Sentir le parfum des roses au détour d’une allée, admirer les glycines en fleurs, se régaler avec le basilic qui pousse sur le balcon… Autant de petits plaisirs qu’offre le jardinage. Et pendant le confinement, les Bas-Rhinois ont eu davantage le temps d’en profiter. “Les gens ont redécouvert leur jardin d’un autre œil”, explique Isabelle Boucq, présidente de la Fédération française jardins, nature et santé, et passionnée d’hortithérapie. “La rencontre avec la nature s’est en quelque sorte intensifiée. Pour beaucoup, le jardinage n’était plus une tâche, mais un plaisir.”
Régime : un pari toujours difficile
“Avec les fast-foods fermés, je me suis dit que c’était l’occasion de faire une diète”, retrace Célia Issenhuth, 23 ans. “J’ai entièrement changé mon alimentation et j’ai fait un jeûne intermittent.” Confinée en famille à Nordhouse, la jeune femme a perdu six kilos et a “constaté du changement au niveau des cuisses et du ventre”. Depuis la fin du confinement, Célia Issenhuth a repris trois kilos. “J’étais fière de la transformation de mon corps, mais la gourmandise est plus forte”, s’amuse-t-elle.
Selon un sondage Ifop, seuls 18% des Français interrogés envisagent de suivre un régime maintenant qu’ils sont de nouveau libres de leurs mouvements. Une preuve, peut-être, que le monde d’après pourrait être celui de l’acceptation de soi.
Le ventre, ce deuxième cerveau
À cause du stress, le Sélestadien Rémi Charles a pris sept kilos : “J’ai mal vécu ce moment, je me suis senti très seul. Je mangeais pour passer le temps.” D’autres ont vécu l’exact opposé. Ce chef d'entreprise de 38 ans basé à Sélestat raconte qu’il “n’avait jamais faim”. “Le fait de m’alimenter était passé au second plan”, regrette celui qui dit désormais essayer de vouloir reprendre de bonnes habitudes et faire à nouveau trois repas par jour.
Quand les rythmes se dérèglent
“Avec le confinement, je me suis pas mal déréglé”, raconte Florent Geslin, 42 ans : “Je déjeunais vers 14h et je dînais vers 21h30.” Une modification du rythme des repas qu’a également connue Justine Reibel. “J’ai eu tendance à vivre la nuit et à peu dormir certains jours”, confie l’élève scolarisée en terminale à Brumath, qui se sent “plus fragile”. Ces changements dans leur horloge biologique ont pourtant eu des effets opposés : là où Justine a perdu trois kilos, Florent reconnaît en avoir pris six. “Comme j’étais moins fatigué de mes journées, je me couchais tard”, explique-t-il. “Il m’arrivait de grignoter vers 23h30-minuit, juste avant de dormir.”
Pendant que Jean-François Grasser disait adieu à ses mauvaises habitudes, Rémi Charles et Florent Geslin en adoptaient d’autres. Le confinement a conduit le premier à “manger un paquet de biscuits par soir. Dès que j’ouvrais le paquet, je me l’enfilais en dix minutes”, avoue ce Sélestadien de 42 ans. Le second s’est mis à grignoter à cause du télétravail : “Quand tu bosses chez toi, tu as tout à portée de main. Entre deux réunions, tu prends un café et souvent un petit gâteau avec.” Contraint par la fermeture des marchés, il a dû remplacer les produits frais qu'il avait l'habitude de cuisiner par des produits transformés.
Tout l’inverse de Sylvie Gruber, quinquagénaire de Schiltigheim, qui a fait du confinement un allié. Bien qu’elle se présente comme une fervente adepte de la nourriture bio, il lui arrivait auparavant de “manger des plats préparés”, par manque de temps. “Pendant le confinement, j’ai commencé à m'organiser en achetant des paniers de légumes”, sourit-elle. “Maintenant, je préfère manger une salade de carottes plutôt qu’un plat tout fait. Avec le confinement, j’ai même eu le temps de manger des pommes !” Sylvie Gruber a perdu cinq kilos. Rien de volontaire mais “un sentiment d’être comme quand j’étais adolescente”, plaisante-t-elle.
Isolés chez eux pendant deux mois, les sportifs bas-rhinois ont dû adapter leurs activités physiques. Le sport à domicile a pu être un complément d’entraînement intéressant pour beaucoup. Mais loin d’être suffisant.
Quentin tend son arc et vise sa cible, placée à dix mètres de distance. Aucune brise de vent pour le perturber. Il se trouve dans le couloir de son appartement, à Strasbourg, où il reprend son hobby universitaire : le tir à l’arc. Mises au placard pendant plus de deux ans, les flèches de Quentin ont retrouvé une seconde vie à la faveur du confinement : “Je continue à faire quotidiennement une centaine de flèches. Ça travaille un peu le corps et ça permet de se vider la tête.” Comme lui, de nombreux sportifs ont dû s’adapter pendant les 55 jours de confinement et bouleverser leurs habitudes.
Redoubler d'ingéniosité
Privé de la salle de sport qu’il fréquente trois fois par semaine, Gislain Guidoni, stagiaire à la SNCF à Strasbourg, a innové pour continuer de pratiquer la musculation. Confiné au domicile familial à Wissembourg, il a utilisé des sacs de livres et des caisses de vin en guise de poids de 15 kilos pour les épaules et les dorsaux, sous le regard étonné de son père. “Même pas besoin de gants, j’avais assez de prise comme la caisse était en plastique !”
Le BMX bosse pour sa reprise
Les pratiquants de BMX ont aussi retrouvé les pistes à la mi-mai, comme celle en terre de Mothern, où le gendarme Quentin Bothet n’a "vu personne durant le confinement". Une reprise qui nécessite des consignes sanitaires spécifiques. Chaque pratiquant doit apporter son propre matériel, le nettoyer avant et après l’activité et se doucher désormais chez lui. Le département compte aussi trois espaces de vélo freestyle et 27 skateparks.
Depuis le 11 mai, le cyclisme fait partie des sports autorisés à la reprise par le gouvernement. Mais la mise en place de consignes sanitaires strictes rend sa pratique compliquée et oblige les coureurs à s’adapter.
Drôle d’ambiance lors du retour en forêt pour les vététistes bas-rhinois. En plus de gérer leur souffle, leurs vitesses et leur trajectoire, les vététistes doivent aussi garder dix mètres de distance entre eux. Dépassements interdits, sauf dans de rares zones très dégagées. De quoi provoquer des frustrations. “Si je fais du sport, c'est pour retrouver les potes et se raconter nos histoires”, rappelle Seb. “Si on doit garder dix mètres de distance, ça devient vite compliqué.” Après l’annonce du Premier ministre, Édouard Philippe, le 28 avril devant l’Assemblée nationale, la Fédération française de cyclisme a édité une notice pour préciser les contours de la reprise.