et c’était parti.” Aménager un petit coin de verdure est un bon moyen pour les enfants de développer leur créativité, d’apprendre l’autonomie et la patience.
Un plaisir pour toute la famille
C’est aussi pour eux l’occasion de découvrir la faune et la flore. Georges Machejek se souvient encore de sa dernière séance de jardinage avec son petit-fils : “Je tondais le gazon et il a trouvé un insecte rare. Il m’a demandé ‘papy, c’est quoi ça ?’ Je lui ai expliqué que c’était un lucane cerf-volant, un coléoptère. Il m’a répondu ‘il est bizarre ton cerf-volant !’”
Si les enfants aiment jardiner, les parents y trouvent également leur compte. Yasmine Oume, maman de trois garçons et une fille âgés de 5 à 14 ans, apprécie le temps passé avec eux en jardinant chez elle, près de Sarrebourg : “Ça me permet de partager ma passion avec mes enfants, surtout les deux derniers. On se construit des souvenirs ensemble et pour eux c’est du temps en moins devant les écrans.” Harmonie, qui habite à Hochfelden, y voit un tout autre avantage. Avec son fils de 4 ans et demi, elle a planté un gazon fleuri : “Ça donne constamment des fleurs, et Corentin adore m’en offrir. Ça me change des pissenlits trouvés dans la rue !”
Justine Maurel
Quentin Griebel
L’avis d'Amandine Brendlen, diététicienne-nutritrionniste à Strasbourg : “Si on veut manger sainement, le mieux, c’est d’éviter les plats préparés. L’idée, c’est de faire une transition progressive vers des aliments naturels, plus bruts, moins transformés. Je conseille de manger une soupe maison plutôt qu’une soupe en brique. Par contre, si on n’a pas beaucoup de temps pour cuisiner, on peut toujours manger des conserves ou des surgelés par exemple.”