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Garde-robe sans étiquette

Marie-Noëlle Reboul n’avait jamais vraiment préparé de sauce jusque là. Elle mangeait ses carottes cuites à l’eau, avec une pincée de sel. Depuis le début du confinement, elle s’est lancé un défi : jamais le même plat deux fois. Au menu, cake salé aux lentilles, fondue de poireaux aux Saint-Jacques, gratin de chou rouge, gelée de betteraves… “Certains ont été très réussis, d’autres beaucoup moins parce que trop secs, trop cuits, trop mijotés… Mais c’est pas grave.” Non seulement a-t-elle relevé le challenge, mais elle a surtout pris goût à la cuisine, son véritable grand exploit. Gestionnaire des achats dans l’automobile à Strasbourg, en chômage partiel depuis la mi-mars, Marie-Noëlle ne trouvait jamais le temps avec son métier pour cuisiner. La trentenaire pensait d’ailleurs que “passer des heures sur un plat alors qu’il y avait un risque de le rater, ça ne valait pas le coup”. “J’ai suivi des recettes sur un livre que mes parents m’avaient offert il y a longtemps et qui ne m’avait jamais vraiment servi. Je me suis aussi renseignée sur internet pour trouver des conseils. Mais au bout du compte j’en n'ai fait qu’à ma tête. J’ai fait les choses à ma sauce”, sourit-elle.

“J’ai fait un bandana pour moi et des vêtements de poupée pour ma petite sœur”, explique la Strasbourgeoise Carine Meunier, 20 ans, qui a repris la couture après une pause de dix ans. “Ça apporte une certaine fierté de se dire ‘j’ai fait ça moi-même’. Si j’ai assez de temps libre et de matériel, je vais continuer. D’ailleurs, j’ai déjà prévu d’aller acheter du tissu et je compte apprendre à me servir de la machine à coudre de ma mère”, se réjouit-elle.

"Je n'avais jamais appris"

Le retour massif vers la couture s’est d’abord amorcé avec le besoin urgent de masques. Quand l’épidémie de coronavirus a pris de l’ampleur dans le Bas-Rhin, des soignants se sont retrouvés à cours de protections. Ils ont alors fait appel aux couturières pour qu’elles leur fournissent des masques en tissu. 

“J’ai une machine à coudre, mais je n’avais jamais appris à m’en servir”, raconte Aline, de Sélestat, qui a réalisé plus de 150 masques. “Au début, je le faisais pour mes amis et ma famille. Mais après, j’ai été prise dans le flot des demandes”, indique cette comptable de 38 ans. À Strasbourg, Kahina, 45 ans, a également commencé par faire des masques avant de s’atteler à la confection de surblouses. “J’ai acheté une machine à coudre au début de l’année et j’ai pris deux cours en février”, raconte l’aide-soignante. En arrêt maladie pour une fracture au poignet depuis début mars, elle se rend compte qu’elle peut tout de même se servir de ses doigts pour coudre. Elle passe désormais presque dix heures par jour derrière sa machine. “C’est une bonne occupation, continue Kahina, et c’est super satisfaisant de faire quelque chose soi-même.”

 

Willy Hahn utilise aussi les lives Facebook pour faire le point et donner le programme de la semaine. 

Le temps de sex'plorer

28 mai 2020

Le temps de sex'plorer

Rêves érotiques, masturbation, sextoys ou encore sexe virtuel : alors que le confinement a provoqué une baisse significative du nombre de rapports, certains, qu’ils soient seuls ou en couple, ont profité de cette ...

Elle évoque avec amertume “les foules de gens qui se sont précipités dans les supermarchés pour faire des réserves” au début de la crise sanitaire. “J’ai réalisé à quel point on était dépendant. Je veux désormais vivre dans un endroit où je serai plus autonome”, explique-t-elle. Après s’être initiée à la permaculture, la plasticienne souhaite désormais s’établir dans un “éco-lieu”* et parle de rejoindre des habitats participatifs à proximité de Strasbourg.

Deux ruralités qui s’opposent

Toutes les campagnes ne se valent pas aux yeux des néoruraux. Dans le Bas-Rhin, c’est traditionnellement dans la plaine d’Alsace que s’installent les déçus de la ville, notamment dans le Piémont des Vosges, entre Strasbourg et Sélestat.

Jacques Cornec, représentant bas-rhinois de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) cite Bourgheim, le village dont il est maire, en exemple. Cette commune, près d’Obernai, compte aujourd’hui 700 âmes, contre seulement 400 dans les années 1980. Pour lui l'explication est simple : “Ici les gens peuvent venir se réfugier à la campagne mais les transports en commun sont toujours accessibles.”

En revanche, les campagnes alsaciennes les plus isolées n’attirent pas, à en croire Jean-Yves Pineau, directeur du collectif des Localos qui accompagne depuis le début des années 2000 des projets en milieu rural dans toute la France. “Ces campagnes sont marquées par une recrudescence de la xénophobie et du repli sur soi”, expose-t-il, décrivant des territoires peu dynamiques “qui subissent une reconversion industrielle et agricole”.

Jacques Cornec observe lui aussi une certaine rudesse chez “les gens du cru” qui “se méfient du reste de l’Hexagone”, d’où le désintérêt des néoruraux pour ces régions.

Amincies, élargies, alourdies ou plus légères, nos silhouettes ne sont plus les mêmes. Stress, réconfort dans les aliments, télétravail et horaires déréglés ont modifié notre apparence.

 

Des habitudes alimentaires bouleversées

“Avant le confinement, je n’arrivais pas à me dire ‘pas de sucre à la fin du repas’. C'était comme une drogue. Maintenant, j’écoute mon estomac. Quand je n’ai pas faim, je n’ai pas faim”, réalise Jean-François Grasser. Ce fonctionnaire est passé de 83 à 76 kilos et “flotte dans ses pantalons”. Il voulait qu’il y en ait toujours assez pour cinq personnes pendant 15 jours. “J’ai privilégié mes enfants. Je me suis rationné.” Exit fromage, pain et dessert automatiques : “J’ai perdu ce réflexe ”, constate le Brumathois, qui se sent mieux dans son corps et compte le garder tel quel.

Valérie Hendrich fait partie de ceux qui veulent se détacher de ce système. Cette artiste plasticienne se définit comme une “vraie citadine”. Après avoir partagé sa vie entre Strasbourg, Metz et même Rome, elle a passé son confinement à Éguelshardt, une commune proche de la frontière mosellane, dans les Vosges du Nord. C’est là qu’elle a remis en question “tout le côté consumériste de la société”.

 




 

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